Chris Paul, des finales pour renforcer la legacy d’un top-5 meneur All-time

Chris Paul est l'un des meilleurs meneurs de l'Histoire. Depuis longtemps. Mais avec ces finales, il va pouvoir donner une autre dimension à sa legacy.

Chris Paul, des finales pour renforcer la legacy d’un top-5 meneur All-time
Seize ans. Chris Paul aura attendu seize ans avant d’enfin pouvoir découvrir ses premières finales NBA. Une durée tout aussi interminable pour ses plus fidèles partisans, qui peuvent enfin débattre de sa place dans l’Histoire sans entendre constamment le même contre-argument en retour. Cela fait déjà des années que le « Point God » est l’un des meilleurs joueurs de l’Histoire à son poste. Mais c’est comme si l’absence d’un accomplissement collectif majeur l’empêchait, pour certains, de vraiment se hisser dans le gratin de son sport. L’injustice est bientôt réparée. Parce que ces playoffs 2021, ce sont d’abord ceux de CP3. La dernière superstar encore debout – quelle ironie – quand de nombreuses autres se sont blessés au pire moment. Il a pris les Phoenix Suns et il les a transformés pour en faire une machine à gagner, portant ainsi vers les sommets une franchise qui n’avait plus atteint ce stade de la compétition depuis 1993. Après 11 saisons sans playoffs. Au cours du périple, Paul nous a gratiné quelques masterpieces. Dont un Game 6 fantastique contre les Los Angeles Clippers, son ancienne équipe, où il a claqué 41 points. Avec ses 18 points de moyenne, 47% aux tirs, 40% à trois-points, 90% aux lancers et 8,7 passes pour moins de 2 ballons perdus, le vétéran s’affirme plus que jamais comme l’un des MVP de cette post-saison. Sauf qu’au final, ce n’est rien de nouveau. Tout ce qu’il fait là, il le faisait déjà auparavant. Ce sont simplement les victoires de sa formation qui ont ouvert les yeux sur tout ce qu’il peut apporter sur un parquet. Un général des terrains qui maximise chaque possession en se mettant perpétuellement au sein du collectif. Comme l’écrit Zach Lowe, cette maximisation va dans le sens du groupe et pas dans l’intérêt de toucher plus de ballons ou de marquer plus de points. Les 5 plus grandes performances de Chris Paul en playoffs Chris Paul est, sur beaucoup d’aspects, le joueur qui se rapproche le plus de Michael Jordan. La comparaison peut en faire sauter quelques uns qui n’y verront let basket qu’à travers l’aspect physique. C’est mentalement que la star originaire de Caroline du Nord, où MJ a fait ses gammes, s’inscrit dans le même moule que Sa Majesté. C’est un compétiteur féroce. Acharné. Maladif. Une obsession qui peut lui jouer des tours. Notamment en se tournant à dos des coéquipiers moins exigeants. Mais c’est aussi cet état d’esprit perfectionniste qui lui a permis de s’imposer comme un très grand joueur de son époque. Si la discussion porte purement sur le niveau de jeu, il est parmi les étoiles depuis bien longtemps. Pourquoi aurait-il vraiment besoin de ces finales ou d’une éventuelle bague pour être considéré comme l’un des plus doués ? Ce qu’il fait, peu l’ont fait avant, quel que soit leur palmarès.

La fausse image du loser

Résumer Paul aux campagnes de playoffs de ses différentes franchises est trompeuses. Il a commencé au sein d’une équipe des New Orleans Hornets pas assez talentueuse pour vraiment aller au bout. Et pourtant, il a mené ce groupe pas si loin des finales NBA avec même une série en sept manches perdues contre les San Antonio Spurs au second tour en 2008. Il lui arrivait de se blesser pile au moment des playoffs. Lui ou ses coéquipiers. Il s’est planté en 2014, en perdant deux ballons lors des 30 dernières secondes d’un Game 5 décisif contre le Oklahoma City Thunder. Ça et le craquage des Clippers la saison suivante, alors qu’ils menaient 3-1 contre les Houston Rockets, ont faussé la perception du public sur Chris Paul. Il traînait une image de joueur incapable de passer le cap alors qu’il était pourtant l’un des hommes les plus clutch de la ligue ! Et il l’a toujours été ! Qui se souvient de son game winner par-dessus Tim Duncan pour boucler la série contre les Spurs lors d’un Game 7 épique en 2015 ? Un panier incroyablement difficile qui s’est effacé des mémoires à cause du « choke » des Angelenos au tour suivant. Mais contre Houston, Paul, qui jouait sur une jambe en raison d’une nouvelle blessure, avait été excellent (24 points, 10 passes). Ce sont les autres qui n’ont pas suivi. Gagner un titre NBA est un parcours du combattant. Cela demande d’être dans la bonne situation. Avant de rejoindre James Harden et les Rockets lors de la saison 2017-2018, il n’avait jamais partagé la balle avec un créateur aussi fort que lui. Et sans une nouvelle blessure, il aurait peut-être déjà célébré un titre de champion. Les Texans menaient 3-2 contre les Golden State Warriors, en très grande partie grâce aux cartons de CP3. Mais son ischio, encore, toujours, l’a privé des deux derniers matches de la série.

Chris Paul parmi les plus grands meneurs

Comment l’en juger pleinement responsable ? Comment le placer en-dessous de Jason Kidd, John Stockton, Stephen Curry ou d’autres par le simple fait que lui n’a pas pu jouer à l’Est – les deux finales des Nets dans une Conférence éclatée ça aide – ni même avec Dirk Nowitzki, Kevin Durant ou Karl Malone ? Chris Paul, c’est (beaucoup) plus de points, plus de rebonds, moins de balles perdues et une meilleure adresse que Stockton en playoffs. Avec juste 2 offrandes de moins. Toutes ses statistiques ou presque sont meilleures que celles de Kidd, même à la passe. Au final, ses moyennes pourraient lui permettre de rivaliser avec n’importe qui : 20 pions, 8 caviars. 47% aux tirs, 36% à trois-points. Des tas de paniers décisifs. Une production très similaire à celle d'Isiah Thomas finalement (20-4-8).
« Son ticket est composé quoi qu’il arrive », assure Devin Booker au sujet de la place de son coéquipier parmi les grands de l’Histoire. « Tout ce qui arrive maintenant, c’est de l’extra. Il est l’un des meilleurs meneurs de tous les temps. C’est un fait. Tout le monde le sait. »
Pas ceux qui ne jurent que par les bagues et les performances collectives pour classer les individus. Parmi les meilleurs, oui, il l’est. Parmi les plus grands aussi. Mais pour vraiment s’y inviter, dans cette discussion dont la nuance n’est pas toujours comprise, il fallait disputer une finale. Et si possible la gagner. Et là, il n’y aura donc presque plus rien à dire. Parce qu’avec sa longévité, Paul est un homme rare dans ce milieu. Il est, avec Magic Johnson, Kidd, Stockton et Curry, l’un des six meneurs les plus mythiques de tous les temps. Sans aucun doute possible. Chris Paul, quelle place dans l’histoire de la NBA ?