Pour ou contre… le choix de Danny Ainge

Danny Ainge a décidé de se séparer d'Isaiah Thomas pour faire venir Kyrie Irving. Une décision qui n'a pas fait l'unanimité au sein de la rédaction.

Pour ou contre… le choix de Danny Ainge
Danny Ainge a surpris son monde en dégainant à la fin de l'été. Les Boston Celtics ont envoyé Isaiah Thomas, devenue une icône de la franchise, Jae Crowder, Ante Zizic et le premier tour des Nets en 2018 pour récupérer Kyrie Irving. Une décision que certains applaudiront avec force, mais qui ne manquera pas de décevoir les fans de "IT"...

POUR

Alexis RABUTÉ, @AlexisRabute Danny Ainge a beau être le plus Celtic des Celtics, il n’en reste pas moins un General Manager objectif et compétent. Or, en NBA, comme dans tous les sports professionnels, la compétence fait très rarement attention à l’aspect affectif. Dans ce trade, si l’aspect équitable du trade peut être débattu, la fibre émotionnelle n’a malheureusement plus sa place. C’est un trop gros move pour qu'elle entre en ligne de compte. Isaiah Thomas jouit, à raison, d’une image exceptionnelle à Boston. Arrivé sur la pointe des pieds, il est devenu un candidat au MVP et a porté l’équipe sur ses finalement très larges épaules. Il a même bravé le tragique décès de sa soeur pour écrire sa légende à Beantown. C’était inespéré, ce qui rend le story telling encore plus beau. Sauf que la réalité a rattrapé les Celtics. Kyrie Irving apporte plus de garanties aux yeux d’Ainge. Pourquoi n'aurait-il pas dû tout faire pour récupérer Uncle Drew ? Parce que l’équipe en place vient de faire une finale de conférence ? Beaucoup parlent du manque de reconnaissance d’Ainge envers Thomas et Jae Crowder. N’oublions pas que c’est Boston qui a donné sa chance à Thomas en tant que leader et que c’est Stevens qui a fait de Crowder un ailier reconnu. Certains verront du cynisme dans ce choix, d’autres du pragmatisme. C’est aussi ça, diriger. Une partie des fans des Celtics était logiquement attachée à Thomas et Crowder, symboles de ce que l'on décrit souvent comme la "Celtic Pride". Ce sentiment de fierté, cet esprit combatif qui serait propre à la franchise du Massachusetts. Que ce soit réel ou juste du folklore, Danny Ainge n'a pas à mener sa barque en fonction de cela. Pas à une époque où les superteams se multiplient avec des prétentions plus crédibles au titre suprême. Les dernières personnes à avoir construit leurs franchises sur des critères de copinage ou d'intérêts personnels en ont fait les frais. Même s’ils vont en Finales chaque année, les Cavaliers ne regrettent-ils pas d’avoir surpayé Tristan Thompson pour faire plaisir à James ? Les Clippers ont-ils eu raison de conserver Austin Rivers à ce prix pour faire plaisir à son père ? La NBA est un milieu concurrentiel et dur. Lorsqu’on est GM, il faut mettre de côté ses émotions, aussi fortes et intenses soient-elles.

CONTRE

Shaï MAMOU, @ShaiMamou Je ne voulais pas croire Bill Simmons quand il disait, au beau milieu d'un podcast, que Danny Ainge vendrait père et mère pour un bon trade, même si le trade en question devait impliquer Isaiah Thomas. On était alors fin mai et "IT" sortait d'une période tragique mais absolument admirable et digne d'entrer dans l'histoire pourtant déjà riche des Celtics. Au courage et au talent, Thomas avait porté à bout de bras Boston pour renverser les Bulls au 1er tour, se défaire des Wizards en 7 matches accrochés avec un game 1 culte à 53 points en demi-finale, puis prendre un match aux Cavs invaincus en finale de Conférence. Combien auraient aussi brillamment défendu les couleurs de la franchise après avoir perdu leur soeur dans un accident de voiture à quelques heures du début des playoffs ? La décision de Ainge, plutôt conservateur dans son approche ces dernières années, n'est pas dénuée de sens. Kyrie Irving est un crack de 25 ans, déjà passé à l'épreuve des Finales et dont le contrat court jusqu'en 2019. Isaiah Thomas va sur 29 ans, sera en fin de bail en 2018 et doit constamment combattre un déficit de taille et des lacunes défensives qui ont souvent obligé Brad Stevens à le "planquer". En revanche, elle est complètement dénuée de passion. La NBA est un business. Tous ses acteurs ne cessent de le répéter à chaque trade ou décision susceptible de fâcher un individu ou une fanbase. On l'a bien compris. Mais n'y avait-il pas, ici, moyen de récompenser la combativité, l'implication et le talent de Thomas, que ce soit par un beau contrat ou simplement quelques mois de patience supplémentaires ? Histoire de jauger sa capacité à être le meneur qu'il faut à ces Celtics qui ne visent rien d'autre que les Finales NBA ? A Boston, "IT" était devenu, à juste titre, un "fan favorite" et un membre important de la communauté locale. Avoir des joueurs qui "saignent" vert est important pour les fans des C's. Danny Ainge le sait mieux que quiconque. L'émotion de Thomas au sortir des playoffs et l'amour que lui a témoigné le TD Garden sont indéniables et Kyrie Irving aura fort à faire pour prendre la place de son collègue All-Star dans les coeurs. Même sportivement, l'intérêt de la transaction est discutable. Kyrie Irving est le plus formidable finisseur de sa génération. Mais en quoi est-il un meilleur organisateur de jeu que Thomas ? Si Danny Ainge avait réussi à faire venir John Wall, l'un des rares à afficher un gros volume au scoring et à la passe, j'aurais pu mettre de côté la gêne ressentie devant ce trade explosif. Mais il ne me paraît pas évident qu'Irving soit plus adapté au style très altruiste et collectif du groupe mis sur pied ces dernières années. La perte de Jae Crowder ne doit pas non plus être minimisée, tant son profil semblait adapté à un possible coup d'état à l'Est face à des Cavs en perte de vitesse. "Uncle Drew" me donnera peut-être tort et fera des miracles pour prouver qu'il méritait davantage de reconnaissance à Cleveland. A lui d'ôter ce petit arrière-goût amer que ceux qui ont vibré devant l'abnégation et le talent de Thomas ont forcément en bouche aujourd'hui à Boston.