La défaite contre OKC (114-100) n’a rien d’infamant en soi. Mais ajoutée au contexte, elle alimente une question qui monte autour de Memphis : si Ja Morant joue mal, si l’attaque patine et si l’ambiance semble tendue, est-ce que c’est parce que Tuomas Iisalo essaie d’imposer une méthode « trop européenne » à un vestiaire NBA ? Dans le CQFR, Théo et Shaï ont justement pris ce sujet à bras-le-corps… et ils n’ont pas vraiment eu envie de charger le coach.
Une nouvelle sortie très inquiétante de Morant
Le point de départ, c’est encore Ja Morant. Contre le Thunder : 11 points, 3/18, trop de tirs ratés en fin de match, trop de pertes de balle en tandem avec Jaren Jackson Jr. Et surtout, une mauvaise passe qui dure. Shaï le résume très clairement : depuis l’altercation et la suspension interne, « il y a quand même quelque chose qui ne fonctionne toujours pas » Il rappelle les chiffres qu’il a mis dans la news du matin : sur la saison, Morant tourne à 19 points, 35,8% au tir et… 14,8% à trois points. Et sur les derniers matches, c’est encore pire.
Normalement, poursuit Shaï, même après une première mi-temps poussive, « les joueurs de cette classe-là finissent leur match en trombe ». Là, Morant n’y arrive pas. Et ça met tout le reste sous pression.
« La méthode européenne, ça peut pas marcher en NBA » : vraiment ?
Ce qui a agacé les journalistes, c’est la réaction qui a suivi ce mauvais passage. Théo a été interpellé d’entendre d’anciens joueurs NBA ou des commentateurs dire en gros : « la méthode européenne de Tuomas Iisalo, ça ne peut pas marcher en NBA, tu ne peux pas traiter les joueurs NBA comme des joueurs européens, tu ne peux pas gérer les rotations comme dans le basket européen. »
« Pourquoi tu ne pourrais pas ? Bien sûr, c’est un changement de philosophie. » Pourquoi un coach venu d’Europe n’aurait pas le droit de gérer les rotations différemment, d’exiger plus d’adaptation, de demander un basket moins centré sur la star ? Surtout que, comme le rappelle Théo, « l’historique de Morant montre que son comportement ne favorise pas les performances de son équipe ». Autrement dit : si ça coince, ce n’est pas forcément de la faute du coach.
Le vrai problème : l’absence d’adaptation de la star
Shaï et Théo ne disent pas qu’Iisalo est parfait, mais ils trouvent anormal que la responsabilité glisse aussi vite vers lui. « Il y a plusieurs joueurs à son poste dans la ligue qui seraient capables de bien plus s’adapter à ce que demande Iisalo », assure Shaï.
Et surtout, détail important : Morant n’est pas puni. « Ce n’est pas comme s’il était benché », rappelle Théo. Iisalo lui donne des minutes, du pick-and-roll, bref : le coach essaie quand même de le mettre dans sa zone de confort. Dans ces conditions, « de quoi tu te plains ? », glisse Théo.
« La capacité d’adaptation, c’est vraiment une composante du très haut niveau et ça ne l’a jamais été autant que dans la NBA moderne » où en défense comme en attaque le jeu propose tout un tas de variations. Et aujourd’hui, cette capacité, Morant ne la montre pas.
Un choix que Memphis savait qu’il devrait faire
Les deux journalistes rappellent d’ailleurs qu’ils avaient déjà pointé ce risque… avant même la saison. Quand Memphis a décidé de conserver Tuomas Iisalo après l’avoir fait terminer la saison précédente, « ils n’étaient pas obligés de le faire ». S’ils l’ont fait, c’est qu’ils voulaient vraiment lui donner les clés pour appliquer sa philosophie venue d’Europe. Mais ils savaient très bien que si, à un moment, ça se heurtait à la star, il faudrait trancher.
« Memphis risque de devoir faire un choix entre la confiance dans leur coach (…) ou Ja Morant si jamais ça rentre en conflit », explique Théo. Et, pour l’instant, on est en plein dans ce conflit.
Vers une séparation inévitable ?
La conclusion de nos deux journalistes est assez ferme. Pour Shaï, « il y a vraiment besoin pour les deux parties de trouver une porte de sortie. » Pas parce qu’Iisalo serait un mauvais coach, mais parce que Morant s’est mis publiquement en opposition avec lui, plusieurs fois, même après la suspension. Et qu’une équipe qui ne gagne pas rend cette opposition encore plus visible.
Mais Iisalo n’est « certainement pas irréprochable » non plus. Il doit trouver plus de solutions, gagner plus de matches, mieux organiser l’attaque. Mais tant que la star ne joue pas à un niveau correct et montre qu’elle n’a pas envie de se plier à un cadre un peu différent, il est un peu facile d’accuser « la méthode européenne ».
En creux, leur réponse à la question de départ est donc assez nette : non, Tuomas Iisalo n’est pas le principal responsable des galères des Grizzlies. Ce qui plombe Memphis aujourd’hui, c’est d’abord que son meilleur joueur joue très mal… et refuse de vraiment entrer dans le projet du coach. Et ça, ça ne vient pas d’Europe.
Retrouvez l'intégralité du CQFR sur notre chaîne YT et sur toutes les plateformes audio :
