Bien évidemment tout ne peut pas être parfait, mais je trouve Frédéric Fauthoux vraiment bon et cohérent de manière générale depuis le début de la compétition. Je suis en revanche étonné de la manière dont il a géré les cas Sylvain Francisco et Alexandre Sarr. Et c’est vraiment uniquement de ça dont je veux parler, tant ce qu’il propose par ailleurs est intéressant, comme l’ont souligné régulièrement les gars dans le CQFR.
Certains coaches ont parfois tendance à emmener le concept de protéger leur groupe beaucoup trop loin. Ceux qui ont vécu les années noires du foot français ont toujours une pointe de haine qui monte ou une douleur qui se met à leur tordre le bide quand ils entendent le nom (ou pire, la voix) de Raymond Domenech. On se souvient que les postures qu’il prenait et ses propos allaient parfois jusqu’à l’absurdité totale à force de vouloir « protéger le groupe ».
Mais il reste que savoir protéger son groupe, et de manière plus générale le manager, est l’une des compétences indispensables pour un coach dans le sport moderne. Le statut des joueurs, et c’est tant mieux, a changé et l’entraîneur ne peut plus se contenter d’être un pur technicien dont on se ficherait des compétences relationnelles et de gestion sous prétexte que de toute façon c’est lui le patron. Encore plus que de compétences technico-tactiques, les grands coaches doivent aujourd’hui faire preuve de qualité de manager et de psychologue. Ce qui n’exclut pas une capacité à être parfois dur, et ce qui ne veut donc pas dire que le joueur doit toujours être brossé dans le sens du poil. Mais il faut savoir jongler avec tous ces aspects.
Et, même si je ne suis pas dans le groupe et qu’il a forcément dû avoir d’autres discussions avec ses joueurs que celles auxquelles on a accès, je me demande s’il n’a pas été un peu léger sur l’affaire du lay-up de Sylvain Francisco et sur l’annonce du forfait d’Alexandre Sarr.
Endosser la responsabilité du lay-up de Francisco ?
Dans le premier cas, notre meneur, auteur d’un match énorme, a donc été mettre un double-pas à 1 contre 0 pour le goal-average, après avoir serré la main de Luka Doncic. Ce qui a généré une bonne petite embrouille sur le terrain et beaucoup de critiques sur les réseaux. Avec, c’est tristement dans l’ère du temps, des débordements et insultes racistes totalement inacceptables.
Interrogé à ce propos, Frédéric Fauthoux a cherché à minimiser, mais il aurait pu faire mieux :
« On en a parlé en tout début de compétition. Surtout les gens dans le staff qui ont l’expérience de ces compétitions-là. Parce qu’on ne sait pas ce qui va se passer demain et mardi. On peut se retrouver à égalité à trois avec certaines équipes. Donc chaque point aura son importance. »
Si l’on ne peut pas empêcher les débiles d’être débiles et de vomir leur haine raciste, peut-être le sélectionneur aurait pu calmer la vague de critiques en faisant endosser un peu plus la responsabilité de ce lay-up au staff. On ne sait pas vraiment si c’était effectivement une consigne annoncée sur le moment par le staff. Mais même si ce n’était pas le cas, comme Sylvain Francisco tourne la tête vers son camp avant d’attaquer le cercle, rien n’empêchait Fred Fauthoux de faire comprendre que quelqu’un du banc lui avait hurlé cette consigne.
Rien de grave bien sûr à ne pas l’avoir fait, mais les heures qui ont suivi auraient peut-être été un peu plus zen pour Sylvain Francisco et les joueurs.
Yabusele apprend en conf' le forfait de Sarr
Rien de grave non plus sur le point suivant, mais la surprise de Guerschon Yabusele quand il apprend par un journaliste que son coéquipier Alexandre Sarr ne rejouera pas de l’Euro a de quoi interloquer. Surtout que le héros du match contre la Pologne a dans un premier temps répondu à une question comme si Sarr avait encore une chance de rejouer (vers 6’05 sur la vidéo) :
« Tout d’abord, je suis un joueur, pas un docteur, donc ce n’est pas mon job de vous donner un update. Nous avons un excellent staff médical, qui prend soin de lui. (…) S’il peut revenir, on sera plus qu’heureux parce qu’il nous manque sur le terrain. Si non, nous chercherons des solutions comme ce soir, me mettre au poste 5, mettre Jaylen en 5… »
On imagine (et voit en partie sur la vidéo) le trouble dans la tête de Yabusele quand un journaliste lui apprend le forfait d’Alexandre Sarr pour le reste de l’Euro. Son « depuis quand ? » est assez parlant.
Je comprends totalement le fait de ne pas l’annoncer avant le match, ce que Frédéric Fauthoux explique ensuite. Ça, les joueurs doivent l’entendre et le comprendre. Par contre, il aurait probablement dû l’annoncer à son groupe dans le huddle d’après-match ou dans le vestiaire. J’imagine que Guerschon Yabusele, après discussion, ne lui en tiendra évidemment pas rigueur.
Mais ce moment de flottement aurait pu être évité. De même que le « ah putain, il aurait pu me le dire avant quand même », que le capitaine s’est forcément dit sur le moment. Et qu’on espère qu’il ne se dira pas encore par la suite.
Encore, une fois, ce ne sont que deux points et j’aime beaucoup ce que propose Fred Fauthoux depuis sa prise de poste à la tête de l’équipe de France. Et ce n’est pas parce que j’ai un avis biaisé par le fait que j’avais adoré l’interviewer il y a quelques années pour le grand entretien de REVERSE… Je me dis juste que sur ces deux situations, il aurait pu gérer différemment.
