Le nouvel échec de l’« Ananda Resort » à Villard-de-Lans relance la question : Tony Parker est-il un mauvais businessman, ou simplement un entrepreneur qui assume des paris très risqués ? Le préfet coordonnateur du massif des Alpes a retoqué, le 15 septembre, le projet de résidence quatre étoiles (17 597 m², jusqu’à 700 lits) pour « dimensionnement manifestement excessif » et incertitudes environnementales — après une consultation publique largement défavorable. Le porteur du projet, via Infinity Nine, peut faire appel ou revenir avec une copie allégée.
Le palmarès « business » de Tony Parker n’est pas vide, loin de là. À la tête de l’ASVEL depuis 2014, il a accompagné un triplé de champion de France (2019, 2021, 2022) et une présence consolidée en Euroleague. Ce succès sportif reste une vitrine, même si la trajectoire économique du club s’est tendue récemment.
Tony Parker se prend un stop sur son projet touristique à 88 millions
Côté diversification, son écurie Infinity Nine Horses a signé des victoires de prestige (Mangoustine, Poule d’Essai des Pouliches 2022 ; Ramatuelle, Qatar Prix de la Forêt 2024), preuve d’un flair réel dans les courses.
Dans le vin, le Château Saint-Laurent (Vaucluse) a trouvé son public — lancement d’un rosé très marketé et levée de fonds éclair (1 M€ en 45 minutes) pour moderniser le site.
Mais le dossier ASVEL illustre aussi les angles morts. La situation financière s’est dégradée avec des sponsors défaillants, notamment Skweek, plateforme liée à l’homme d’affaires russe Aleksej Fedoricsev : l’accord n’a pas tenu ses promesses et la LNB a imposé un cadrage budgétaire plus strict. Dans le même temps, la DNCCG a exigé la régularisation de montages de rémunérations impliquant Smart Good Things. Autrement dit, des choix de partenaires, assumés par Parker, ont fragilisé l’équilibre du club.
Pour mesurer la diversité de ses placements, on peut s’en tenir à huit structures où Tony Parker joue — ou a joué — un rôle central : Par Cœur Gala Organisation (événementiel caritatif), Infinity Nine Promotion (holding et gestion de droits), Infinity Nine Sports (siège/conseil du groupe), Infinity ASVEL Invest et Holding INS ASVEL (investissement et détention de titres autour du pôle basket), Lyon ASVEL Féminin (club professionnel), ainsi que le Domaine de Quetiéville et le GFA Domaine de Quetiéville (élevage et foncier équins, montés avec Nicolas Batum). Un portefeuille qui va du sport pro au mécénat, en passant par l’investissement, l’immobilier de marque et l’agri-équin.
L'image de Tony Parker souffre de controverses évitables
Malheureusement, qui dit multiplication des activités dit multiplications des risques... Et Tony en sait quelque chose. Ces dernières années, plusieurs controverses sont venues ternir son image. Une enquête de Radio France a notamment mis en cause l’effectivité d’engagements pris dans l’émission « Qui veut être mon associé ? ».
Selon cette enquête, relayée par plusieurs médias début mars 2025, une candidate de la saison 4 de l'émission diffusée le 6 mars 2024 affirme que Tony Parker et un autre investisseur s’étaient engagés à investir 200 000 € dans sa start-up, promesse réitérée jusqu’à l’antenne… avant un désengagement appris « par un tiers ». L’enquête évoque d’autres cas où des promesses n’auraient pas été suivies d’effets.
Interrogé ensuite, Parker nuance : l’engagement était 100 000 € chacun (avec Marc Simoncini) et restait conditionné aux due diligences. Il défend l’idée qu’« on ne va pas faire un business en vingt minutes de présentation » et dit avoir soutenu d’autres projets, sans préciser les montants.
La production/M6 rappelle de son côté que les offres faites en plateau sont de principe et conditionnées à des vérifications post-émission ; « certains deals échouent », ce qui est contractuellement porté à la connaissance des entrepreneurs. Un bilan réalisé par BFM Business souligne qu’en saison 4, plus de la moitié des deals annoncés à l’écran ne se concrétisent pas ; dans le cas Parker, 6 start-up sur une dizaine disent n’avoir « rien signé », certaines n’ayant échangé qu’avec ses conseils.
En résumé, l’épisode illustre un écart entre la promesse télé et la réalité juridique des investissements : l’offre plateau n’est pas un contrat, et la phase d’audit peut faire capoter un deal. Reste que la séquence a nourri la critique d’une communication trop ambitieuse de TP autour des engagements affichés.
Autre débat : sa nomination comme ambassadeur « soft power » de la République démocratique du Congo, un rôle très orienté business, a interpellé au vu du contexte politique et sécuritaire du pays. Mais nous ne développerons pas ce sujet ici. Nous vous renvoyons à l'enquête de France Inter si vous le souhaitez.
Les limites du "rêver grand" ?
Reste la philosophie Parker, souvent répétée : « Je dis toujours qu’il faut rêver grand et que, quand tu dis ton rêve à quelqu’un mais qu’il ne se moque pas de toi, alors c’est que tu ne rêves pas suffisamment grand. » Cette “religion” du big bet a payé sur certains terrains… mais elle montre ses limites quand l’exécution, la gouvernance et l’acceptabilité locale ne suivent pas — le Vercors en est l’illustration la plus récente.
Et sa fortune ? Les estimations publiques non officielles restent à manier avec prudence : Celebrity Net Worth évoque autour de 85 M$ quand d’autres titres avancent 200 M€ sans méthodologie transparente. Bref, riche, oui ; mais loin des standards de certains magnats qu’il côtoie.
Au bilan, Tony Parker n’est pas un « mauvais businessman » par essence. C’est un entrepreneur au profil « moonshot » : il réussit franchement quand le produit et le récit collent (courses, vin, image), trébuche quand la chaîne d’exécution est complexe (sponsors, montage financier, acceptabilité territoriale). L’épisode de Villard-de-Lans lui rappelle qu’en 2025, rêver grand ne suffit plus : il faut aussi prouver, chiffrer, concerter... et choisir des partenaires irréprochables.

J’habite le vercors et son projet est une hérésie en terme d’écologie… il s’en fou. Le préfet non !
Tchao Tony