Il faut sauver LeBron James !

LeBron James a dû se sentir bien seul face à la performance éblouissante des Spurs cette nuit. Cette finale révèle au grand jour un problème grandissant à Miami : le "King" n'est pas assez entouré.

Il faut sauver LeBron James !
Alors que la victoire des San Antonio Spurs se dessinait déjà dans le milieu du second QT, nous étions déjà de réfléchir aux sujets possibles pour le lendemain. LeBron James a retenu notre attention. Pendant toute la première moitié de la rencontre, le « King » tentait en vain de faire circuler la gonfle d’un coéquipier à un autre. Il assurait un rôle de général des parquets quand ses partenaires n’attendaient finalement qu’une seule chose : que leur superstar fasse une fois de plus la différence. Seul. A vrai dire, le meilleur joueur de la planète a eu des occasions de prendre le dessus sur son adversaire direct. Il s’est retrouvé face à Kawhi Leonard, yeux dans les yeux, avec pour seul opposition le jeune ailier des Spurs et ses longs bras tentaculaires. Un LeBron en pleine confiance est censé attaquer son adversaire à outrance afin de le faire plier. Mais l’élan était clairement du côté de « Sugar K » cette nuit. James n’a pas foncé au cercle en première période. Il a reculé, a tricoté avec la balle avant de finalement shooter à mi-distance. C’était presque à se demander si Leonard n’est pas « entré » dans sa tête. S’il le fait douter. Alors, certes, James a mis des tirs à mi-distance et à trois-points, certains étant même contestés. Mais on était lui d’assister à une domination d’un LeBron en mode bulldozer, la même machine qui a fait plier toutes les équipes qui se sont présentées sur sa route en playoffs depuis deux ans. Nous avions donc l’intention d’écrire quelque chose à ce sujet le lendemain, sous le thème « le meilleur joueur du monde montre certaines limites. » La suite de la rencontre nous a fait réviser notre jugement. LeBron James n’a pas été éblouissant cette nuit. Il a inscrit 28 points à 10/17 aux tirs et il a capté 8 rebonds. Mais il n’a pu empêcher la nouvelle démonstration des San Antonio Spurs sur le parquet de l’American Airlines Arena. Il n’a pas pu empêcher ces mêmes Spurs de prendre un avantage qui n’a jamais été remonté dans l’histoire des finales NBA (3-1).
« On s’est fait écraser pour la deuxième fois de suite. Ils ont été beaucoup plus forts que nous, tout simplement. »

It’s all on LeBron James

Le quadruple MVP n’avait pas l’air dans son assiette. Il est rentré au vestiaire à deux reprises pendant le match (cheville, passage aux toilettes) et on l’a connu sous un meilleur jour. Mais il était tout de même au niveau. Ses coéquipiers, nettement moins. LeBron a dû se sentir seul, bien seul, hier soir. Critiquer le supporting cast est parfois un peu facile mais comment ne pas ne pas réaliser que la star – susceptible de faire basculer n’importe quelle rencontre – n’est pas assez bien entourée lorsque James inscrit 19 des 21 points du Heat dans le troisième QT ? Lors du dernier match, il avait presque tout fait dans le premier QT et il a fallu un récital et une adresse insolente des Spurs pour que San Antonio prenne l’avantage. Il est esseulé.
« La série n’est pas finie. Nous avons des joueurs trop fiers pour penser à la défaite », prévient LeBron James. « Nous sommes dans une position où nous pouvons marquer l’histoire. »
Et il a raison, la série est loin d’être finie et les Spurs le savent mieux que quiconque. Mais il y a tout de même un fort parfum d’un cinquième titre texan. Le « King » peut marquer une histoire et ajouter des précieuses pages à sa légende s’il parvient à redresser le Heat sur les bons rails d’ici les prochains jours. Mais quid de ses coéquipiers ? Mario Chalmers donne l’impression de ne plus savoir jouer au basket, Chris Bosh est efficace mais peu utilisé, Dwyane Wade est bon un match sur deux et ses genoux ne lui permettent plus d’avoir un impact sur une série entière, Ray Allen est systématiquement dépassé par son vis-à-vis en défense, Rashard Lewis est valeureux mais limité, Norris Cole a complètement disparu de la circulation, etc. Erik Spoelstra a même relancé Toney Douglas et Udonis Haslem – avant le garbage time – cette nuit. Il a parfois sorti James une ou deux minutes avant de le remettre immédiatement sur le parquet tant les Spurs dominaient les débats face à des Floridiens privés de leur super héros.
«[superquote pos="d"]"Nous pouvons marquer l'histoire" LeBron.[/superquote] Tout ne repose pas sur mes épaules, ce n’est pas vrai », insiste le principal intéressé.
Pourtant, ces finales ne font que confirmer l’impression renvoyée par la saison régulière : Le Miami Heat est (trop) dépendant de LeBron James. On l’a bien vu lors du premier match de la série et on en a encore la preuve chaque soir. Comme nous l’avions déjà affirmé auparavant, les Floridiens sont moins forts que l’an passé – les Spurs sont aussi nettement meilleurs. Les vétérans ont pris un an de plus et Miami dispute sa quatrième finale consécutive. On imagine mal, d’un point de vue extérieur, la préparation requise pour se maintenir à un tel niveau d’excellence. Mike Miller n’est plus là. Shane Battier est plus consultant que joueur NBA. Les role player susceptibles de faire pencher la balance se sont effacés et le succès du Heat repose sur trois choses : 1) LeBron, 2) LeBron, 3) LeBron.

Un renouveau nécessaire pour le Miami Heat

Peu importe l’issue de cette finale – que le Heat crée l’exploit ou non – Pat Riley doit sérieusement se creuser les méninges à l’heure actuelle. On pensait – peut-être à tort – que les Floridiens étaient l’une des deux meilleures équipes du monde. Alors, certes, il ne faut pas se laisser bluffer par la réalité du moment mais après les deux démonstrations des Spurs, on peut se demander si plusieurs franchises de la Conférence Ouest comme le Thunder ou même les Clippers n’auraient pas eu – elles aussi – leur chance de battre le Heat en finale (sans doute pas de la même manière et il ne s’agit que d’une spéculation non argumentée). Jeff Van Gundy estimait que les deux, trois meilleures équipes de la Conférence Ouest étaient favorites contre Miami et on peut lui donner raison. Voici donc le prochain problème : Quid du futur de LeBron James ???? On l’imagine mal quitter South Beach mais il est évident que les dirigeants vont devoir lui offrir un supporting cast performant à la hauteur de ses ambitions (et encore une fois, ceci est vrai quel que soit l’issue de la finale). Il court après l’histoire, après les plus grandes légendes de son sport. Il n’est pas venu pour gagner un, deux ou trois mais plusieurs titres NBA. Si James est le Michael Jordan de son époque – comme l’affirme Frank Vogel – le Miami Heat n’a clairement pas la même allure que les Chicago Bulls. Dwyane Wade restera dans sa franchise de toujours et il acceptera une paycut. Qui osera faire signer un contrat maximum à une star qui joue 50 matches par saison et dont les genoux le gênent en permanence ? Le Heat lui ferait même une faveur en lui offrant un beau contrat entre 40 et 44 millions de dollars sur quatre ans. Chris Bosh semble lui aussi déterminé à rester. Les spécialistes estiment qu’il acceptera le salaire proposé par ses employeurs, dans la limite du raisonnable. Voilà qui laisse donc de la place à plusieurs joueurs… ou à deux superstars. LeBron et… suspense. La rumeur d’une arrivée de Carmelo Anthony est dans le bon timing et évidemment il s’agit avant tout d’un fantasme. Mais gardons tout de même un œil avisé sur l’évolution de la situation. Financièrement, une arrivée de « Melo » est POSSIBLE. Même s’il est évidemment PEU PROBABLE. Il n’empêche qu’une deuxième superstar dans la force de l’âge soulagerait un LeBron James bien trop esseulé. Qu’il s’agisse d’un « Big Four » ou de plusieurs joueurs d’impact susceptibles de relancer la machine floridienne, Miami va devoir recruter cet été. Le destin de la franchise et celui de LeBron en dépendent.