LeBron James peut-il vraiment revenir à Cleveland ?

LeBron James sera libre cet été. De quoi nourrir les fantasmes d'un retour du "King" aux Cleveland Cavaliers. Mais a-t-il vraiment un intérêt à revenir dans l'Ohio ?

LeBron James peut-il vraiment revenir à Cleveland ?
Les supporteurs des Cleveland Cavaliers ont fait un rêve. Celui de faire revenir le « King », LeBron James, au pays quatre ans après son départ douloureux pour Miami. La question – ou plutôt le fantasme – d’un retour du quadruple MVP là où tout a débuté (il est originaire d’Akron et a été drafté par les Cavaliers en 2003) circule dans l’atmosphère NBA depuis le jour où James a décidé d’exporter ses talents en Floride. Des fans ont brûlé son maillot. D’autres ont pleuré. Dan Gilbert, le propriétaire, s’est senti trahi. Il a écrit une lettre à cœur ouvert, promettant à l’Ohio et aux Cavaliers un titre avant que LeBron ne décroche sa première bague. La star du Heat était détestée par une grande partie du public – même en dehors de Cleveland. Et puis les douleurs se sont apaisées. James et le Heat se sont installés au sommet de la NBA. La rancune a laissé place à l’espoir. Le rêve d’une deuxième chance pour LeBron et les Cavs. Le rêve d’un retour du fils prodige, venu sauver une franchise en perdition depuis son départ. L’histoire a tout pour être belle : le meilleur joueur du monde quitte sa vie floridienne au soleil et rameute sa famille dans l’Ohio. Il y encadre les jeunes stars en devenir, Kyrie Irving, Andrew Wiggins, Jabari Parker ou Joel Embiid. Il sort la franchise du marasme dans lequel elle s’est plongée et joue le titre chez lui, devant son public. Même Charles Barkley y croit dur comme fer. Mais la réalité dépasse le plus souvent la fiction.

LeBron James et la course à l’histoire

[caption id="attachment_157063" align="alignleft" width="300"] Un autre numéro 23 au sommet de l'histoire ?[/caption] LeBron James a 29 ans. Il fêtera ses 30 balais en décembre prochain. Il pratique actuellement le meilleur basket de sa carrière et il progresse saison après saison. Il ne court pas après la rédemption mais après l’histoire de la ligue et ses plus grandes légendes. LeBron veut devenir l’un des meilleurs joueurs de tous les temps. Correction : il a déjà intégré le classement des dix voir des cinq ou six plus grands, il veut donc être LE meilleur joueur de tous les temps. Et pour cela, il n’a d’autres options que de gagner des titres, encore, encore et encore. C’est précisément pour cette raison-là qu’il a rejoint le Miami Heat en 2010. Et jusqu’ici, il a bien fait. En sept saisons avec Cleveland, LeBron n’a pas remporté la moindre bague – même s’il a tout de même perdu une finale NBA d’un ennui mortel face aux San Antonio Spurs. En trois saisons complètes au Heat, il a décroché deux titres NBA et disputé trois finales en trois ans. Il est en course pour un triplé historique. Contrairement à ce que certains avancent, ces titres ne sont pas le fruit de la simple association entre LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh même s’il est évidemment bien plus facile de se positionner comme un favori pour le sacre avec trois joueurs de ce standing dans la même équipe. Miami ne s’est pas fait en un jour. Il a fallu du temps, des ajustements et un travail colossal abattu par Pat Riley, ses assistants, Erik Spoelstra, le staff, LeBron et les autres joueurs du Heat. On ajoutera également que Miami offre un meilleur cadre que Cleveland pour briller, et donc pour s'imposer comme le meilleur joueur de l'histoire de la ligue. Pourquoi donc rejoindrait-il les Cleveland Cavaliers ? Une franchise minée par les dysfonctionnements internes depuis plusieurs saisons ? Une franchise dont le propriétaire réclame les playoffs alors que son équipe n’a pas les bases nécessaires, et ce même au sein de la Conférence Est ? Une franchise qui a recruté Andrew Bynum pour le mettre à la porte moins de six mois plus tard ? Une franchise qui a drafté Dion Waiters – ce n’est pas une attaque envers lui – en quatrième position sans lui avoir fait passer le moindre workout ? Une franchise qui a laissé passer Damian Lillard, Jonas Valanciunas, Andre Drummond, Harrison Barnes, Victor Oladipo ou Michael Carter-Williams ? Une franchise qui a envoyé plus de cinq choix de draft pour accueillir Spencer Hawes et Luol Deng pour six mois dans l’espoir de jouer les playoffs ? Une franchise qui a renvoyé Mike Brown pour le reprendre quatre ans plus tard, lui offrir un contrat de cinq ans puis le licencier à nouveau et donc le payer pendant plusieurs saisons sans même qu’il occupe le moindre rôle au sein de l’organisation ? Le meilleur joueur du monde mérite-t-il une telle franchise ? Les Cavaliers méritent-t-ils LeBron James ?

Les atouts de Cleveland

[caption id="attachment_130301" align="alignright" width="300"] Jeune star montante, Kyrie Irving peut-il attirer LeBron James à Cleveland ?[/caption] Les rumeurs d’un retour de LeBron James aux Cavaliers n’ont pas refait surface par hasard. Il y a quelques jours, le « King » était vu avec un maillot de Johnny « Football » Manziel sur le dos. Le jeune joueur vient d’être drafté par les Cleveland Browns, en NFL. Ne cherchons pas des indices là où il n’y en a pas. Notons simplement que LeBron reste attaché à son état de naissance. Mais il y effectivement un rapport entre le fantasme d’un retour de James à Cleveland et la draft. Mardi soir, les Cavaliers ont mis la main sur le premier choix lors de la loterie. 1,7%, telle était la probabilité que les Cavs tirent le gros lot. Le loto peut vous changer une vie mais aussi le visage d’une franchise. Avec la cuvée phénoménale qui s’apprête à débarquer en NBA, ce choix a une valeur bien plus importante que le first pick tiré la saison précédente. Joel Embiid – qui serait la priorité des Cavs – Jabari Parker et Andrew Wiggins sont tous susceptibles d’atterrir à Cleveland. Associez ce choix avec Kyrie Irving, Tristan Thompson et Dion Waiters et les Cavaliers disposent d’une base de jeunes joueurs prometteurs. Les fans et les médias – et même certains dirigeants NBA – ont tendance à donner trop de valeur aux jeunes joueurs. La jeunesse représente l’avenir et l’espoir. Mais le point de vue de LeBron James est différent. IL VEUT GAGNER. Il n’a pas le temps d’attendre le développement des jeunes stars. Même un cinq Irving – Wiggins – James – Thompson – N’importe quel pivot n’offrirait pas le titre aux Cavaliers la saison prochaine. Peut-être pas même l’année d’après. Comme on l’a déjà expliqué plus haut, un titre est le fruit d’un travail de longue haleine. Un travail qui a débuté à Miami bien avant l’arrivée de LeBron. Or, les Cavs repartent de zéro avec un nouveau GM et de nouvelles fondations. Certains diront que la franchise de l’Ohio peut éventuellement transférer son choix de draft pour obtenir une autre star comme Kevin Love, par exemple. C’est un risque trop grand pour les Cavaliers. Si jamais LeBron James venait à rester à Miami, Cleveland aurait gaspillé un choix de draft – et on ne parle pas d’une cuvée spectaculaire, pas d’Anthony Bennett et ses camarades – pour un All-Star qui ne passerait pas plus d’une saison dans l’Ohio. Encore une fois, même un trio Irving – James – Love n’est pas une garanti de titre. Deux des trois joueurs cités n’ont même pas encore découvert les playoffs et ont des problèmes chroniques en défense. Sans même parler du banc, de l’incompatibilité éventuelle entre Irving et James sur le terrain, etc.

Back to Miami

[caption id="attachment_117349" align="alignleft" width="300"] "Nous ne voulons pas gagner ni un, ni deux, ni trois mais huit titres ou plus" LeBron James à son arrivée à Miami.[/caption] Une solution pour les Cavaliers consisterait à attirer David Fizdale, un assistant d’Erik Spoelstra à Miami, dans l’Ohio en lui offrant une place sur le banc. Mais là encore, il s’agit de spéculations. LeBron James – tout comme Chris Bosh et Dwyane Wade – a parfaitement esquivé le sujet tout au long de l’année. Il n’a fermé aucune porte même si les trois stars ont toujours laissé le sentiment que le Miami Heat restait la priorité. Si la franchise décroche un troisième titre de suite, James ne PEUT PAS laisser passer une occasion de remporter un quatrième sacre la saison suivante. Il aurait ainsi l’opportunité de réaliser un exploit que Michael Jordan n’a jamais réussi (faute de retraite, il est vrai). Le Heat peut également compter sur Pat Riley, le cerveau qui a rendu possible la mise en place d’une machine infernale pratiquant un basket total. Miami et San Antonio sont les deux meilleures équipes de la NBA – elles sont bien parties pour s’affronter en finale encore une fois – mais aussi les mieux gérées. A 29 ans, James en est conscient. Il a quitté Cleveland pour gagner des titres alors pourquoi aller à l’encontre de ce principe en quittant Miami ? Quelle franchise lui offre plus de garanties ? A 34, 35 ans, la superstar aura éventuellement l’occasion de jouer les mentors autre part qu’au Heat. A ce moment-là, les Cavaliers seront peut-être bien placés pour le recueillir. Mais pour le moment, un retour de LeBron James à Cleveland reste du domaine du fantasme. De la fiction. Du rêve.