Nicolas Batum : « On a trop respecté les Spurs »

A l'occasion de la présentation du nouveau maillot de l'équipe de France par adidas, Nicolas Batum nous a parlé de sa saison et de la prochaine Coupe du Monde.

Nicolas Batum : « On a trop respecté les Spurs »
Présent jeudi dernier à Roland-Garros à l'occasion de la révélation du nouveau maillot de l'équipe de France par adidas, son équipementier, Nicolas Batum en a profité pour confirmer qu'il participerait bien à la prochaine Coupe du Monde qui se déroulera en Espagne à la fin de l'été. Il nous a également accordé quelques minutes pour nous parler de sa saison, de la Coupe du Monde et, bien sûr, de ce nouveau maillot à manches. BasketSession : Tu as annoncé que tu participerais à la prochaine Coupe du Monde. Que penses-tu de ce nouveau maillot que tu arboreras pendant la compétition ? Nicolas Batum : On est mode NBA ! C’est bien, ça change, ça innove. Ça a commencé en NBA et je trouve que c’est bien de l’amener dans le basket international. En NBA, je n’ai pas joué avec, mais je me suis entraîné avec. Au niveau des sensations, au début, c’est vrai que ça change, mais on s’habitue vite. BasketSession : Certains joueurs NBA se sont dits gênés avec, d’autres l’ont adopté. N.B. : Je peux comprendre, ça change au début. Moi, par exemple, j’ai un tic, c’est que j’attrape le haut du débardeur et je m’essuie avec, là je ne peux pas le faire. Ce sont des petits détails, mais c’est vrai que ça peut peut-être gêner au début, mais après c’est une question d’habitude. BasketSession : Ce matin (jeudi), avant la présentation de votre nouveau maillot, adidas a réuni plein de sportifs des équipes de France, la famille #allbleus. Rencontrer d’autres athlètes, échanger avec eux, c’est quelque chose d’important pour toi ? N.B. : Oui, il y a plein de personnes que j’apprécie et que j’ai commencé à connaître aux J.O. il y a deux ans. Donc, ouais, c’est intéressant d’échanger, de voir différentes visions, différentes cultures, différentes approches de leur sport. On se retrouve tous les étés maintenant depuis deux-trois ans. Par exemple, on s’entend bien avec les handballeurs. Avec Teddy (Riner) aussi. Je traîne avec Teddy et son frère ensemble. On a même fait un un-contre-un avec Teddy tout à l’heure. Vincent (Collet) l’a testé et l’a aimé, il veut le prendre en défenseur. BasketSession : Il doit être bien dur à bouger… N.B. : (Impressionné) J’ai eu du mal… Non, il est vraiment dur. Vincent était satisfait en tout cas, donc il y aura peut-être une autre surprise après les maillots à manche (rires). BasketSession : Quels sont les sports que tu suis le plus ? N.B. : Le hand, le XV de France… En fait je suis les équipes nationales en général. Je suis le tennis aussi, je suis beaucoup d’athlètes. Je suis les basketteuses, les Braqueuses. BasketSession : Vous aviez développé une vraie relation avec les Braqueuses, justement, pendant les J.O. N.B. : Ouais, on n’est jamais ensemble d’habitude. Leurs campagnes, c’est plutôt en juin. Là, faire une campagne ensemble, être tout le temps ensemble, ça a créé une vraie affinité. On allait à leurs matches, elles venaient à nos matches. Des fois même à 9h du matin… Ça a créé une amitié et elle perdure depuis. [superquote pos="d"] On a trop respecté les Spurs. Eux, ils n’ont pas eu pitié de nous[/superquote]BasketSession : Tant qu’on est sur le sport en général, pour la Coupe du Monde de foot : France ou Cameroun ? N.B. : (il se marre) On n’a pas la même poule, déjà ! Ils n’ont pas les mêmes adversaires. Quand j’ai vu Brésil-Cameroun, je me suis dit ok… La finale avant l’heure ! Dommage… Non plus sérieusement, le Cameroun a une poule difficile, avec la Croatie, le Mexique et le Brésil. Alors que la France, c’est Honduras, Suisse et Equateur. C’est pas vraiment les mêmes poules… Mais bon, une petite finale France-Cameroun, je prends ! BasketSession : Revenons au basket. Quel bilan tires-tu de ta saison et de celle des Blazers ? N.B. : D’un point de vue collectif, c’est bien. Et pourtant on est un peu déçus. On aurait pu faire une meilleure saison régulière encore. On a eu un trou à un moment donné, un gros trou d’air avec la blessure d’Aldridge, des matches qu’on perd bêtement. On finit avec 54 victoires, mais on peut en viser 60 à un moment donné. BasketSession : Quel était votre objectif en début de saison ? N.B. : A la base, c’était 50 victoires. 30 victoires à domicile, 20 à l’extérieur. Mais quand on a vu ce qu’on faisait, on s’est dit « Bon, on va peut-être aller chercher 60, non ? ». On n’était pas loin mais avec la blessure d’Aldridge et deux-trois matches qu’on perd bêtement… BasketSession : Et en playoffs, des regrets ? N.B. : Oui. Les Spurs sont très forts et ont été au-dessus, mais je ne pense pas qu’on ait joué à 100% de notre jeu. On n’aurait peut-être pas gagné, mais je pense qu’on aurait pu faire mieux. Et du coup, on a un goût d’inachevé. On a trop respecté les Spurs. Eux, ils n’ont pas eu pitié de nous, c’est ce qu’il faut faire. BasketSession : Qu’est-ce qu’il vous manque selon toi pour les battre ? N.B. : De l’expérience. T’apprends de ça. Là, on a appris. On a appris contre Houston, avec des matches de fou, mais on a aussi beaucoup appris contre San Antonio. Cette année, c’était la première série de playoffs pour Lillard, techniquement pour Aldridge, Wesley (Matthews) et moi, c’est la première série où on a de grosses responsabilités. Donc, quelque part, c’était un peu des premières pour tout le monde. Pour Robin Lopez aussi. Moi, aux derniers playoffs que j’ai faits, je sortais du banc. Il y avait Brandon Roy, Gerald Wallace, Andre Miller… Il y avait du monde. Même Aldridge, à l’époque, n’était pas le taulier non plus. Tout le monde a passé un cap depuis. Et on est jeune. BasketSession : A titre personnel, tu penses quoi de ta saison ? N.B. : Je suis assez content. Quoiqu’on puisse me dire encore, j’ai gagné en constance. Il y a des fois où je ne fais pas des gros matches d’un point de vue stat, mais j’ai toujours un impact. Ça, c’est l’Euro qui m’a aidé à ça. J’ai toujours cherché à avoir un impact, quoi qu’il arrive. BasketSession : Ça s’est notamment vu au rebond. Tu en prends deux de plus que l’an passé, avec un mois de mars impressionnant. N.B. : Oui, c’est grâce à mon mois de mars. 15 rebonds de moyenne, c’est beau ça (il sourit). Aldridge était blessé, on ne jouait qu’en small ball, on n’avait qu’un seul grand sur le terrain. La première fois qu’on a joué en small ball, on était à Denver et ils prennent 27 rebonds offensifs. Le coach m’avait mis un coup de pression en me disant « Bon, ne laisse pas Robin tout seul, va falloir que toi t’y ailles » et le lendemain j’en ai pris 16. Et puis, 18, 14, machin et j’ai enchaîné. BasketSession : C’est un domaine dans lequel tu voulais particulièrement progresser cette année ? N.B. : Oui, je voulais prendre plus de rebonds. J’avais déjà commencé avant mars en prendre un peu plus, mais Aldridge en prenait plus aussi : il est passé de 9 à 12. Lopez tournait aussi à une bonne moyenne. Donc c’était plus galère d’en prendre avec eux ! Jo Freeland aussi. Tout le monde en prenait plus, donc c’était plus difficile d’augmenter beaucoup mon nombre de rebonds. Mais j’ai eu cette période-là où j’ai passé un cap au rebond. Et j’ai continué à en prendre en playoffs. [superquote pos="d"]Tu peux avoir un impact même sans marquer 15 points par match. Mais je dois scorer, je ne l’oublie pas.[/superquote]BasketSession : Pour revenir sur l’aspect collectif, on se demande si les gens se rendaient compte de la qualité de coach de Terry Stotts… N.B. : Oui, déjà l’année d’avant, au mois de mars, on est encore en course pour les playoffs. Après on a eu plein de blessures et on fait 13 défaites sur les 15 derniers matches. Mais on aurait pu jouer les playoffs. C’est pour ça que l’année dernière, on s’est dit « On va le faire la saison prochaine ». Parce que Terry avait la bonne formule. Il a permis à Aldridge de décoller. Il a mis Lillard dans la bonne situation. Wesley et moi on a passé un cap. Il y a aussi la révélation Robin Lopez qui pour moi était le MIP de la saison. Jo Freeland qui sort du banc et qui a fait une bonne saison, Will Barton qui petit à petit commence à prendre de l’importance pour nous, on a Mo Williams. Terry fait son travail. Très, très bien même. BasketSession : C’est l’un des coaches les plus sous-estimés de la ligue. N.B. : Oui. L’équipe en général d’ailleurs. Et lui en particulier. Mais Aldridge est sous-estimé aussi, c’est le meilleur power forward de la ligue. BasketSession : Est-ce que ce n’est pas lié à ce que tu disais tout à l’heure aussi, quand tu évoquais le fait que vous aviez trop respecté les Spurs ? Vous avez l’air d’une équipe peut-être parfois pas assez dure ? N.B. : Oui, c’est sûr, mais ça, on a appris, là ! (il arbore un regard vraiment, vraiment déterminé). BasketSession : Tu disais avoir appris à avoir un impact autrement qu'à travers le scoring pendant l’Euro. Au final, ton Euro par moment compliqué, c’était vraiment un déclic pour toi ? N.B. : Oui, tu peux avoir un impact même sans marquer 15 points par match. Je dois scorer, attention, je ne l’oublie pas. Mais si pendant deux semaines, l’adresse n’est pas là, il faut s’adapter. Ca m’est arrivé en NBA de connaître dix jours de suite sans adresse. Mais sur une saison, on s’en fout. Sur un Euro, 10 jours sans adresse, ça se voit. Donc, j’ai dû défendre, stopper Dragic en quarts, à un moment prendre 10 rbds, faire 6 passes. Sans marquer des points, tu peux fixer-ressortir. BasketSession : C’est aussi ce qui t’a maintenu dans le rythme pour mettre plus de 15 pts en première mi-temps de la finale. N.B. : 17 ! Attention, c’est le seul bon match que j’ai eu au scoring, je crois, alors faut être précis (il se marre). Avoir un impact dans d’autres secteurs m’a permis de rester dedans. Et au final, de finir comme ça, avec un bon match, ça m’a fait du bien. BasketSession : Parlons de la coupe du Monde, puisque, tout à l’heure, sous la pression de Teddy Riner, tu as annoncé que tu y participerais… N.B. : (Il se marre) J’ai pris un coup de pression, j’avais pas le choix (Teddy Riner, lors de la présentation du maillot, lui a demandé s’il comptait bien le mouiller cet été et c’est ainsi que Nicolas a annoncé sa participation à la Coupe du Monde). BasketSession : Cette année, il n’y aura pas Tony. Est-ce que ça te met plus de pression ? Ton rôle va-t-il changer ? Il y a quatre ans, je m’étais mis beaucoup de pression, je m’étais dit « Ouais, faut que tu joues bien, etc. ». Mais tu sais, là, Tony n’est pas là, mais Tony n’a pas pris sa retraite. Tony revient l’année prochaine. C’est une intérim que je vais faire là. Il ne va pas y avoir un leader qui va se proclamer big boss. Ça va être Boris, Flo, Nando, Mike et moi. On a tous beaucoup de sélections, c’est un groupe qui va devoir montrer la voie et rester soudé. BasketSession : Du coup, vous gardez quand même un objectif élevé ? N.B. : Oui, je pense ! On a un gros premier tour. Après on espère faire un résultat ! Propos recueillis par Julien Deschuyteneer et Guillaume Laroche