Jacques Monclar : « Je ne me sens pas trahi par la NBA »

Au même titre que George Eddy, Jacques Monclar est une légende pour les fans de basket.

Jacques Monclar : « Je ne me sens pas trahi par la NBA »
S'il est considéré comme LA voix de la NBA en France, George Eddy n'était pas le seul à animer nos soirées NBA. Jacques Monclar est lui aussi très vite devenu le chouchou du public en tant que commentateur. Monclar nous livre ses impressions suite aux derniers évènements puis revient sur ses plus beaux souvenirs et le début de saison de ses Knicks. Basketsession : Quelle a été ta réaction quand tu as su que Canal perdait les droits NBA ? Jacques Monclar : On a eu zéro information du début à la fin. Je suis déçu obligatoirement, même un peu plus. D’abord parce que c’est une passion depuis très, très longtemps, la NBA. Et puis j’adorais cette petite soirée du dimanche, Canal NBA, les évènements… Maintenant c’est comme ça, nous ne sommes pas décideurs. On savait qu’il y avait eu un appel d’offres, que d’autres chaînes étaient intéressées et que la NBA souhaitait faire un package total. On connaissait les options de Canal. Mais, contrairement à George, je ne me sens pas trahi par la NBA. Je comprends le cheminement et je ne comprends pas qu’on puisse se sentir « trahi ». Je tiens à dire qu’avec Vincent et George, on représente Canal, mais il y a aussi toutes les arpètes qui ont toujours bossé dur, ceux qui montent les sujets, ceux qui les créent. Dans la rédac, tout le monde a pris un coup. On a tous toujours tout fait pour que l’émission soit belle et il ne faut oublier personne. Basketsession : Est-ce que la perte de la NBA ne va pas mettre le basket européen et français sur les devants de la scène ? J.M. : On fait toujours de l’Euroleague, de la Pro A, du championnat espagnol. Le prestige de la NBA ne se calcule pas en audience. La caractéristique du public NBA est particulière, c’est la nuit, ça fait chauffer les ordis le matin. C’est un public très pointu. C’est un public d’averti. On a à faire au meilleur spectacle sportif du monde dans l’emballage télévisuel. Quand tu vas au stade, c’est comme si tu allais à Disneyland. Bien sûr que la salle de Vitoria est comme une salle NBA. Mais le label NBA est unique. On peut vivre à côté mais on ne peut pas le concurrencer. Basketsession : Tu vas regarder quelques matchs sur BeIN ? J.M. : Je ne vais pas te surprendre en disant que maintenant, c’est total League Pass. Je l’avais déjà de toute façon. Mais je ne m’interdis pas de regarder BeIN. La différence entre George et moi, c’est que je ne suis pas salarié de Canal, je suis prestataire sous contrat. Basketsession : Ça fait un moment maintenant qu’on t’entend sur le basket NBA et FR. C’est la même façon de commenter ? La même approche ? J.M. : Ce n’est pas la même approche. Moi qui ait commenté plus de 160 matchs l’année dernière, ça te permet d’être moins répétitif. Ça n’est pas le même rythme, pas le même genre, pas les mêmes salles. C’est une respiration formidable. L’approche technique en elle-même est différente puisque tu n’es pas sur place. Tu dois être attentif aux alentours. Je prends mon pied quand j’arrive à anticiper, on se donne des petits challenges comme ça. Et puis il y a les joueurs que j’adore. J’assume totalement mon côté fan désespéré. Je n’ai jamais été aux grands évènements en tant que journaliste, j’y suis allé mais par moi-même, pas pour travailler. L’autre barnum, c’est la présence des Français. On peut regretter de n’avoir jamais mis ça en perspective. On a 12 Français en NBA et pas des bouts de banc hein. On n’a jamais eu autant de Frenchies importants là-bas. Basketsession : Et au niveau du jeu ? J.M. : L’approche est moins tactique parce que sur le premier quart-temps, hormis en playoffs, il y a un relâchement que l’on ne retrouve pas en Euroleague où chaque ballon pèse dès l’entre-deux. En NBA, il y a plus d’ajustements que pendant un match Euroleague. Et puis les joueurs attaquent bien souvent le match sans être chaud aux States. Basketsession : Tu n’as jamais eu la chance de commenter une finale NBA sur place. C’est quelque chose que tu regrettes ? J.M. : J’aurais bien aimé mais c’était George qui les faisait depuis des années et il n’y avait pas de raison que ça change. L’autre jour, je n’ai pas dormi de la nuit avant le match de Chalon à Sienne. Je me suis dit que j’allais regarder le premier quart-temps d’OKC-Spurs. Et puis tu pousses jusqu’à la mi-temps, tu profites de la mi-temps pour finir tes notes sur Sienne et donc tu regardes le troisième quart-temps. Et finalement tu as vu tout le match. Mais bon j’ai bien été récompensé de ma nuit blanche avec ce shoot de Tony. Après je n’ai pas fait de finales NBA mais ça a été un bonheur de commenter France-USA au Garden. J’ai eu ma photo avec Spike Lee, j’étais tout fier parce qu’il n’en donne pas beaucoup. J’étais passé par quelqu’un que je connais dans l’office de la NBA. Basketsession : Quels sont tes 5 meilleurs souvenirs à l’antenne de Canal ? Le match où Rajon Rondo sort son triple double. C’était monstrueux. Je suis sorti de là, j’avais pris mon pied mais alors total. Il y a le match de Melo l’année dernière contre les Bulls. Les mini-MLK Day. Je ne commente pas tous les matchs mais j’ai toujours eu le droit à de superbes matchs. En général, tu rentres à la rédac à 18h, tu ressors à 7h du mat’. Ensuite, il y a toutes les performances individuelles marquantes comme le match de Rondo. T’as l’impression d’avoir vu un truc impossible. Je ne personnifie pas trop le commentaire. La NBA, j’essaye de la commenter comme je fais de la Pro A avec le principe d’être sérieux sans se prendre trop au sérieux. On essaye de banaliser le jeu qui peut paraître parfois barbare. Mais ce qu’a fait Rajon Rondo, putain !