La NBA adopte une nouvelle règle pour les 3-points longue distance : la « heave rule »

La NBA adopte la “heave rule” pour encourager le spectacle sans sacrifier les statistiques individuelles. Bonne initiative ou détournement du jeu ?

La NBA adopte une nouvelle règle pour les 3-points longue distance : la « heave rule »

Lors de la réunion du Board of Governors mercredi, la NBA a approuvé une nouvelle règle, souvent surnommée la "heave rule", qui changera la façon dont sont comptabilisés certains tirs pris dans le feu de l’action, à la fin des quart-temps.

Désormais, pour les statistiques officielles, tout tir pris dans les trois dernières secondes du 1er, 2e ou 3e quart, tenté depuis au moins 36 pieds (≈ 11 mètres) et si l'action a bien commencé de la ligne de remise en jeu ne sera plus comptabilisé comme une tentative individuelle pour le joueur. En revanche, il sera toujours crédité à l’équipe comme tentative.

Ce changement, testé lors de la Summer League à Las Vegas en juillet, ainsi que dans les ligues mineures de l’Utah et de Californie, répond à une forme de dilemme : beaucoup de joueurs évitaient de tirer de très loin à la fin des quart-temps, même quand ils avaient la possibilité d’un “miracle”, car ces tirs ratés impactaient négativement leur pourcentage personnel.

Selon les données de SportRadar, la saison dernière, ces tirs déclenchés dans les trois dernières secondes des trois premiers quarts, à plus de 36 pieds, avaient un taux de réussite d’environ 4 %. Parmi les joueurs, Stephen Curry en a inscrit quatre sous ces conditions, tandis que Nikola Jokić en a marqué trois.

Avec la “heave rule”, la NBA espère que les joueurs se sentiront plus libres de prendre ces tirs audacieux, sans redouter une chute de leur pourcentage de tirs souvent très scruté. Cela pourrait générer plus de highlights et donc de belles vidéos qui pourront faire le buzz sur les réseaux... et ainsi promouvoir le spectacle "made in NBA".

Cette nouvelle règle aura-t-elle un vrai impact sur le jeu ?

Ce changement marque une évolution dans la culture du jeu et dans l’importance accordée aux statistiques individuelles contre le spectacle collectif. Jusqu’ici, le pourcentage de réussite d’un joueur sur ses tirs était un indicateur clé, scruté par les médias, les fans, mais aussi dans les discussions contractuelles ou médiatiques autour de la carrière d’un joueur. Avec l’introduction de la règle, certains tirs auparavant évités ou jugés risqués pourraient devenir non seulement acceptables, mais encouragés, parce que leur échec ne portera plus à conséquence dans les bilans personnels.

La “heave rule” va également modifier la stratégie des équipes dans les fins de quart. Plutôt que de privilégier la possession ou le tir sûr, on pourrait voir davantage de joueurs courir vers l’arrière, espérer un miracle. Cela pourrait rendre les fins de quart plus excitantes, plus imprévisibles.

D’un point de vue de la psychologie des joueurs aussi, l’ombre du pourcentage personnel sera un peu moins pesante. Pour des joueurs comme Curry ou Jokic, connus pour leur audace au-delà de la ligne à trois points, c’est un changement qui pourrait encourager encore plus de tentatives spectaculaires.

📺 Le shoot parfait existe-t-il ?

Cependant, il faudra observer comment cette règle sera relayée dans la pratique : combien de joueurs vont réellement profiter de cette liberté, si les entraîneurs vont encourager ces tirs ou encore si le public et les commentateurs adopteront cette nuance statistique. Et bien sûr, la NBA doit veiller à ce que cette règle soit bien comprise par tous : arbitres, statisticiens, fans, afin d’éviter toute confusion.

Mais cette règle n’est pas exempte de critiques. Certains observateurs estiment qu’elle pourrait créer une forme de déséquilibre statistique en dissociant des tirs bien réels de la feuille de match individuelle. Un joueur qui multiplie les tentatives désespérées, même s’il les rate toutes, ne verra pas son pourcentage affecté, ce qui brouille un peu la lecture des statistiques traditionnelles. De plus, cette exception ouvre la porte à des débats sans fin sur la limite exacte : qu’est-ce qu’un tir pris “assez loin” ou “dans les trois dernières secondes” ?

Les statisticiens devront redoubler de vigilance pour appliquer la règle de manière uniforme, et certains craignent que cette subtilité complique la compréhension pour le grand public. Enfin, il y a un risque que certains joueurs abusent de cette marge de manœuvre, multipliant des tirs improbables qui ne serviraient ni la stratégie collective, ni la qualité du jeu.