Les 5 erreurs fatales de Phil Jackson

Les 5 erreurs fatales de Phil Jackson

Le corps est à peine froid qu'il faut bien se livrer à une autopsie de l'épouvantable expérience de Phil Jackson à la tête des New York Knicks.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Dans quelques heures, Phil Jackson ne sera plus le président des New York Knicks. Pour les fans de la franchise, il s'agit d'un soulagement. Pourtant, comment imaginer que le meilleur coach de l'histoire de la NBA - le plus titré tout du moins - deviendrait en trois ans seulement un indésirable à Big Apple ? On savait que la fonction lui était étrangère et qu'un temps d'adaptation à "la nouvelle NBA" serait nécessaire. Mais après trois saisons désastreuses sportivement et incohérentes politiquement, il fallait se rendre à l'évidence. Le Zen Master, aussi légendaire soit-il, n'était pas l'homme de la situation pour une organisation dont le propriétaire James Dolan est déjà un problème en soi. Depuis son retour aux affaires en 2014, Phil Jackson a multiplié les erreurs de communication et d'orientation. Voici celles qui ont probablement le plus entaché son mandat.

Melo et la clause empoisonnée

L'été 2014 est agité pour Carmelo Anthony, free agent et tenté par les challenges que lui proposent Houston et Chicago. Les deux franchises mettent les petits plats dans les grands pour le convaincre. "Melo" signe finalement un nouveau contrat de 5 ans avec les Knicks. Le deal était trop avantageux financièrement et sur le plan familial. Le choix de Phil Jackson de vouloir miser sur l'ailier All-Star se tient. Anthony reste un atout marketing important et un joueur de très haut niveau. Ce n'est que quelques jours plus tard que l'on prend connaissance de la pilule empoisonnée contenue dans cet accord. Carmelo Anthony dispose d'une "no-trade clause" lui permettant de bloquer toute tentative de trade effectuée sans son consentement. Seuls deux autres joueurs dans la ligue détiennent ce super-pouvoir : LeBron James et Dirk Nowitzki. Deux champions NBA. Deux légendes de la ligue. "Melo" entrera au Hall of Fame (plus pour ses exploits avec Team USA que sa carrière NBA) et son talent est indiscutable. Mais à quel moment Jackson s'est-il dit qu'inclure une clause si pénalisante était une bonne idée ? Voilà deux ans que ce paramètre bloque toute possibilité de reconstruction pour les Knicks. Ce n'est pas de la faute d'Anthony, évidemment dans son bon droit. S'il avait fait de cette clause une condition sinequanone pour rester, personne n'aurait blâmé le Zen Master pour être passé à autre chose tant elle est déraisonnable et pénalisante. Mais Phil avait la possibilité de dire non et se laisser une marge de manoeuvre au cas où les choses tourneraient au vinaigre. Ce qui a été le cas... Tous les autres mauvais choix sportifs ont rendu cette clause détestable et handicapante. Aujourd'hui encore, le "mercato" des Knicks est paralysé et Jackson, mauvais joueur, a tenté de faire de Melo le responsable des maux des Knicks en le critiquant publiquement. Pas classe.

Le triangle des Bermudes

Lorsque Phil Jackson revient aux affaires en 2014, il est formel. S'il a accepté ce poste, c'est qu'il ne peut plus coacher. Physiquement, les déplacements sont difficiles à supporter et sa santé n'est pas optimale. La distance avec sa compagne Jeanie Buss est également un problème. La logique aurait voulu qu'il chapeaute le coach en place tout en lui laissant une vraie marge de manœuvre sur le plan tactique. Raté. Le Zen Master a fait de Derek Fisher et Kurt Rambis ses pantins en leur imposant son obsession pour l'attaque en triangle, une stratégie dont l'application sous sa forme traditionnelle paraît obsolète. Via les chroniques son ami Charley Rosen, Jackson a également fait passer les joueurs pour les principaux responsables de l'échec de cette tactique. Pas assez malins ou cultivés sur le plan du basket pour que la mayonnaise prenne soi disant... Lorsque Jeff Hornacek, coach de l'année 2014 avec Phoenix, débarque à NYC en 2016, tout porte à croire que Phil a retrouvé la raison. Hornacek n'est pas un adepte du triangle et on s'attend à ce qu'il ait les mains libres pour imposer une identité nouvelle à cette équipe. Encore raté. En interne, Jackson trouve les options de l'ancien joueur du Jazz curieuses et lui demande rapidement de changer son approche. L'effectif bancal que lui a concocté son président n'aide pas Hornacek et les Knicks sont à nouveau l'une des pires équipes de la ligue. Jamais, durant ces trois ans, Phil Jackson n'aura eu la distance nécessaire avec le terrain inhérente à son job.

La Rose était close

C'est un grand classique dans l'histoire récente des Knicks. Dès que le roster commence à être un peu cohérent, la direction le fait voler en éclats. New York semblait aller dans la bonne direction avec des éléments comme Robin Lopez et Arron Afflalo pour équilibrer un effectif axé autour de Carmelo Anthony et Kristaps Porzingis. C'est là que Phil Jackson a décidé de tout bousculer. D'accélérer le rebuilding mode en envoyant Lopez, Jerian Grant et un tour de Draft à Chicago pour récupérer Derrick Rose. Sur le plan marketing, l'opération n'est pas illogique, puisque l'ancien MVP fait toujours vendre des maillots. Sur le plan sportif en revanche, le meneur n'est plus du tout le même sur le terrain et son contrat, même pour un an, a plombé la masse salariale sans performances en contrepartie. Pire, en plus d'être à peine correct sur le terrain, Rose et son "absence sans permission" juste avant le coup d'envoi d'un match au beau milieu de la saison, a mis en lumière la réticence de Phil Jackson à prendre ses responsabilités. Ce dernier aurait dû être en première ligne pour corriger le flou autour de la situation de son meneur. Rassurer tout le monde, désigner un responsable et sanctionner au besoin. Les médias l'attendent encore sur ce sujet...

Noah, no way

On aime "Jooks" et on ne pouvait que souhaiter sa réussite et son retour en forme à New York, dans "sa" ville. Malheureusement, voir Phil Jackson lui offrir 72 millions de dollars sur 4 ans dès l'ouverture du marché et plomber un peu plus les finances des Knicks était un signe avant-coureur de la catastrophe. Le style de jeu de l'équipe ne lui a pas convenu. Et ses problèmes physiques ont rapidement privé le public du Garden de son profil de point-forward agressif en défense que l'on pouvait voir à l'oeuvre à Chicago. Sa suspension pour usage d'un complément alimentaire considéré comme dopant en fin de saison, alors qu'il était déjà out jusqu'à la prochaine, n'a pas arrangé la perception de ce deal pour les fans. Celui qui aurait dû être l'un des symboles de cette équipe a été l'un de ses handicaps. Un de ses paramètres les plus dysfonctionnels. Une preuve que les Knicks ont presque constamment mis leurs oeufs dans le mauvais panier.

La gestion létale du Letton

C'est probablement la manière avec laquelle Phil Jackson a traité le Letton qui a fait définitivement comprendre à tout le monde qu'il avait atteint le point de non retour. Porzingis est, à l'heure actuelle, le seul rayon de soleil de la franchise. La seule raison pour laquelle il est possible d'entrevoir un avenir enthousiasmant pour les Knicks à moyen terme. Malgré ça, Jackson ne l'a ni protégé, ni mis en valeur la saison passée. Pire, au moment où "KP" a commencé à émettre des doutes sur la gestion de l'équipe et à demander des garanties, le boss a pris la mouche et est parti en croisade contre lui. Vexé comme un adolescent... Comment imaginer, il y a un an de cela, que Kristaps Porzingis puisse être mis sur le trading block ? Sans doute s'agissait-il d'un coup de pression. Toujours est-il que ce n'est pas de cette façon que l'on met un joueur en confiance ou que l'on arrange la situation avec lui si celle-ci s'est envenimée. Il n'est d'ailleurs même pas sûr à la base que l'intérieur letton était un choix de Jackson. Rappelons que ce dernier avait craint, publiquement, que Porzingis ne soit "un nouveau Shawn Bradley". Même une vidéo Youtube criarde et réductrice permettait à l'époque de voir que les deux hommes avaient comme seul point commun leur gabarit...  
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