Et si les Clippers laissaient Kevin Durant marquer 50 points ?

Les Los Angeles Clippers souffrent en défense depuis deux matches. Les Angelenos ne parviennent pas à ralentir la machine du Thunder. Et si la solution consistait à laisser "KD" faire son show ?

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Et si les Clippers laissaient Kevin Durant marquer 50 points ?
Comment défendre sur Kevin Durant ? Comment empêcher l’un des meilleurs attaquants de l’histoire de la NBA de marquer ses points ? Comment freiner un joueur de 2,06 m avec des bras tentaculaires capable de dribbler comme un meneur, de courir comme un ailier tout en ayant la taille d’un intérieur ? A moins de compter Tony Allen – et encore – dans ses rangs, ces questions demeurent sans réponse pour la grande majorité des coaches NBA. Mais comment enrayer la machine infernale du Thunder d’Oklahoma City lorsqu’elle est en pleine confiance ? Comment ralentir l’une des meilleures attaques de la NBA depuis plusieurs saisons ? Doc Rivers, le coach des Los Angeles Clippers, y réfléchit chaque soir depuis le deuxième match des demi-finales de la Conférence Ouest. Après un bon départ – les Clips ont remporté le premier match de la série – ses joueurs se sont inclinés coup sur coup face au Thunder lors des deux dernières rencontres. Ses hommes ont encaissé 112 puis 118 points.
[superquote pos="d"]"On met trop de pression sur notre attaque car on ne défend pas bien" Doc Rivers[/superquote]« Si votre équipe encaisse 118 points, c’est que vos gars n’ont pas assez bien défendu et que je n’ai pas assez insisté là-dessus », explique Doc Rivers. « Ils ont tourné à plus de 50% de réussite (55,7% dans le champ, 35,3% à trois-points), pas nous. C’est ce qui a fait la différence. Ils ont mis des trois-points, des layups, des paniers sur rebonds offensifs. Ils ont mis tous les tirs importants. On a aussi eu des occasions mais on a mis trop de pression sur notre attaque car on ne défendait pas bien. »
En réalité, Doc Rivers martèle à ses joueurs l’importance de la défense depuis le début du camp d’entraînement. Il a fait de ce secteur une priorité, étant donné que c’était l’une des principales faiblesses des Los Angeles Clippers avant son arrivée. Chris Paul et ses coéquipiers ont fait des progrès dans ce domaine – troisième meilleure défense au nombre de point encaissé par possession selon Synergy Sports, septième selon NBA.COM – mais ils demeurent perfectibles. Surtout, ils ont pris l’habitude de défendre dur seulement en fin de match. Suffisant pour faire la différence en saison régulière, mais pas en playoffs, lorsque l’intensité des rencontres augmente de plusieurs crans.
« Nous sommes une équipe qui a pris pour habitude de faire des stops dans le dernier QT, et ce quel que soit la manière dont nous avions défendu lors des trois premiers QT », témoigne Chris Paul. « Nous avions inscrit assez de points pour gagner le match (112 – dans le Game 3) mais nous ne les avons pas ralenti en fin de match. »
Au contraire, les Los Angeles Clippers ont laissé Serge Ibaka les tuer à mi-distance, avant que Russell Westbrook et Kevin Durant ne plante chacun un shoot décisif dans les dernières minutes de la partie. Face au Thunder, les Angelenos n’ont pas le droit à l’erreur, ils doivent défendre du début à la fin. L’attaque doit même venir de leur défense, ce sont les stops qui doivent mener aux contre-attaques dévastatrices des Clippers – la deuxième meilleure équipe en transition de la NBA. Les joueurs de Doc Rivers ont certes inscrit 112 points mais ils ont donné le sentiment de marquer sur des exploits individuels de Blake Griffin, Chris Paul ou Jamal Crawford. A l’inverse, le Thunder a laissé une impression de facilité. Ce qui explique les différences de pourcentages entre les deux équipes (45% et 29% à trois-points pour les Clippers). Et pourtant, l’écart n’est que de six points….

Isoler Kevin Durant pour mieux gagner ?

Il y a toujours une certaine réticence à laisser le meilleur joueur adverse marquer le plus de points possibles, surtout lorsqu’il s’agit de l’un des deux meilleurs joueurs du monde. Et pourtant, cette stratégie peut parfois s’avérer payante. Kevin Durant a inscrit 36 points à 14/24 aux tirs lors du dernier match. Mais est-ce vraiment le MVP de la saison qui a puni les Los Angeles Clippers ?
« Depuis deux matches, ils ont plusieurs gars différents qui élèvent leur niveau de jeu. Reggie (Jackson) et Serge (Ibaka) ont été très bons offensivement l’autre soir. On sait que Durant et Westbrook vont inscrire leurs points. On veut limiter les autres joueurs du mieux possible », explique J.J. Redick.
Dans un excellent livre (Seven second or less, à se procurer pour tous les fans de basket NBA) consacré au parcours incroyable des Phoenix Suns lors des playoffs 2006, l’auteur, en immersion au sein du coaching staff, raconte comment un assistant de Mike D’Antoni a insisté pour que son équipe laisse Kobe Bryant marquer tous les points des Los Angeles Lakers tout en le coupant complètement des autres joueurs. D’Antoni a longtemps été réticent et c’est au bord du gouffre, alors que son équipe était mené 2-3 au premier tour, qu’il a accepté cette stratégie. Lors du Game 6, Kobe Bryant a planté 50 points à 20/35 aux tirs. Et les Suns se sont imposés (en prolongations, tout de même). Bryant a dû se sentir bien seul sur le parquet ce soir-là. Peut-être les Los Angeles Clippers doivent-ils adopter une stratégie similaire. Peut-être doivent-ils laisser Russell Westbrook et Kevin Durant manœuvrer tout en les coupants des autres joueurs du Thunder. Les Dallas Mavericks ont posé des difficultés aux San Antonio Spurs au premier tour en isolant Tony Parker et Tim Duncan (ils ont finalement craqué suite à une très belle performance de « TP « ). Lors du dernier match, Serge Ibaka a inscrit 20 points à 9/10 aux tirs. Caron Butler a ajouté 14 points et 3 tirs primés et Reggie Jackson a planté 14 points. Les Los Angeles Clippers doivent empêcher les role players du Thunder de se mettre en confiance. Le jeu offensif d’Oklahoma City devient trop imprévisible et trop diversifié pour la défense des Angelenos lorsque les soldats du Thunder sont en confiance. Matt Barnes n’a pas la vitesse latérale pour éteindre Kevin Durant seul. Mais à force de « switcher » et d’aider à tout va, les Clips se sont exposés aux paniers faciles des autres joueurs d’OKC. Il est peut-être temps de changer de stratégie, même si cette dernière peut paraître insensée. Alors évidemment, Kevin Durant n’est pas une superstar égoïste comme Kobe Bryant a pu l’être par moment (bon, c’est un autre débat) au cours de sa carrière. Mais le couper de ses coéquipiers semble être une solution à expérimenter pour Doc Rivers et ses joueurs. En cas de nouvelle défaite ce soir (21h30), les Los Angeles Clippers ne seraient plus qu’à un petit revers d’une élimination au second tour des playoffs…
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