Shaedon Sharpe, un rookie de plus en plus aiguisé

Shaedon Sharpe prend son envol sur cette fin de saison. Les Portland Trail Blazers tiennent peut-être leur future star.

Shaedon Sharpe, un rookie de plus en plus aiguisé

LeBron James, Kevin Durant, Luka Doncic et… Shaedon Sharpe. Le rookie bondissant des Portland Trail Blazers s’est incrusté dans un cercle fermé et très prestigieux en devenant le quatrième « teenager » à compiler au moins 30 points, 7 rebonds et 7 passes sur un match NBA. C’est surtout de la masturbation mathématique puisqu’il suffit d’ajuster d’une unité n’importe quelle catégorie statistique pour créer un record ou une performance. Après tout, Tyreke Evans cohabite avec James, Doncic, Michael Jordan et Oscar Robertson parmi les joueurs en 20-5-5 de moyenne sur leur première saison dans la ligue et il ne deviendra pas un Hall Of Famer pour autant.

Mais la tentation d’imaginer un avenir brillant pour le jeune canadien est forte. Parce que ses prestations en tant que superstar intérimaire d’une équipe qui vise ouvertement la loterie. Les Blazers ont abandonné tout espoir de jouer les playoffs ou même le play-in cette saison. Damian Lillard est au placard et les talents prometteurs (ou non) sont désormais lancés dans le grand bain avec carte blanche. Dans ce contexte, Sharpe s’affirme comme le nouveau patron d’une franchise qui sera peut-être un jour la sienne.

Libéré et aux commandes de l’attaque, il enchaîne les cartons soir après soir. 24 points ou plus lors de 6 de ses 7 dernières sorties. Dont 3 matches de suite avec au moins 25 points au compteur, une première depuis 1981 pour un rookie à Portland. Depuis qu’il est titulaire, Shaedon Sharpe compile 24,8 points à 46% aux tirs, 40% à trois-points en 8 tentatives par soir mais aussi 5,5 rebonds et 4 passes. Avec un différentiel de -15 qui vient rappeler que les Blazers prennent des bonnes grosses baffes de bûcheron.

Les matches sont sans enjeu, certes, mais les Blazers ont tout de même battu les Minnesota Timberwolves, une équipe qui joue pour sa qualification en playoffs, dimanche soir. Avec 27 points, 6 rebonds et 6 passes de Sharpe. En fait, ses performances actuelles laissent penser qu’il aurait pu prétendre au trophée de Rookie Of The Year s’il avait joué au sein d’une franchise en reconstruction.

Shaedon Sharpe, un profil de star

Mais stop avec les chiffres. Ce qui compte (nombre, compter, tu l’as ?) aussi, c’est le jeu. Et dans le jeu, l’arrière de 19 ans montre des qualités propres aux superstars de cette ligue. Il est long et terriblement athlétique. Le facteur « waouh » omniprésent chez lui mais ce n’est pas le plus intéressant. Ce qui est marquant derrière ses coups de chaud au scoring, c’est la manière dont il met ses points. Du tir en sortie de dribble, du step-back… l’arsenal d’un attaquant prolifique capable de se trouver ses propres zones.

Pas mal pour un jeune homme qui débarque presque du lycée. Recruté par Kentucky en cours de saison dernière, il n’a pas joué un seul match avec les Wildcats mais ça ne l’a pas empêché de se présenter à la draft et d’être choisi en septième position. Les Blazers en ont fait un projet d’avenir et Sharpe devait découvrir le métier en évoluant pour une formation censée se hisser dans le top-8 de la Conférence Ouest. Au final, il s’est vite illustré en assurant un peu de points en sortie de banc.

« Il y a eu des moments où j’ai été dur avec lui. Des moments où je le faisais sortir parce qu’il avait fait trois erreurs et où je ne le faisais pas jouer en deuxième mi-temps. Puis il progressait dès le match suivant. Là, on le laisse faire ce qu’il veut mais il joue juste. Sa sélection de tir est bonne. Il fait la passe quand il est pris à deux. Il met de la pression sur la défense adverse. Je suis fier de lui », témoigne Chauncey Billups.

Le coach insiste notamment sur la vitesse à laquelle Shaedon Sharpe intègre ce qui lui est demandé. Il absorbe tout comme une éponge. Ses progrès peuvent changer beaucoup de choses à Portland. Peut-il déjà s’affirmer dès l’an prochain comme un soutien crédible de Damian Lillard ? Ou, à l’inverse, son avènement encouragera-t-il les Blazers à se reconstruire dès maintenant ? Peut-il sinon pousser Anfernee Simons, un autre jeune, vers la sortie, histoire d’obtenir un joueur confirmé en échange ? Réponse dans les prochaines semaines.

En tout cas, même s’il est toujours risqué de tirer des conclusions sur une ou deux bonnes semaines, l’évolution de Sharpe donne enfin des raisons d’être enthousiaste dans l’Oregon.

Simons et Sharpe, les Blazers n’ont rien regardé…