[ITW] Juhann Begarin : “La NBA le plus tôt possible”

Nous avons pu discuter avec Juhann Begarin, drafté par les Celtics en 2021, pour évoquer son ambition de jouer en NBA.

[ITW] Juhann Begarin : “La NBA le plus tôt possible”

Drafté en 45e position par les Boston Celtics en 2021, le Français Juhann Begarin n’attend qu’un coup de fil pour traverser l’Atlantique. L’arrière de 20 ans, qui évolue en Betclic Élite et en EuroCup avec le Paris Basketball, se concentre pleinement sur son développement dans l’espoir de rejoindre la NBA dès cet été.

Alors qu’il prépare les deux derniers matches des éliminatoires de la Coupe du Monde 2023 avec l’équipe de France, nous avons pu lui poser quelques questions. L’occasion de l’interroger sur son rêve de jouer aux États-Unis, les attentes des Celtics et ses progrès.

BasketSession : Tu es encore très jeune. Avec une draft 2023 qui s’annonce historique, penses-tu que tu as ta carte à jouer pour intégrer cette génération française qui est partie pour s’imposer en NBA?
Juhann Begarin : Beaucoup de gens l’oublient, parce que ça fait quand même un moment que j’évolue au niveau professionnel, déjà quatre ans, mais je n’ai encore que 20 ans. Je reste très jeune, surtout pour la NBA. Il y a des gens qui sont draftés plus tard que ça et qui restent de jeunes joueurs. Peu importe ce qui va arriver, peu importe la draft, je sais que j’ai une carte à jouer. Je sais que j’ai ma place. J’ai le niveau. Maintenant, il va falloir que je puisse aller le prouver et aller chercher ma place lors des mois à venir.

BS : Will Weaver, ton coach à Paris cette saison, a passé un certain temps en NBA. Les Nuggets ont également envoyé Travess Armenta pour encadrer Ismaël Kamagate et votre groupe. Leur présence te permet-elle d’avancer plus concrètement vers tes objectifs de carrière?
Juhann Begarin : Ça m’aide beaucoup personnellement. Le basket américain est un basket dans lequel les qualités individuelles priment. Si tu n’es pas capable de jouer individuellement, c’est très compliqué de t’insérer (dans le jeu d’une équipe). Il y a des role players dans certaines équipes, mais ça demande tout de même pas mal de QI Basket. Avec eux (Will Waver et Travess Armenta), c’est différent. Ils me donnent des consignes tout au long de l’année. Pas que des consignes pour le basket européen et français, mais aussi des consignes que je vais garder dans un coin de la tête pour plus tard. Quand je suis avec eux, je ne travaille pas seulement pour être performant en France. Je travaille aussi pour être plus performant l’année prochaine, parce que ça reste leur objectif de m’accompagner vers la NBA. On a des objectifs collectifs, qui sont d’aller le plus loin possible. Mais il y a aussi des objectifs individuels, qui sont aussi présents et qui sont au même niveau.

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BS : Tes objectifs individuels, c’est la NBA dès l’année prochaine?
Juhann Begarin : C’est la NBA le plus tôt possible. On verra ce qui se passe. Si ce n’est pas la NBA, on verra pour la suite, mais ma première envie c’est de viser la NBA. C’est le plus haut niveau du basket mondial. Moi, j’ai envie de me frotter aux meilleurs joueurs de la planète. C’est l’objectif n° 1.

BS : Peux-tu nous en dire plus sur ce que les Celtics attendent de toi? Est-ce que tu as l’impression d’aller dans le bon sens par rapport à ces attentes?
Juhann Begarin : Ce qu’ils attendent de moi ? Ils ne me l’ont pas expliqué précisément. Ils ne m’ont pas dit "si tu mets dix points ou si tu fais dix interceptions pile, tu vas venir jouer". Ce qu’ils veulent voir, c’est une progression générale. Ils veulent voir un joueur qui a envie d’apprendre, qui est motivé, qui est content et qui a de la hargne, qui a faim. Je pense que je vais dans le bon sens, puisque je sais qu’ils ont des besoins défensifs. Ils ont pas mal de joueurs offensifs, notamment Jayson Tatum et Jaylen Brown. On sait que les ballons tournent autour d’eux. Je serai plutôt dans un rôle d’energizer en sortie de banc, capable de défendre et de garder les meilleurs joueurs dans l’équipe adverse. En attaque, je prendrai ce qu’on me donne. C’est ce que j’essaye de faire de temps en temps à Paris. Will me met parfois dans ce genre de situation. Donc oui, je sais que je vais dans le bon sens. Après, la décision ne me revient pas. C’est vraiment eux qui détermineront ce qu’ils veulent. Il faut être prêt à tout et s’adapter.

 

"Je sais que j’ai ma place en NBA. J’ai le niveau. […] J’ai envie de me frotter aux meilleurs joueurs de la planète. C’est l’objectif n° 1."

BS : Aujourd’hui, tu prépares les éliminatoires de la Coupe du monde 2023. À quel point est-ce enrichissant d’avoir ces deux approches, entre ton coach en club et Vincent Collet, qui ont deux cultures différentes?
Juhann Begarin : Ce sont deux sensations et deux styles de jeu différents. Quand tu arrives en équipe de France, tu as vraiment plus la sensation d’une unité, d’un groupe vraiment soudé. Sur le terrain, ils sont vraiment tous ensemble. Quand on est en Championnat, on a l’impression d’avoir un peu plus de liberté. On peut prendre un peu plus de risques. Les erreurs sont un peu moins flagrantes et moins sanctionnées. C’est ce qui nous permet de progresser plus rapidement en club pour, une fois arrivé en équipe de France, pouvoir retranscrire ces progrès.

BS : Qu’est-ce que le fait de travailler ici, avec Vincent Collet et certains joueurs expérimentés, t’apporte sur le plan personnel?
Juhann Begarin : On ne va pas se mentir, au Paris Basket, cette année, il y a un peu plus d’Américains. Donc le jeu est un peu différent, plutôt dans la première intention. Les lectures sont moindres par rapport à ici. En équipe de France, quand on joue avec des gars comme Andrew (Albicy) et Paul (Lacombe), on va vraiment prendre le temps d’attendre que la défense fasse une erreur. En championnat, on va plutôt pousser la défense à l’erreur. Côté défensif, dans le basket aux États-Unis, il y a très peu d’aides. Là, il y a beaucoup plus d’aides, on doit être plus présent. C’est aussi pour ça que je parle d’unité. On doit être ensemble. En club, on va vraiment miser davantage sur l’individuel.

NS : Ismaël Kamagate et toi vous suivez en équipe de France et en club, où vous êtes coéquipiers depuis plusieurs années. Peux-tu nous parler de votre relation?
Juhann Begarin : Ismaël, maintenant c’est la famille (grand sourire). Franchement, c’est un très bon gars. On rigole tous les jours ensemble. On est en équipe de France ensemble, on est en club ensemble. Lui, il est passé à Denver, où j’ai fait des tests — c’était une équipe intéressée par moi aussi. Donc on est lié un peu tout le temps. Il va potentiellement intégrer la NBA l’année prochaine, moi aussi. On va se retrouver à jouer l’un contre l’autre et la NBA, ça va vite. Après un trade, on peut se retrouver dans la même équipe ou dans deux États très proches. On se le dit tout le temps : on espère qu’on va se quitter un jour parce qu’on en a marre de se voir (rires). Mais on sait très bien qu’on va quand même rester très proche, pour toujours. Dans dix ans, quand on va se retrouver, on aura de bons souvenirs. Paris Basket pendant quatre saisons, nos premières sélections ensemble en équipe de France, la draft… Ce sont des amitiés qu’on ne perd pas.

BS : C’est une grosse saison, avec beaucoup de matches européens et dans le Championnat de France. Comment te sens-tu physiquement?
Juhann Begarin : Niveau fatigue, effectivement, c’est épuisant. C’est très dur. Mais je suis jeune et j’ai envie de jouer. J’ai envie de progresser. L’envie, ça aide. Même s’il y a des jours où c’est compliqué, le fait de vouloir plus, de vouloir gagner, d’avoir faim, toujours vouloir progresser, ça aide tous les jours.

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