La renaissance de Rudy Gay

Cible des moqueries, joueur trop grassement payé et trop peu efficace, Rudy Gay est en passe de faire taire les critiques. Présentation d'un joueur nouveau.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Rudy Gay a débarqué à Sacramento avec son contrat aussi gros que son volume de tirs. Le joueur agace. Il est athlétique, grand, costaud. Si l’aspect mental – et tout ce qu’il implique, travail, sang-froid, détermination, QI basket, etc – ne jouait pas un rôle primordial dans la réussite d’un joueur, Gay boxerait dans la même catégorie que Carmelo Anthony, Kevin Durant et consorts. Tout ça pour dire qu’en dépit de qualités naturelles supérieures à la norme, le champion du monde 2010 est souvent raillé par les médias – nous y compris – et les analystes en raison de son pourcentage de réussite désastreux pour un si grand volume de tirs. A 17,8 millions de dollars la saison, le natif de Baltimore n’est pas un modèle de rentabilité. C’est entre autre pour toutes ces raisons que Masai Ujiri n’a pas hésité à faire traverser la continent nord-américain à Rudy Gay. Bye, bye Toronto, hello Sacramento.

Nouvelle ville, nouveau départ

Et là, la métamorphose. Au sein d’une franchise en totale reconstruction, où les chefs de file sont DeMarcus Cousins et Isaiah Thomas – que l’on adore mais bon, quand même – une équipe sans vrai fond de jeu, avec une ribambelle de croqueurs de ballons, là, Rudy Gay est en passe de redevenir le joueur qu’il était quatre ans en arrière. Aux Grizzlies à l’époque, Gay était vu comme une future star de la ligue. Hier soir, il avait des allures de star. Ses shoots instinctifs, ses dunks de mammouth, sa réussite… Rudy égalait son record en carrière avec 41 points inscrits face aux Pelicans. Un record qui date justement de 2009 (41 points contre le Heat).   [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=uR_VUyq3cHY[/youtube]   Cette performance ne vient en fait que confirmer les bons débuts du joueur avec sa nouvelle franchise. Dès sa première rencontre avec les Kings, il avait donné le ton. 24 points en seulement 12 tirs tentés.12 tirs, il lui suffisait d’un QT pour atteindre un tel total avec les Raptors. On se souvient notamment de son affreux 11/37 en début de saison. Rudy Gay a continué sur sa lancée. Malgré quelques passages à vide – notamment face à Oklahoma City il y a trois jours – le jeune homme a évolué. Une petite comparaison de ses statistiques cette saison s’impose.
  • Avec Sacramento : 20 matches, 35,5 minutes, 21 points (15,2 tirs tentés, 52,5% de réussite, 37% derrière l’arc, 85,3% aux LF), 5,1 rebonds, 3,1 passes. 9 victoires, 11 défaites.
  • Avec Toronto : 18 matches, 35,5 minutes, 19,4 points (18,6 tirs tentés, 38,8% de réussite, 37% derrière l’arc, 77,3% aux LF), 7,4 rebonds, 2,2 passes. 6 victoires, 12 défaites.
Pour rappel, à Toronto, Rudy Gay shootait une possession sur trois en moyenne pour ce genre de tir : [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=YixCxTXtuvs[/youtube]   Rudy Gay s’est transformé, pour le plus grand bonheur du staff des Sacramento Kings.
« J’ai le sourire à chaque fois qu’il est comme ça car il y a trop de soi-disant analystes qui faisaient de lui l’un des joueurs les moins efficaces de la NBA. Je suis heureux pour lui », expliquait au Sacramento Bee son coach, Mike Malone.   « On le voit différemment des autres équipes », raconte Pete D'Alessandro, le GM des Kings. « Pour certains joueurs, tout dépend de là où ils reçoivent le ballon, là où ils sont efficaces. Nous avons une bonne idée de ce qui est bon pour Rudy en attaque. »
Effectivement, Gay est désormais un modèle d’efficacité offensive. En janvier, son pourcentage de tirs réels atteint les 59%. Lui qui tournait à moins de 40% à deux-points est désormais un finisseur implacable à Sacramento. Il a revu sa sélection de tirs. Rudy attaque le cercle et sa taille et ses qualités athlétiques font le reste.

Pas un leader mais enfin un joueur influent

Tout n’est pas rose pour autant. Seuls 20 matches ont été disputés. Mais ses performances sur le parquet sont encourageantes. Même s'il n'est toujours pas le leader que certains attendaient - il ne le sera sans doute jamais mais après tout, doit-on lui reprocher ? Rudy Gay n'est peut-être pas fait pour ça. Mais il se met à être un exemple sur le terrain. Dans les situations difficiles, ses coéquipiers le cherchent.
[superquote pos="d"]"On ne m'avait encore jamais dit de shooter plus" Rudy Gay[/superquote]« Lorsque vous doutez, passez la balle à Rudy et cela vous fera une passe décisive », raconte Isaiah Thomas Jr. « Il nous a vraiment porté ce soir. »
Cela faisait bien longtemps que Rudy Gay n’avait pas vraiment « porté » une équipe sur son dos. Sans lui, les Memphis Grizzlies ont d’abord atteint les demi-finales de Conférence à la surprise générale (il était blessé) puis les finales de Conférence après l’avoir transféré. Sans lui, Toronto est en passe d’accrocher les playoffs. Sans lui, Sacramento a moins de saveur. Face à Portland, ses coéquipiers ont souffert lorsqu’il est allé se reposer sur le banc. Auteur de 32 points ce soir, Gay était le facteur majeur du succès de son équipe face à l’une des meilleures franchises de la Conférence Ouest. Son volume de tirs était pointé du doigt ? Aux Kings, on lui demande de shooter plus.
« On ne m’avait encore jamais dit d’être plus agressif. Ils m’ont dit de mettre des points. »

Quel avenir pour Rudy Gay ?

Rudy Gay va sans doute relancer sa carrière à Sacramento. Lui, le joueur dont personne ne voulait - Masai Ujiri l'a proposé à toute la ligue - peut-il se défaire de cette image de joueur talentueux mais inefficace ? Le joueur de 27 ans a la possibilité de devenir free agent cet été. Mais vu sa prochaine paye - 19 millions de dollars annuels - il y a peu de chances qu'il le fasse. Il sera donc un joueur des Kings, sauf surprise, la saison prochaine. Les dirigeants peuvent même déjà négocier une prolongation de contrat avec leur ailier. A priori, ce n'est pas au programme. Malgré ses bonnes performances actuelles, l'ancien pensionnaire de Connecticut ne retrouvera jamais un contrat similaire. Mais s'il persévère, Rudy Gay peut éventuellement prouver à une grosse équipe qu'il serait une troisième option plus que crédible pour une dizaine de millions de dollars annuels (10-12 millions ?). Rien qu'à évoquer cette idée, nous sommes déjà sceptiques. Mais Rudy Gay a appris à nous faire taire. Il n'est jamais trop tard pour débuter une nouvelle carrière...
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