Wembanyama veut un kop de supporteurs à San Antonio : pourquoi ça peut être compliqué

Un kop, ça se bâtit dans la rue, pas au guichet : à 999$ l’adhésion, San Antonio risque d’acheter du bruit plus qu’une ferveur.

Wembanyama veut un kop de supporteurs à San Antonio : pourquoi ça peut être compliqué

L’idée est séduisante sur le papier : importer en NBA un kop « à l’européenne », tambours, chants et ferveur continue, pour pousser les Spurs derrière Victor Wembanyama. Le projet est même très concret : casting annoncé (avec Wemby présent), obligation d’être là à au moins 75% des matches à domicile, promesse d’animation « façon Europe ». Et, détail qui pourrait tout changer, une adhésion à 999$ – formulée comme telle par ESPN – qui pourrait s’ajouter au coût de l’abonnement (ce n'est pas encore très clair). Beau concept… mais tout, dans la manière et le contexte, laisse penser que ça risque de sonner creux. Antoine et Shaï ont abordé le sujet dans le CQFR du jour.

D’abord parce qu’un kop ne se décrète pas. En Europe, les groupes d’ultras naissent d’eux-mêmes : histoire, codes, rites, hiérarchie informelle. Ici, on parle d’un casting – littéralement un concours d’entrée – pour sélectionner des « ultras ». C’est l’inverse de l’ADN recherché. Le signal envoyé est paradoxal : « venez faire du bruit… mais passez d’abord l’audition ». Résultat probable : un rendu un peu factice, avec des volontaires motivés, certes, mais sans cette sève organique qui fait la cohésion d’un virage.

La méthode Wembanyama : faire travailler le corps autant que l'esprit

Ensuite parce que le public NBA n’est pas celui d’un kop. San Antonio, comme partout, vit d’abonnés qui payent cher pour un confort premium, pas pour se lever 48 minutes, battre le tambour et entonner des chants sur Wembanyama. Cette culture-là existe aux États-Unis, mais à la fac, où les « student sections » mêlent proximité, codes campus et énergie collective. En NBA, le mardi d’un back-to-back, avec du load management dans l’air, convaincre des fans – même triés – d’animer sans discontinuer tient du défi.

Troisième angle mort : le modèle économique. Si l'abonnement de 999$ vient bien en plus de l'abonnement classique, cela ferait très cher pour appartenir au groupe. Et ça pourrait donner l'impression de transformer la ferveur en produit dérivé. On promettra sans doute des « avantages » (rencontres, promos boutique…), mais l’équation revient à payer pour pouvoir chanter. Or l’esprit d’un kop, ce sont des classes populaires qui s’approprient la tribune, pas des « membres premium ». Le risque est clair : acheter l’ambiance plutôt que la fédérer.

Evidemment, si le prix de 999$ comprend l'abonnement à tous les matches à domicile, là, ce n'est plus la même histoire et ça devient, bien sûr, très intéressant à la fois financièrement et qualitativement pour les fans. Pour le moment, rien n'est vraiment très clair à ce sujet. ESPN explique : "There's a $999 membership cost to be in the new club, and it comes with some privileges such as discounts and the chance to meet surprise special guests". Rien n'est précisé sur le fait que ce prix comprend ou non l'abonnement. A suivre, donc.

Un kop de supporteurs est possible... si ce n'est pas un produit marketing

Quatrième écueil : la constance. Chanter fort un soir de choc national télévisé, c’est simple. Chanter fort contre Charlotte un mercredi, quand l’équipe est fatiguée et que l’affiche n’emballe personne, c’est le vrai boulot d’un kop. Or ici, l’engagement demandé (75 % des matches) est lourd, et il faudra garder la même intensité match après match, dans une saison longue et inégale.

Enfin, le décalage culturel. Wembanyama a connu en Europe des salles où les kops structurent l’ambiance. Il veut créer ce pont à San Antonio – initiative louable. Mais comme on l’a rappelé, même quand la NBA s’inspire (les Clippers et leur « mur » façon Dortmund), on reste sur un habillage plus que sur une transplantation fidèle : le cœur, les codes, la sociologie du virage ne suivent pas.

Au fond, l’idée de Victor Wembanyama n’est pas impossible… si elle devient organique : qu’un noyau dur se forme par passion, qu’il vive en dehors du marketing, qu’il impose ses rites et tienne dans la durée. Mais un kop par casting et adhésion à 999$, c’est probablement un kop sans âme : bruyant par séquences, joli en plan-large, oubliable quand les tambours se taisent.

Voir l'intégralité du CQFR du jour :

Est ce que la Spurs Nation France peut avoir un espace attitré ? :)
https://spursnationfrance.com
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Voilà, bel article, dommage que les prémisses soient fausses donc foutent tout le raisonnement en l'air.

999 dollars, ce n'est pas en plus mais ça inclut les places soit moins de 25 dollars par match.

Donc ça va marcher et c'est une très bonne idée.

Peut-être mieux vérifier les infos la prochaine fois ?
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Rien n'est très clair à ce sujet en fait
Ca peut être en plus... ou pas
difficile de trancher dans un sens ou dans l'autre
Mais peut-être as tu plus d'infos que nous ?
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https://www.basketballinsiders.org/news/spurs-victor-wembanyama-launch-new-supporters-section/
"For the chosen winners, membership will cost $999, which will include tickets and parking passes to all Spurs home games to participate in the new section. Members also will receive exclusive Spurs gear as well as a 15% discount in the Spurs Fan Shop."
Effectivement ça comprendrait bien les places ainsi que les places de parking !!
Il risque d'il y avoir beaucoup de candidats !!
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