Le tir à trois-points est-il en train de tuer le basket ? Ce débat faisait rage la saison passée. Avec des Celtics qui frôlaient les 50 tentatives par match et de plus en plus d’équipes shootant toujours plus à longue distance, l’overdose n’était pas loin pour certains fans qui avaient le sentiment de ne plus reconnaître le sport qu’ils avaient aimé. Et qui pensaient qu’aucun retour en arrière n’était possible.
Si vous en faisiez partie, on a une très bonne nouvelle pour vous. Les Houston Rockets sont en train de répondre non à la question, et c’est magnifique à voir. Car la team de Sengun et Durant est à la fois l’équipe la plus efficace offensivement de la ligue et celle qui tente le moins de tirs à trois-points. Depuis ce début de saison, ils prouvent soir après soir qu’il y a une vie - et au très haut niveau (10 victoires, trois défaites) - en dehors du tir primé. Mieux, ils vous fourniront cette dose de jeu à mi-distance, de jeu au poste et de batailles sous le cercle que vous pensiez disparus.
Comment dominer la ligue aux points par possessions en étant la seule franchise sous les 30 tirs longue distance tentés (29,8) ? Déjà en étant particulièrement adroit sur ces shoots (42,3%, numéro 1 en NBA). Mais ce n’est clairement pas la seule cause, c’est même plutôt la conséquence des autres causes, des choix effectués par Ime Udoka. C’est parce qu’ils prennent moins de trois-points mais surtout parce qu’ils sont si efficaces sur les autres situations qu’ils peuvent avoir des positions plus « faciles » derrière la ligne.
Il y a deux raisons majeures à ce paradoxe apparent entre efficacité globale et faible volume à trois-points. La première, c’est l’arrivée de Kevin Durant. Les Rockets avaient déjà un artiste dans le jeu près du cercle en la personne d’Alperen Sengun. Avec Kevin Durant, ils ont récupéré l’un des tout meilleurs (le meilleur ?) attaquant à mi-distance de l’histoire. S’il a un peu arrosé face aux Cavs dans la nuit de mercredi, il flirte encore à 37 ans avec les 50-40-90. Pour 26 points par match. Incroyable.
2,09 mètres : Les Rockets ont commencé la saison avec un cinq de géants !
L’autre raison, c’est que, même lorsque les Rockets ratent des tirs, il n’y a pas meilleur qu’eux en NBA pour faire durer la possession et l’exploiter au mieux. Faire manquer des tirs à KD, Sengun et cie, c’est déjà compliqué. Mais derrière, il faut sécuriser le rebond défensif. Une vraie tannée face à Steven Adams, Sengun, Thompson ou encore Capela.
Houston est la meilleure équipe de la ligue pour aller arracher des rebonds off, et Steven Adams survole le classement indiv de la spécialité, alors que Sengun est dans le Top 15. Les Rockets sont numéros 1 pour récupérer leurs layups ratés (49%) et leurs tirs ratés (36 %), mais aussi au classement des points sur 2e chance.
Et pour la dimension historique, ils ont le meilleur « overall offensive rebounding rate » (le pourcentage estimé de rebonds offensifs disponibles glanés par une équipe) depuis 30 ans. N’en jetez plus !
Alors, on peut comprendre que vous ayez été soulés par la profusion de tirs à trois-points ces dernières saisons. Mais ne sous-estimez pas la capacité des coaches à inventer de nouvelles tendances. En attendant, si vous étiez fan du jeu à mi-distance, des drives bien durs, des paniers près du cercle et des joueurs qui se tapent pour arracher un rebond, alors branchez le League Pass et matez les Rockets de KD, Thompson, Sengun et Adams.
Udoka et Houston sont peut-être bien, tout comme les Nuggets autour de Jokic, en train de révolutionner le jeu moderne… avec des éléments du basket à l’ancienne. Attache ta ceinture, Marty.

Un peu de variété de jeu ne fait pas de mal.