N’en déplaise à ses détracteurs les plus féroces, Karl Anthony Malone est possiblement le meilleur ailier fort de toute l’histoire de la NBA – Nowitzki, McHale, Barkley et Garnett inclus.
Troisième plus gros marqueur de la ligue en carrière, sur 19 saisons passées sur les parquets, il affiche 25 points de moyenne (51,6% de réussite aux tirs), 10,1 rebonds et 3,6 passes décisives.
Plus impressionnant encore, celui que l’on surnommait The Mailman/Le Facteur pour sa régularité sans pareil, a enchaîné 17 saisons d’affilée à plus de 20 points par match.
Monstre statistique (record de matchs démarrés, records de lancers francs réussis...), Karl Malone cumule également 2 titres de MVP de la saison régulière, 11 sélections en All-NBA First Team et 14 apparitions au All-Star game.
Membre du cinq majeur de la Dream Team de 1992, s’il doit essentiellement à Michael Jordan d’avoir été privé de bagues (deux finales perdues contre les Bulls en 1997 et 1998), le duo qu’il a formé avec John Stockton 18 ans durant au sein des Utah Jazz n’a pas manqué une seule édition des playoffs !
Avec un tel palmarès, et le statut de légende qui va avec, il est donc légitime de se demander pourquoi, 20 ans après son ultime match, à la seconde où il refait l’actualité, médias et réseaux lui tirent dessus à boulets rouges.
Rien que l’année dernière, c’est Rolling Stone qui le traitait de « creep » lorsqu’il est invité pour juger le concours de dunks du All-Star Weekend ; c’est la presse locale qui s’insurgeait du fait que son ancienne université Louisiana Tech lui ait érigé une statue ; c’est même le Salt Lake Tribune, le plus gros quotidien de l’Utah, qui demandait solennellement aux Jazz d’arrêter de lui donner de la lumière.
[Ça, et puis le fait qu’il arrive immanquablement en tête des classements internet des pires « trouducs » du sport professionnel.]
Loin de tomber du ciel, cette réputation exécrable s’explique par le fait que, peut-être plus encore qu’avec n’importe quelle autre personnalité publique, il existe deux Karl Malone : Karl Malone le joueur, et Karl Malone l’homme.
Et à examiner en détails la biographie du second, force est de constater que la vie n’est pas toujours injuste.
Pourquoi tant de haine ?
Bon, avant toute chose, le truc c’est que Karl Malone est du genre à filer de l’urticaire à tous ceux qui mangent vegan et affichent des pronoms dans leurs bios Instagram.
Conducteur de gros cubes, amateur de tenues de cowboy et infatigable apôtre du port d’arme, le numéro 32 vit sa vie comme la caricature que se fait l’Américain des villes de l’Américain des champs.
Pas gêné pour un sou par cette étiquette, il prend d’ailleurs pour un compliment de se faire traiter de « White trash ».
À chacun sa vision des choses serait-on tenté d’objecter, à ceci près que Malone pousse le bouchon aussi loin qu’il le peut, lui qui n’aime rien tant que de passer son temps libre dans les grands espaces de l’Alaska... pour traquer avec ses chiens des ours bruns !
Oui, vous avez bien lu : Karl Malone tue des ours.
Fier de ses exploits, en 2014, il posait même fièrement à côté de l’une de ses victimes.
Si les amis de la chasse arguent qu’il n’y là rien d’illégal (la pratique est autorisée dans 27 états...), ce qui ne l’est pas en revanche, c’est de braconner des wapitis. En 2006, non content de s’être fait choper la main dans le sac après avoir abattu ce cousin du cerf, à en croire le compte rendu du procès qui a suivi, il aurait offert 25 000 dollars à son camarade de chasse pour être condamné à sa place.
Brutal et pas des plus réglo en dehors des terrains, sans grande surprise, Karl Malone se comporte de la même manière sur les terrains.
Le roi du « dirty play »
Unanimement loué pour avoir érigé avec son comparse John Stockton l’art du pick-and-roll au rang d’institution, les deux larrons n’en étaient pas moins détestés par leurs congénères pour leur mesquinerie.
Quand Stockton laissait sempiternellement trainer tibias et genoux en défense ou tapait discrètement ses adversaires dans les côtes quand l’arbitre regardait ailleurs, Malone ne faisait lui pas dans la dentelle : son physique de gladiateur aidant, il punissait physiquement quiconque osait le défier, à commencer par les plus petits gabarits.
C’est ainsi qu’en 2003, Steve Nash (15 centimètres de moins, 37 kilos plus léger) s’est pris un coup de coude en pleine mâchoire qui lui a valu « 80 rendez-vous chez le dentiste ». Idem pour Isiah Thomas qui, en 1991, a écopé de 42 points de suture sur le visage (!) après un tampon.
Pourtant pas réputé pour être un tendre, en 2014, le Bad Boy continuait de ruminer cette agression dans les colonnes du Detroit News.
« Je pense que c’est le pire geste que j’ai jamais vu. Je ne crois pas avoir vu un geste aussi vicieux et intentionnel envers un joueur. Je ne comprends toujours pas. C’était horrible. C’est le pire geste d’enfoiré de l’histoire du jeu pour moi. »
De son côté, Malone n’a jamais esquissé le moindre début de mea culpa. Une habitude.
Autre joueur susceptible d’avoir gardé la dent dure contre lui : Magic Johnson.
Lorsqu’en 1992, un an après avoir annoncé au monde qu’il avait contracté le Sida et mis fin à sa carrière, l’icône Lakers fait part de son souhait de reprendre du service, Karl Malone s’insurge.
Qu’importe si Magic et lui ont remporté ensemble l’or olympique à Barcelone quelques semaines plus tôt.
« Je ne suis pas un fan ou une pom-pom girl. C’est peut-être une bonne nouvelle pour le basket mais il faut voir plus loin que ça. Il y a dans cette ligue de nombreux jeunes hommes qui ont une longue vie devant eux. Tout le monde a adoré la Dream Team, mais il est temps de revenir à la réalité. »
Difficile de faire plus déplacé, pour ne pas dire plus.
Bon après, avec Karl Malone l’esprit d’équipe attient vite ses limites.
Los Angeles toujours, quand en 2003/2004 il est transféré aux Lakers, la rumeur (plutôt très avérée) veut qu’il ait essayé de se taper Vanessa Bryant, la femme de Kobe Bryant.
Quand cette dernière, 22 ans, l’a un jour vu déambuler sapé en redneck dans les allées du Staples Center, elle lui aurait lancé « Hey cowboy, tu chasses quoi ? ». Malone, 41 ans, lui aurait rétorqué « Les petites Mexicaines comme toi ».
Difficile de faire plus déplacé, pour ne pas dire plus (bis).
Cette tentative de flirt vaudra à Malone et sa femme un coup de fil de Kobe et Vanessa afin de mettre les choses au clair.
Hasard qui n'en est peut-être pas un, à compter de cet incident l’atmosphère est très vite devenu irrespirable au sein du vestiaire or et pourpre, coûtant là à la franchise un quatrième titre d’affilé tant convoité.
[Rancunier, encore en 2015, Malone proposait à Bryant régler ça à coups de poings...]
Le père indigne
Toutes ces frasques sont néanmoins de la petite bière comparées aux écarts les plus tristement célèbres de sa vie privée.
Marié en 1990 et père de quatre enfants, si Malone aime se dépeindre comme un archétype du « type à l’ancienne », un homme de valeurs, tel n’a pas toujours été le cas.
En 1981, à 17 ans, sa petite amie de l’époque tombe enceinte de jumeaux. Pas franchement emballé par la nouvelle, il la plaque et lui laisser le soin de les élever seule.
Il attendra 1998 (!) pour daigner rencontrer pour la première fois sa progéniture.
En 1984, rebelote, Karl Malone, 20 ans, redevient père, puis esquive dans la foulée toute responsabilité.
Petit détail qui a son importance : sa baby mama n’a cette fois que 13 ans !
Et quand, deux ans plus tard, la famille lui réclame 200 petits dollars par semaine au titre de pension alimentaire, malgré son contrat pro fraîchement signé avec les Jazz, il refuse de débourser le moindre centime.
Un test de paternité ordonné par un juge et une procédure judiciaire plus tard, il accepte cependant de reverser à la mère de son fils... 125 dollars par semaine (!).
Si aujourd’hui Karl Malone a renoué avec ses enfants illégitimes (que sa fille Cheryl soit devenue basketteuse pro, ou que son fils Demetrius ait été drafté par la NFL tient sûrement de la coïncidence), cela ne fait toutefois pas faire oublier qu’il n’a jamais entièrement reconnu ses torts.
Oui, il a été un père indigne, mais pas que : sa relation avec une mineure lui vaudrait la prison dans la plupart des pays du monde.
Droit dans ses santiags, Karl Malone joue la carte de l’indifférence.
« Je m’en fous. C’est ma vie privée, et je vais m’occuper de cette affaire comme je me suis occupé de tout. Peu importe ce que les gens pensent. »
À ce stade, mieux vaut en effet pour lui qu’il fasse la sourde oreille. Aux fans en revanche de ne pas continuer à faire les aveugles.
[Bonus] Quand Karl Malone faisait de la pub pour Skechers
Quand la pire marque de sneakers de tous les temps décide de promouvoir la pire paire de sneakers de tous les temps, il est assez logique qu’elle fasse appel à Karl Malone.
Pour rappel, en 2010, Skechers dévoile la gamme Shape Ups, des sneakers dotées de semelles révolutionnaires grâce auxquelles il suffit de marcher pour « tonifier ses cuisses, raffermir ses abdos et redresser sa posture ».
Ce coup de com' prend au-delà de toutes espérances, et la marque se remplit abondamment les poches – outre Malone, la famille Kardashian milite ardemment pour faire avaler au grand public qu’il suffit d’en chausser une paire pour se muscler le boul’.
Sauf que bon, après enquêtes, ces propriétés bibliques se révèlent être du flan.
Non seulement Skechers a délibérément menti (sans dec' ?), mais la marque a en sus falsifié les études qui concluant que les Shape Ups bousillent les lombaires.
En 2012, Skechers a ainsi signé un chèque de 40 millions de dollars afin d’éviter d’être condamné en justice par des associations de consommateurs.
Karl Malone, ô surprise, n’a de son côté jamais rendu le sien.

Ensuite, ce n’est pas ELLE qui a demandé 200 € par semaine ça a été fait lors d’un premier jugement, ensuite c’est descendu à 125 € par semaine qu’il n’a au final pas payé.
C'est malheureusement pas le premier ni le dernier à avoir eu des histoires impliquant des abus de toute sorte (Kobe, Tyson, MIles Bridges etc..).
Karl Malone a vraiment marqué son empreinte en NBA, sur le poste d'allier fort, nous sommes tous d'accord sur ce point. Son nom restera attaché à la ville de UTAH.
Mais sa personnalité égocentrique et ses frasques extra-sportives ne mettent en avant les valeurs humaines du Basket et du sport en général. Ai-je envie de présenter aux jeunes ce portrait ? La réponse est non et je préfère montrer un joueur comme Duncan ou Garnett.
Bon, ça en dit plus sur eux que sur l'auteur. Merci pour l'effort Aurélien (mais tu déconnes pour l'oubli de Duncan quand même ;))
On ne sait pas pourquoi il nous sort à ça à ce moment là.
Je ne m'intéresse pas particulièrement à la vie des joueurs Off Court, ça ne m'empêche pas de savoir que Malone est un FDP...
Mais vu les approximations basket que ce stagiaire de 3ème qui a écrit l'article nous sort, on peut fortement douter qu'un travail sérieux et une vérification des informations sérieuse soit faite et recontextualisée.
Bref, un article écrit par un un incompétent qui est juste la pire chose qui soit pour les causes sensées être défendues.
C'est exactement comme quand pour défendre le féminisme, au lieu d'inviter une personne rationnelle qui va mettre en avant les inégalités et différences de traitements inacceptables entre homme et femme (salaire, violence, pression sociale), on va inviter sciemment une hystérique qui va s'égosiller en hurlant toute l'émission qu'il est trop injuste que dans la langue française que le mot "mérite" soit masculin parce qu'il y a aussi des femmes qui ont du mérite.
C'est contre productif et les enfoirés qui l'invitent le savent parfaitement. Il n'a qu'à aller là bas le Aurélien, il fera du très bon taf.
J'aime beaucoup BSession, mais dès qu'ils ouvrent la bouche pour autre chose que du basket, ils redeviennent -et c'est bien normal- absolument lambda. C'est le couillon que tu croises au bar et qui te donnes son avis sur la vie.
L'important la dedans c'est que peu importe qu'on soit d'accord ou pas, comme c'est très mal fait, ça ne peut pas plaire sauf aux bénis oui oui de la morale qui se reconnaissent dans "la lutte"
T'es un peu dur mais je suis grosso modo d'accord à cela prêt que Malone, malgré sa carrière solide, a toujours été un batard sur le terrain à l'image de son style de vie.
Et de ce fait j'ai toujours eu une opinion très négative de lui.
"Karl arrête de draguer ma femme sinon je dis à Shaq de t'en mettre une"
Autant je suis parfois partagé quand on parle d'artistes au mœurs douteuses avec le bon vieux classique "il faut séparer l'homme de l'artiste", autant en sport, je vois pas ce que ses mœurs lui ont apporté dans l'aspect sportif.
Quand il "flirt" avec la femme de Bryant, je vois juste de l'auto défense vis à vis de cette LA women femme de star qui pense juste à se foutre du cow boy redneck et qui prend une réplique dans les dents.
Après je suis d'accord que le mettre en lumière et se servir de sa notoriété est bizarre, mais certainement pas du fait de Malone (je le vois mal supplier pour être jugé au slam dunk)
Bref, c'est la cancel culture qu'il faudrait cancel.
-Tim Duncan n'existe pas en tant que concurrent au titre de meilleur PF all time
-San Antonio n'a pas remporté le titre en 2003, du coup les Lakers auraient pu gagner 4 titres à la suite
Bref, effectivement, on voit qu'il ne peut pas nous parler de basket. Donc il vaut mieux qu'il étale toute sa puissance intellectuelle dans un article Voici Gala Paris première dont l'impressionnante médiocrité n'a pour égal que le vide vertigineux des poncifs qu'il énumère.
Malone a effectivement l'air d'être un bon gros bourrin né avant la moralité.
Alors après, l'intérêt de cet article ?
Le mélange fait (de façon totalement involontaire en plus, j'en suis persuadé) entre ce qui relève de l'illégalité et de la petite morale paroissienne de chacun ?
Une conclusion ?
Faut pas en demandé trop non plus, on comprend bien qu'après un tel effort rédactionnel, le mec soit épuisé.
C'est utile de rappeler les actes négatifs d'un homme envers des femmes si on veut aller vers davantage d'égalité.
...
Ca dépend vraiment.
Car justement l'individualisation des actes à tendances à faire oublier le coté systémique d'un problème... C'est très arrangeant pour certaines personnes d'expliquer que :
Le problème, c'est pas les armes à feu en libre circulation, c'est juste que Gilbert Arenas est trop débile
Le problème, c'est pas les 90% d'émission de carbone faite par les industriels, c'est juste que vous laissez couler le robinet quand vous vous lavez les dents
Le problème, c'est pas qu'on vit dans un monde fondamentalement misogyne et patriarcal, c'est que des individus se comportent mal
L'individualisation est bonne pour reconnaitre qu'un individu est "dangereux", qu'il faut l'éviter ou faire attention à ses propos... mais ça fait rarement réellement avancer la cause dans son ensemble
Alors qu'en plus l'article est farci d'approximation, l'intention a beau est noble, si c'est mauvais, c'est mauvais
Mais quel détestable mélange des genres.
Je vote pour qu'on cancel les articles putaclic.
Un acteur, sportif, chanteur,etc. payé plusieurs 10aines de milliers d € ou plus se doit d avoir une image irréprochable car celle ci fait parti de sa fice de paye.
Les sportif valent entre autre leurs salaires grâce a la revente de leurs images (Maillots, chaussures) quand ils ternissent celle ci il est normal que les gens qui payent pour cette image ne souhaitent plus faire appel a eux ( l investissement n est plus rentable ou trop risqué)
Ne plus mettre en avant Karl malone ne veut pas dire l interdire. Je ne vois pas la cancel culture la dedans
A sa lecture, je me demandais au bout de combien de commentaires apparaîtrait le mot « woke »… (j’avais dit 3 et c’est plus finalement 😂)
Je n’ai jamais aimé Malone malgré son palmarès et ses incroyables qualités offensives. Le paradoxe est que Stockton me fascinait avec son physique à l’opposé.
Défendre l’indéfendable parce qu’on admirait le sportif, l’acteur ou le chanteur révèle beaucoup sur notre société.
Et qu’il y ait d’autres personnes comme ou pire que lui ne change rien. Prendre du recul sur nos « idoles de jeunesse », c’est aussi réaliser que nous apprécions au-delà du réel des etres humains qui font des erreurs comme nous.
Bref, l’envers du décor des personnages de la NBA est fascinant.
Cependant je dois le défendre sur 2 points.
1- Le dirty play. Ouais c'est certainement un peu exagéré car ça jouait dur à l'époque et Malone était une fillette comparé à Laimbeer (tiens un article sur Bill stp).
2- Le sida de MAgic. A l'époque cela faisait bien plus peur qu'aujourd'hui et sa réaction me semble normale. Vous auriez joué avec un malade du covid en avril 2020 ?
Pour le reste il a déconné plus d'une fois mais ce n'est malheureusement pas le seul, aujourd'hui encore il faudrait se pencher sur la vie de nos joueurs préférés. En fait non il vaut mieux rester sur le basket.
C'est toujours un plus de connaître l'homme. C'est aussi intéressant de placer le contexte. Beaucoup s'insurgent aujourd'hui de certaines choses passées en oubliant que la société évolue et que ce qui semble indéfendable aujourd'hui a pu être considéré comme banal hier.
C'était, après Kobe, un deuxième papier très sympa à lire en tout cas.
Tu portes bien ton pseudo.
Cantat est un tueur, idem.
Et oui je te confirme on devrait relire beaucoup de bio de sportifs.