Brad Stevens, la parole est au Président

C'est le moment de montrer qu'il est déjà digne des plus grands noms de la profession.

Brad Stevens, la parole est au Président
Les Boston Celtics n'ont jamais été aussi bons cette saison que dans l'adversité. Cela vaut aussi pour Brad Stevens. Pour la première fois depuis que sa cote de popularité et d'estime a atteint des sommets, le coach des C's est dans une (petite) passe difficile et attendu au tournant. Tout avait pourtant démarré en fanfare pour le "Président", comme le surnomment les fans enamourés de sa science et de son flegme. Deux victoires incontestables à domicile contre des Cavs dépassés, une rotation impeccable et un fighting spirit intact. Tout allait pour le mieux. On pouvait louer le génie de l'ancien coach de Butler, McGyver de la NBA capable d'emmener une équipe décimée jusqu'en finale de Conférence. Deux défaites sèches dans l'Ohio plus tard, voilà que l'on commence à s'interroger sur ce que va et surtout ce que doit faire Stevens. Beaucoup le pensaient voir redistribuer un peu les cartes après la défaite dans le game 3. Les ajustements de Tyronn Lue ont été payants et nécessitent une réponse. Les Cavs ciblent très clairement Terry Rozier, de la même manière qu'ils insistaient sur Isaiah Thomas la saison passée, en switchant jusqu'à plus soif pour pousser le protégé de Danny Ainge à un match-up perdu d'avance. N'importe quel observateur aura remarqué que le pauvre Rozier souffre le martyr depuis deux matches lorsque l'un des membres du trio LeBron James-Kevin Love-Tristan Thompson le met au défi dans la raquette.

"Je n'ai pas le sentiment que c'est tout ça qui nous a fait perdre les deux derniers matches. On en revient à l'efficacité offensive et à la défense en transition. LeBron va de toute façon marquer quel que soit celui qui va défendre sur lui. Il faut juste lui rendre cette tâche aussi difficile que possible. Les deux fois où il a réussi à s'isoler face à Terry, il a sorti un shoot à mi-distance en se retournant. Terry a contesté mais c'est rentré. C'était un sacré shoot ! On applaudit et on repart de l'autre côté, c'est tout. Sur l'autre action, Terry a pris une faute en voulant lui rendre la tâche encore plus compliquée. C'est le jeu. [...] Je me répète, ces switches ne sont pas aussi impactants sur le résultat que nos lacunes offensives et notre repli défensif", a expliqué Brad Stevens dans le Boston Globe.

Que faire ? Mieux planquer "Scary Terry" ? Le faire sortir du banc et perdre son énorme apport offensif ? Et comment retrouver l'efficacité en attaque égarée dans l'avion entre Boston et Cleveland ? Alimenter davantage Al Horford, dominant dans la raquette lors des premières rencontres, peut être une première piste. Inciter ses joueurs à mieux communiquer pour éviter les pertes de balle fâcheuses et les passes mal assurées ? Cela tient presque de la psychologie à appliquer en interne. Jusque-là, Brad Stevens a choisi l'attentisme et c'est forcément un peu décevant.

Un peu plus du "Death Line Up" défensif ?

On pensait assister à un tour de force du coach de Boston pour casser cette vilaine dynamique. C'est bien là sa spécialité depuis qu'il a quitté la NCAA pour la grande ligue. Identifier les faiblesses de son équipe et les transformer en forces pour prendre les adversaires de court. Le quadra a bien songé à changer son cinq en remplaçant Marcus Morris par Aron Baynes, mais a renoncé avant le game 4. Idem pour l'inclusion de Marcus Smart dans le line-up de départ et l'utilisation de ce qui peut s'apparenter à un "Cinq de la Mort" : Smart-Brown-Tatum-Morris-Horford, capable de switcher en défense du poste 1 au poste 5 sans trembler. Si on n'avait pas déjà vu l'animal en action au cours des dernières saisons, on jurerait que Brad Stevens est à court de solutions et qu'il attend simplement le retour dans le Massachusetts. Les Celtics y sont invaincus depuis le début des playoffs (9-0) et y affichent une agressivité et une intensité défensives inégalables. A voir si cela suffira la nuit prochaine, pour le match le plus important de la saison des Celtics. Si les Cavs l'emportent et enchaînent par un succès pour vivre leurs 4e Finales NBA de suite, on pourra toujours se dire que Brad Stevens était lui aussi en phase d'apprentissage. Lui-même le répète à chaque compliment à son égard. Il n'a aucune légitimité pour être comparé aux plus grands de la profession. Une telle aura se mérite. Il est capable d'aller la décrocher et on a justement hâte de voir ce qu'il va proposer pour y parvenir.