Jusqu’où Jimmy Butler peut-il emmener ce Heat ?

Auteur d'une performance d'anthologie, Jimmy Butler s'affirme encore une fois comme l'un des meilleurs joueurs des playoffs.

Jusqu’où Jimmy Butler peut-il emmener ce Heat ?

Jimmy Butler fait partie de ces superstars qui hibernent pendant cinq mois. Les matches entre octobre et fin mars, les statistiques, les accolades, les sélections au All-Star Game ou les All-NBA Teams, il s’en fiche. Lui ne vit que pour les moments les plus importants. Quand ça compte « vraiment. » Du coup, il est facile de l’oublier durant une majeure partie de la saison. Combien d’entre vous, d’entre nous, l’aurait classé parmi les dix meilleurs joueurs du monde si la question avait été posé en janvier ? Combien mettrait, à tort ou à raison, Donovan Mitchell, Ja Morant ou Damian Lillard devant lui ?

L’arrière du Miami Heat est typiquement ce qui se résume par « un joueur de playoffs. » L’expression peut paraître toute faite et exagérée mais elle colle finalement tellement bien à Jimmy « Buckets. » Il n’est pas celui qui portera son équipe tous les soirs froids de novembre ou de février. Il n’est pas un MVP en puissance. Mais une fois le moment venu, il répond présent.

« Non, ça n’existe pas ça. Je joue, c’est tout », rétorque pour l’intéressé au moment d’évoquer son statut particulier à ce stade de la saison. « (…) J’adore l’aspect compétitif des playoffs. C’est là que les meilleurs joueurs se montrent. Je ne dis pas que je suis l’un de ces gars-là mais je veux être perçu comme tel. Je veux juste tout faire pour gagner. »

Butler compilait un peu plus de 22 points par match cette saison. Il est à 36 en 4 matches depuis le début du choc contre les Milwaukee Bucks. Il pointait à 30, 25 et 27 sur les 3 séries disputées en 2022. Il élève clairement son niveau de jeu quand la situation l’exige. Et « tout faire pour gagner » revient à scorer à profusion pour cette équipe du Miami Heat sans grand génie offensif mais toujours rigoureuse, solide, extrêmement bien coachée et donc portée par la classe de son maître à jouer.

Il a planté 56 points la nuit dernière. C’est la quatrième meilleure performance de l’Histoire des playoffs. 56 points à 19 sur 28 aux tirs en menant sa franchise à l’exploit devant son public, dans « sa ville », pour reprendre les mots hurlés après l’un de ses nombreux paniers assassins. Il est d’ailleurs le seul joueur de l’organisation à avoir atteint le plateau des 50 pions en playoffs. Pas mal pour une équipe dont LeBron James, Dwyane Wade, Shaquille O’Neal ou encore Alonzo Mourning ont défendu les couleurs.

Jimmy Butler sait choisir ses moments, oui. Au sein même d’un match. Conscient du coup qu’il y avait à jouer, il a marqué 22 des 28 points de Miami dans le premier quart-temps. Histoire de ne pas sombrer d’entrée. Discret ensuite, il est revenu tout feu, tout flamme, dans le quatrième : 21 points inscrits en 12 minutes dont 19 dans les 6 dernières avec deux paniers primés plein d’audace et de confiance pour redonner l’avantage au Heat et pousser les Bucks au bord du précipice.

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Milwaukee a mené de 14 points au cours du quatrième quart-temps et comptait encore 12 longueurs d’avance à 6 minutes de la fin. Butler a pris le dessus sur toute l’équipe adverse en marquant 13 points dans le money time (5 minutes à jouer et moins de 5 points d’écart) contre 8 pour la franchise du Wisconsin.

« Quand il est dans cette zone, ça devient un tueur. Les fauves ont besoin de chasser leurs proies. Ils tuent et ils continuent de chasser. C’est ce qu’il fait. Il a un cœur énorme. Il veut nous voir gagner, il s’en fout que l’on parle de lui, il veut juste faire le boulot », remarque Kevin Love.

Comme si ça ne suffisait pas, il a aussi contribué en défense, comme à son habitude. En étouffant notamment par moments Khris Middleton et Jrue Holiday. En fait, il s’est tout simplement affirmé comme le meilleur joueur de cette série où Antetokounmpo, double-MVP, n’a joué que 49 minutes.

Le basket est un sport collectif où les individualités les plus fortes font souvent les différences. Le Heat est pour sa part perçu comme une formation qui peut traverser les époques tout en restant compétitives justement parce que sa culture et ses codes dépassent les joueurs et les hommes. Ironiquement, c’est aujourd’hui surtout l’équipe d’un grand talent, Jimmy Butler. Et si celui-ci se comporte comme le « game changer » à chaque série, alors Miami peut prétendre à plus que ce qu’il n’y paraît (à savoir pas grand-chose puisqu’une franchise passée par le play-in n’a encore jamais franchi un tour).

Alors jusqu’où les Floridiens peuvent-ils aller dans le sillage de leur superstar ? Il a déjà prouvé qu’il avait en lui la capacité à les emmener loin. Jusqu’en finales dans la bulle en 2020. Miami est passé à un tir primé de son patron de potentiellement rejouer pour une bague l’an passé. Si le Heat sort les Bucks, Jimmy Butler sera peut-être le meilleur joueur d’une demi-finale éventuelle contre les New York Knicks ou les Cleveland Cavaliers.

Butler a parfois été présenté comme un peu juste pour aller tout, tout, tout en haut. Au final, c’est surtout le reste autour de lui qui paraît léger, surtout en l’absence de Tyler Herro (fracture de la main) et de Victor Oladipo (genou). Mais quel que soit le moment où Miami finit par rendre les armes, que ce soit au premier tour à la suite d’une remontée fantastique de Milwaukee ou lors de l’un des rounds suivants, il va peut-être falloir sérieusement songer à rajouter Jimmy des grands de cette ligue.

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