Comment les Cavaliers ont enfin battu les Warriors

Les Cavaliers ont mis fin à la série d'invincibilité des Warriors cette nuit. Analyse d'une victoire marquante des champions en titre.

Comment les Cavaliers ont enfin battu les Warriors
La perfection n’existe pas mais les Golden State Warriors n’en sont pas passés loin. Après avoir gagné leurs quinze premiers matches des playoffs, ils sont finalement tombés cette nuit. La perfection n’existe pas mais les Cleveland Cavaliers l’ont effleuré avec le touché sensuel de Kyrie Irving pour réussir l’exploit à la Quicken Loans Arena. Nous pensions qu’il était impossible pour les champions en titre de pratiquer un meilleur basket après leur Game 3 perdu sur le fil. Nous avions tort. Ils ont livré une prestation d’anthologie, nécessaire pour se maintenir en vie et éviter l’humiliation d’un sweep. Et nous y revoilà : les Warriors mènent les Cavaliers 3-1 avant un Game 5 décisif à l’Oracle Arena d’Oakland. Alors, comment Cleveland a réussi à sauver sa saison ?

Jouer vite, plus vite, encore et toujours

Tyronn Lue n’a pas ralenti le tempo, stratégie réclamée par une grande partie du public depuis le début des finales. C’est pour ça qu’il est le coach et que nous sommes spectateurs. Plutôt que d’essayer d’hacher le jeu avec un effectif de toute façon démuni en bons défenseurs, le tacticien a demandé à ses hommes de jouer encore plus vite. Ils ont été agressifs d’entrée, en prenant notamment de nombreux tirs en première intention après avoir à peine franchi le milieu du terrain. L’exécution était bien meilleure. Car justement plus rapide. En réfléchissant moins, en calculant moins, les Cavs ont réduit les balles perdues (quatre seulement en première mi-temps, onze au total). L’attaque a même été la plus efficace des défenses pour LeBron James et ses coéquipiers. En limitant les déchets, ils ont surtout empêché leurs adversaires de se mettre dans le rythme. Golden State est une équipe qui démoralise continuellement ses opposants en enchaînant les stops et les paniers en transition. Les Warriors ont d’ailleurs terminé avec seulement neuf points inscrits en contre-attaque. Mais cette tactique ne peut s’avérer payante que si les tirs… rentrent. C’est tout bête et c’est logique. Si les Cleveland Cavaliers n’avaient pas été aussi adroits, ils n’auraient pas été en mesure de créer l’écart aussi rapidement (+16 après sept minutes) et la rencontre prenait alors une tournure complètement différente. Ils ont été plus qu’efficaces. 53% aux tirs et 24 tirs primés – record pour un match des finales NBA – à 53%. Une insolence digne… des Warriors, justement.

Un Big Three dominateur... celui des Cleveland Cavaliers

Tout a commencé avec Kyrie Irving. « Uncle Drew » était aussi bouillant que lors d’une publicité pour Pepsi et ses premiers têtes-à-têtes avec Klay Thompson ont montré la voie. Il a fait la différence en marquant deux premiers tirs pourtant compliqués avant d’être aussitôt imité par J.R. Smith et LeBron James. Les Warriors ont réagi en essayant de resserrer la visse, offrant ainsi plus de tirs ouverts à Kevin Love. L’intérieur les a immédiatement fait payer. Dans l’ensemble, les trois All-stars des Cavaliers ont beaucoup pesé. 94 points à eux trois, contre 62 pour Kevin Durant (35 mais à 9/22), Stephen Curry (14) et Thompson (13). En jouant de la sorte, les cadres de l’Ohio ont libéré des espaces pour leurs coéquipiers. Ces derniers étaient plus impliqués. Ils étaient surtout bien plus inspirés offensivement. Même Deron Williams a marqué cinq points ! Et même quand les Cavaliers se manquaient, ils ont bénéficié de quelques rebonds offensifs importants. Notamment en première période. Tristan Thompson était bien plus actif, bien plus mobile. Conscients que ses partenaires allaient shooter en première intention, il fonçait comme un marteau vers le cercle en début de possession, prenant les Warriors de court. Quatre de ses dix rebonds ont d’ailleurs été capté en zone offensive. Une belle manière de le relancer dans une série alors qu’il était tout simplement inexistant depuis le début des finales.

Peuvent-ils seulement jouer aussi bien encore trois fois de suite ?

Les progrès ne se sont pas matérialisés qu’en attaque. Les Cleveland Cavaliers n’ont pas forcément très bien défendu mais ils ont imposé un défi physique encore plus intense. Ils peuvent aussi remercier les arbitres qui, en plus de leur accorder une vingtaine de lancers-francs dans le premier quart temps, ont laissé passer des gestes vraiment limites. Mais ça, ce n’est pas aux joueurs qu’il faut le reprocher. Ils ne sont pas responsables des décisions parfois grotesques des hommes au sifflet. En revanche, saluer leur état d’esprit bien plus conquérant semble juste. Ils n’ont pas baissé la tête. Ils ne se sont pas avoués vaincus. Beaucoup d’équipes se seraient laissé abattre. Pas eux. Ils ont réagi pour se donner le droit de rêver encore un peu. Toujours aussi prompte à aller dans le sens du vent, une partie de la planète basket s’est déjà mise à envisager un comeback encore plus historique que celui de l’an dernier. Un 4-3 héroïque après avoir été mené 3-0. Le fantasme aurait eu plus de sens si les Cavaliers avaient vraiment trouvé une formule miracle pour battre les Warriors. Cette nuit, ce n’était pas forcément le cas. Ils ont certes joué un peu plus vite, défendu un peu plus dur. Mais leur succès s’explique aussi par une adresse impressionnante. Frôler la perfection… le faire une fois ne suffit pas. Ils vont devoir rééditer la performance encore et encore – trois fois de plus – pour vraiment passer par-dessus l’équipe qui se rapproche le plus de l’excellence absolue.