Les Warriors peuvent-ils s’imposer à nouveau comme une dynastie ?

Champions NBA en 2022, les Golden State Warriors peuvent-ils réaliser le doublé et relancer leur dynastie ?

Les Warriors peuvent-ils s’imposer à nouveau comme une dynastie ?

Et si la dynastie de Golden State s’imposait dans une nouvelle décennie ? Trois fois champions NBA entre 2015 et 2018, les Warriors de Stephen Curry, Klay Thompson et Draymond Green sont l’équipe la plus dominante de l’ère contemporaine. Aujourd’hui, les voilà de retour au sommet.

Après deux ans de creux, les hommes de Steve Kerr sont à nouveau sur le toit de la ligue. L’objectif, cette saison, sera bien évidemment d’y rester. Alors, ce nouveau titre signifie-t-il que la dynastie Warriors est relancée ? Ou ne s’agit-il que d’une parenthèse enchantée ?

La chute et la renaissance de la dynastie Warriors

2019-2020 et 2020-2021 ont été des années très difficiles pour l’équipe de San Francisco. Lors des Finales de 2019, face aux Raptors, l’hécatombe. Rupture du tendon d’Achille pour Kevin Durant, ligaments croisés pour Klay Thompson. Minés par leurs blessures, les Warriors manquent l’opportunité de remporter un nouveau titre et entrent dans une période de vide.

Après cinq Finales NBA consécutives, Golden State entreprend une année de transition. Tandis que Durant part aux Nets et que Thompson guérit, l’équipe connaît un exercice douloureux. Stephen Curry se fracture la main, Draymond Green faiblit.

La saison 2019-2020 est une catastrophe qui se solde par une 15e place à l’Ouest, à l’opposé de ce que les Warriors ont l’habitude de proposer. "Nous savons que nous n’en avons pas fini. Moi, Klay et Draymond, nous savons que ce n’est pas fini.", glissait alors Curry.

2020-2021, qui s’annonçait comme le retour du roi, n’a finalement été qu’une seconde désillusion. Tout juste remis de sa rupture des ligaments croisés, Klay Thompson se blesse au tendon d’Achille. L’arrière enchaîne ainsi deux des blessures les plus graves que peuvent rencontrer les basketteurs dans leur carrière.

Golden State termine alors la saison régulière à la 8e place de l’Ouest, puis se fait éliminer au play-in. Il faudra donc attendre deux ans avant de retrouver ce collectif dans sa véritable forme.

La dernière saison en date se révèle, pour sa part, être un succès retentissant. Une troisième place à l’Ouest avec un Stephen Curry en bonne santé, l’explosion de Jordan Poole, Draymond Green et Andrew Wiggins All-Stars, ainsi que le retour de Klay Thompson. Les Warriors ne perdent que six matches en playoffs et remportent les Finales face aux Celtics. Un rebond spectaculaire.

L’effectif a beaucoup évolué depuis le titre 2018. Le jeu n’est plus tout à fait le même non plus. Toutefois, 2022 marque le comeback de l’équipe dominante qui hante encore les nuits des Rockets, Blazers et de LeBron James. Désormais, toute la question est de savoir s’il s’agit du retour de la dynastie qui a écrasé la NBA ou d’un champion parmi d’autres.

Un Stephen Curry plus fort que jamais

Premier MVP unanime de l’histoire en 2016, on a parfois l’impression que les plus belles années de Stephen Curry sont derrière lui. Mais si une chose doit inquiéter les équipes rivales, c’est peut-être le niveau de jeu de du leader des Warriors. À 34 ans, Curry est comme le bon vin. Il se bonifie avec l’âge.

Les playoffs nous ont montré que nous faisions peut-être face à la meilleure version du chef. 2022 semble être le millésime idéal. Ce n’est pas pour rien que cette campagne a été ponctuée par son premier titre de MVP des Finales. Jamais le meneur n’a été aussi dominant et complet.

Au scoring, dans un premier temps, Curry n’a jamais été aussi efficace sur des Finales NBA. Sans Kevin Durant pour mener la charge et compte tenu du déclin de Klay Thompson, le plus grand tireur de l’histoire a pris ses responsabilités. Ses moyennes contre les Celtics sont les meilleures de sa carrière à ce stade de la compétition :

  • 2015 : 26 points, 5,2 rebonds 6,3 passes, 44,3% au tir, 38,5% à trois points
  • 2016 : 22,6 points, 4,9 rebonds, 3,7 passes, 40,3% au tir, 40% à trois points
  • 2017 : 26,8 points, 8 rebonds, 9,4 passes, 44% au tir, 38,8% à trois points
  • 2018 : 27,5 points, 6 rebonds, 6,8 passes, 40,2% au tir, 41,5% à trois points
  • 2019 : 30,5 points, 5,2 rebonds, 6 passes, 41,4% au tir, 34,3% à trois points
  • 2022 : 31,2 points, 6 rebonds, 5 passes, 48,2% au tir, 43,7% à trois points

Stephen Curry devait porter une charge immense face aux Celtics. 32,8% des actions de son équipe passaient par lui — c’est ce que l’on appelle le usage rate. Il a souvent été contraint de prendre des tirs très compliqués contre la défense de Boston, dont il a été la cible sur certains matches. Malgré tout, il reste l’un des joueurs les plus efficaces de l’histoire de la NBA dans des Finales, en scorant à lui seul plus d’un tiers des points du collectif sur l’ensemble de la série.

Son true shooting percentage — un indicateur statistique de l’efficacité globale d’un joueur au tir — de 62,6% est une marque absolument indécente. Une telle précision est souvent réservée aux experts du catch and shoot et du spot up comme Ray Allen ou Klay Thompson. Lui l’a fait en créant son propre tir la plupart du temps. Son degré d’efficacité en Finales est comparable à celui de Shaquille O’Neal dans son prime, l’un des joueurs les plus inarrêtables de l’histoire.

En parallèle, Curry a montré des progrès impressionnants sur le plan défensif. On ne peut plus le considérer comme un point faible pour son collectif de ce côté du terrain. Plus agressif sur le porteur de balle, plus fort et plus mobile, il est désormais capable de switcher sur les écrans et d’imposer un véritable défi à son vis-à-vis.

"Cela fait deux ans que je dis combien il a progressé en défense. Les équipes avaient l’habitude de le cibler sur chaque action, et de l’attaquer en un contre un. Mais ça ne fonctionne plus. Il est bien sur ses jambes, il défend, et on est derrière lui en cas de besoin. Mais il a moins besoin de nous qu’avant, et c’est génial", a affirmé Draymond Green pendant les playoffs.

La plus grande chance des Warriors de réaliser le doublé est certainement de compter sur une nouvelle saison historique de son Franchise Player. Stephen Curry, à un tel niveau, nous donne l’impression qu’il pourrait renverser n’importe quelle équipe.

Des départs pendant l’intersaison, mais un effectif toujours solide

Ce qui pourrait réellement pénaliser Golden State l’année prochaine, ce sont les pertes d’Otto Porter Jr et de Gary Payton II. Tous les deux essentiels dans la conquête du titre, ils laissent un certain vide derrière eux.

Parmi les pierres angulaires de la défense des Warriors l’année dernière, le départ de Payton II est particulièrement regrettable. La franchise a réussi à signer Donte DiVincenzo pour compenser, une superbe opération, mais une probable régression tout de même. L’apport de JaMychal Green pourrait également être déterminant si Steve Kerr arrive à exploiter son potentiel.

La majorité des cadres sont toutefois toujours en place. Stephen Curry, Andrew Wiggins, Draymond Green, Jordan Poole, Kevon Looney et Klay Thompson ne vont nulle part. L’effectif s’est sans doute affaibli pendant l’intersaison, mais il conserve ses plus grandes forces. Assez pour retrouver le chemin des Finales NBA ? Sur le papier, certainement. Sur le terrain, l’avenir nous le dira.

Andre Iguodala jouera aux Warriors pour la dernière saison de sa carrière

La transition vers une nouvelle génération pour assurer la suite

Bob Myers, le GM de Golden State, le sait parfaitement : Curry n’est pas éternel. Le meneur a 34 ans, tandis que Green et Thompson en ont 32. C’est la raison pour laquelle l’équipe a déjà entamé sa transition vers une nouvelle génération.

L’évolution des plus jeunes joueurs de l’effectif pourrait finalement offrir aux Warriors un roster encore plus performant que celui de l’année dernière. Surtout, la construction d’un projet autour de jeunes avec de tels mentors est certainement le meilleur moyen de prolonger la dynastie. C’est notamment ce qui a permis aux Spurs de durer si longtemps, de David Robinson à Kawhi Leonard, en passant par Tim Duncan et Tony Parker.

"Il est rare, je pense, qu’une équipe championne revienne avec beaucoup de jeunes talents qui ont une chance d’obtenir du temps de jeu. J’aime cette dynamique", résume sobrement Steve Kerr au micro de Tim Kawakami.

Jordan Poole est clairement le visage de ces nouveaux guerriers, prêts à reprendre le flambeau le moment venu. À 23 ans, il sort d’une saison à 18,5 points et 4 passes de moyenne. L’une des révélations de l’année. L’arrière garde une certaine marge de progression et semble promis à une grande carrière dans la ligue.

Derrière lui, des pépites encore plus jeunes. James Wiseman (21 ans), deuxième choix de la draft 2020, devrait réintégrer l’effectif cette année. Son profil physique, du haut de ses 2,13m et 2,28m d’envergure, pourrait faire toute la différence dès la saison prochaine. Sur le long terme, certains experts en parlaient même comme d’un possible futur défenseur de l’année au moment de son arrivée en NBA.

À côté, Jonathan Kuminga (19 ans) est un projet fascinant. Le septième choix de 2021 est un athlète particulièrement prometteur. Parmi les plus jeunes joueurs de la ligue, il a su s’imposer dans la rotation des Warriors dès sa première année, avec 16,9 minutes par rencontre. Il affiche des moyennes de 9,3 points et 3,3 rebonds à 51,3% au tir sur la saison régulière. Très en avance, il a pu disputer trois matches de playoffs en tant que titulaire, un record de précocité.

Moses Moody, 14e pick de la même cuvée, dispose également d’un potentiel intrigant. Il devrait devenir, si tout va dans son sens, un excellent 3-and-D dans le système de Steve Kerr. Cette année, la franchise a réussi à récupérer Patrick Baldwin Jr avec son 28e choix. Un prospect très talentueux, qui a chuté dans la draft après une saison très difficile en NCAA.

Golden State peut compter sur un young core remarquable pour son avenir. Une anomalie pour une équipe championne, qui a tant gagné sur les dernières années. Si ces joueurs arrivent à exploiter leur potentiel, la dynastie Warriors pourrait bien continuer de vivre avec eux.

Un projet des Warriors mis à l’épreuve par la free agency

Le problème que rencontrent toutes les grandes équipes est celui des finances. Avoir tant d’excellents joueurs implique nécessairement que tout le monde ne peut être payé à sa juste valeur. Les échéances contractuelles à venir sont les plus grosses menaces pour la continuité du projet.

Les Warriors n’ont plus qu’un mois pour proposer une extension de contrat à Jordan Poole, sans quoi il deviendra agent libre restricted l’été suivant. Les négociations commenceront début octobre, d’après le front office. L’issue de celles-ci posera un véritable jalon pour les plans de la franchise.

Il ne fait aucun doute que le GM Bob Myers compte sur son arrière prometteur pour l’avenir. Toute la question est celle du montant. Golden State a d’autres dossiers sur les bras pour l’intersaison 2023 et risque sérieusement de perdre certains de ses cadres.

En parallèle, Draymond Green dispose d’une player option de 27,5 millions de dollars pour la saison 2023-2024. Il pourra ainsi choisir de la décliner pour devenir free agent et réclamer le contrat maximum qu’il pense mériter.

Andrew Wiggins, joueur vital pendant les Finales, sera pour sa part agent libre non restreint. Il devrait, compte tenu de ses performances, demander un salaire important. Ces trois dossiers constituent les priorités des dirigeants. Leur gestion sera absolument cruciale pour rebâtir une vraie dynastie à San Francisco.

"Nous voulons tous ces gars-là. Pouvons-nous tous les garder ? Je ne sais pas. Cela dépend des futurs montants. Des demandes et de ce que nous pouvons faire. Nous ne sommes pas encore en mesure de prendre ces décisions. Certaines de ces décisions peuvent être prises dans les deux prochaines semaines, d’autres dans les sept ou huit prochains mois", explique ainsi Myers.

Ces échéances sont si urgentes qu’elles relèguent l’extension de Klay Thompson au second plan. Il arrivera au terme de son engagement en 2024, ce que le front office ne peut ignorer dans ses prochaines décisions. Ils ne peuvent pas non plus faire avancer sans penser à l’avenir de Wiseman, Moody et Kuminga, qui devront tôt ou tard signer un nouveau contrat eux aussi.

La domination de Golden State sur le parquet dépendra énormément du dénouement de ces affaires en dehors du terrain. Les Warriors ont les armes pour réaliser le doublé. Les Warriors ont les armes pour relancer leur dynastie. Maintenant, ils devront les utiliser avec intelligence et précaution pour parvenir à rétablir leur hégémonie.