Comment les Spurs utilisent les chiffres pour gagner

Les San Antonio Spurs sont rarement cités parmi les équipes friandes de statistiques analytiques. Pourtant, la franchise texane opte pour une efficacité maximale en attaque. La parole aux chiffres.

Dunks, layups, lancers-francs et tirs à trois-points, de préférence dans l’un des deux corners. Les apôtres des statistiques avancées et du basket sous sa forme « analytique » prêchent pour une efficacité maximum en attaque. Les clés ? Les dunks, layups, lancers-francs et tirs à trois-points dans le corner. Cette vision plus moderne du jeu est à la mode et certaines franchises comme les Houston Rockets et les Portland Trail Blazers se sont spécialisés dans cette approche. Les scouts, coaches et dirigeants maîtrisant cet aspect statistique ont la cote auprès des franchises. Mais ce basket moderne qui banni le tir à mi-distance – arme noble du temps de Michael Jordan – fait-il gagner des titres ? Si l’on sait que les Rockets de Daryl Morey sont des adeptes du basket analytique, quid des deux finalistes NBA, les San Antonio Spurs et le Miami Heat ? Le jeu collectif des Spurs est loué et les vidéos en l’honneur de la circulation de balle des Texans font le tour de la toile. Cela nous offre donc des compilations de la sorte. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=CU3TAf-GMEE[/youtube] Mais le mouvement en attaque et l’altruisme des cinq joueurs présents sur le terrain sont justement des critères recherchés par les adeptes de ce basket analytique. Ainsi, les tirs après le dribble sont plus difficiles à convertir. On leur préfère les shoots en « spot-up » après une série de passe visant à déstabiliser la défense adverse et à trouver un tir ouvert – donc plus facile et plus efficace. Les bons tirs sont remplacés par les très bons tirs. L’attaque des Spurs repose justement sur ce principe. Selon NBA.COM, 67% des paniers marqués par les Texans depuis le début des finales sont « assistés » (une passe décisive est à l’origine du panier). Un chiffre qui placerait les hommes de Gregg Popovich en première position d’un tel classement sur l’ensemble de la saison ou des playoffs. Ils jouent les pick&roll à merveille avec pour objectif de trouver le meilleur tir possible avant la fin de la possession et ils distribuent plus de 25,7 passes décisives par rencontre. Quand l’on parle de « meilleur tir possible » on fait évidemment une nouvelle référence aux layups, dunks et tirs à trois-points dans le corner. San Antonio a su déjouer la défense agressive du Miami Heat sur les écrans afin de se procurer un maximum d’occasions proches du cercle. 72 des 214 tirs texans – toujours depuis le début des finales – ont été pris dans la restricted area, cette zone à moins de deux mètres du cercle. Autrement dit, les actions conclues à cette distance le sont par des layups ou des dunks. Les Spurs ont converti 51 de ces 72 tentatives (70,8%) et ils inscrivent plus de 43 points dans la raquette en moyenne depuis le début des finales. Les Texans profitent au mieux de l’avantage de taille de Tim Duncan (voire Tiago Splitter dans le Game 1), des passes entre les intérieurs (notamment les décalages de Boris Diaw), des pénétrations après le pick&roll et du jeu en transition pour inscrire des paniers faciles à proximité de l’arceau. D’un point de vue plus général, les Spurs ont tenté 65 tirs dans la raquette (30% de leurs shoots) et inscrit 130 de leurs 317 points dans la peinture. Ils ont totalement banni le tir à mi-distance de leur arsenal depuis le début des finales. Lors des 17 premiers matches des playoffs, 30% des tentatives texanes correspondaient à des shoots pris entre la raquette et la ligne des trois-points. Mais pourquoi diable prendre un tir à six mètres lorsque l’on peut reculer d’un pas et gagner un point supplémentaire – et oui, c’est logique, un tir à trois-points vaut plus qu’un shoot à deux-points. Ce taux d’utilisation des tirs à mi-distance est descendu à 18% face à Miami. Les Spurs ont toujours été adroits de loin et ils affichent le meilleur pourcentage de réussite derrière l’arc depuis le début des playoffs (40,5%, juste devant le Heat, 40,2%). Un tiers des tentatives texanes contre Miami sont des tirs à trois-points. Plus de la moitié d’entre-elles (26/45) le sont dans l’un des deux corners. Tony Parker et ses coéquipiers font circuler la balle en attaque et provoque les prises à deux et les aides défensives floridiennes pour ressortir la balle sur les shooteurs dans les coins. Ils ont converti 50% de leurs tentatives dans cette zone précise du parquet. [html]%3Ciframe%20src%3D%22https%3A%2F%2Fgiphy.com%2Fembed%2Fgw3OXH5Hf70CQdjO%22%20width%3D%22500%22%20height%3D%22288%22%20frameBorder%3D%220%22%20webkitAllowFullScreen%20mozallowfullscreen%20allowFullScreen%3E%3C%2Fiframe%3E[/html] En conclusion, les Spurs sont extrêmement adroit en partie grâce à cette recherche du tir le plus efficace, du joueur le mieux démarqué, dans l’une des zones les plus efficaces du parquet. Miami et San Antonio sont d’ailleurs en tête de toutes les catégories statistiques liées à l’adresse (tirs à trois-points, tirs à deux-points, %tirs effectifs, %tirs réels). Evidemment, leur jeu ne repose pas seulement sur l’utilisation de données. Mais ces deux équipes – les deux meilleures de la ligue – ont simplement su intégrer la notion de basket analytique pour accroitre encore leur efficacité. Ce n’est pas si étonnant de les retrouver en finales NBA…