Débat : Les Celtics doivent-ils trader leur premier choix ?

Sur cette question cruciale de l'intersaison, nos avis divergent. Et, comme le faisait remarquer Desproges, dix verges, c'est énorme.

Débat : Les Celtics doivent-ils trader leur premier choix ?

Complètement pour que les Boston Celtics tradent leur 1st pick

Déjà, rappelons que rarement un GM a eu de tels problèmes de riches. Danny Ainge est un vrai stratège, l’un des derniers de cette ligue. Il sait donc que la qualité principale à son poste reste le juste mélange entre pragmatisme et prise d’initiatives. Pour l’instant, il a eu tout bon. Si cela a pu étonner parfois (comme en février dernier), avoir gardé ce pick prend tout son sens aujourd’hui. Il a atteint sa valeur maximale - surtout dans une cuvée qui contient des joueurs du calibre de Markelle Fultz ou Lonzo Ball - et c’est bien pour cela qu’il doit l’échanger. C’est la logique de la politique sportive prônée par la direction des Boston Celtics. L’histoire va dans ce sens.

Boston n’est pas dans une logique de reconstruction. Il est vrai qu'il est difficile de trouver un prospect aussi intéressant que Fultz. Sauf que dans le cas de cette franchise, on parle d’une équipe qualifiée pour la finale de conférence. Comme le dit leur leitmotiv, "ce n'est pas de la chance". Les Celtics suivent leur feuille de route. Ils ont trouvé un excellent coach avec Brad Stevens. Même si Isaiah Thomas n’est pas le plus jeune, il a prouvé qu’on pouvait miser sur lui au haut niveau. C’est la vraie réussite de ces dernières années. Surtout, la signature d’Al Horford l’été dernier a annoncé la couleur. Ainge veut gagner rapidement, pas dans 5 ans.

Miser sur ne serait-ce que du moyen terme désavouerait finalement la politique appliquée par la franchise l’été dernier. Ce ne serait pas la première incohérence constatée en NBA ces dernières années, mais ce n’est pas le style des Celtics. Avec ce premier choix de Draft, ils disposent du meilleur atout pour réaliser la bascule de "bonne équipe de playoffs" à contender à l’Est. Il faut parfois faire des paris, et cela a réussi à Ainge récemment. Le GM peut d’ailleurs le faire avec une certaine sécurité. Il dispose encore du pick 2018 des Nets qui risque d’être à nouveau haut placé.

Le choix crucial de la cible pour les Boston Celtics

La seule question reste maintenant de savoir quel joueur viser du côté de Bean Town. Avec une telle contrepartie, il faut se concentrer sur de vraies valeurs sûres. Ce ne sera pas l'un des membres du "Top 4" (LeBron James, Stephen Curry, Kevin Durant et Kawhi Leonard). Faut-il renoncer pour autant ? La meilleure option reste Paul George. Malgré ses envies de retour en Californie, un projet comme celui des Celtics lui offrirait des chances de titre immédiates. PG a déjà joué face à James les yeux dans les yeux, il peut le faire à nouveau. Le doute existe un peu plus sur Jimmy Butler. Très bon joueur, il n’apporterait pas forcément autant de garanties que le Pacer, même s’il serait très complémentaire de Thomas. En revanche, son état d'esprit et sa combativité correspondent totalement à celui apprécié au sein de la "Green Nation".

[caption id="attachment_346407" align="alignright" width="318"] Paul George fait toujours fantasmer les fans des Boston Celtics.[/caption]

L’avantage pour les Celtics, c’est qu’ils ne sont pas obligés de se concentrer uniquement sur les joueurs en partance. Avec un premier choix de Draft, Boston peut sans doute faire hésiter n’importe quelle franchise au moment d'entamer des négociations. S’il est assez malin (et on a aucun doute là-dessus), Ainge peut par exemple mettre le doute à New-Orleans en proposant un beau package pour DeMarcus Cousins. La venue du pivot est un éternel serpent de mer, mais elle ferait passer un cap aux Celtics. Brad Stevens a probablement les aptitudes pour canaliser Boogie.

Ce qui est certain, c’est que Boston doit tenter un coup. Jamais les Celtics n’auront une meilleure contrepartie que Markelle Fultz à proposer pour faire venir l'un des 15 meilleurs joueurs de la ligue et renforcer un effectif déjà séduisant et admirablement coaché. Les Cavs l'ont fait en 2014 alors même qu'ils tenaient l'un des plus gros prospects depuis longtemps en la personne d'Andrew Wiggins pour faire venir Kevin Love. Certes, les Celtics n'ont pas LeBron dans leur effectif, mais la tactique pourrait s'avérer là aussi payante.

Il est temps d’aller concurrencer réellement King James et les Cavs. Le faire chuter de son trône dans les deux ans qui viennent avant que les rhumatismes et l'usure ne le gagnent aurait un certain panache...

Alexis Rabuté @AlexisRabute

Les Boston Celtics doivent garder Markelle Fultz

Voilà comment je vois le truc : le basket a beau être un sport collectif, on se rend compte année après année que l’équipe qui possède le meilleur joueur sur le terrain finit quasiment toujours par prendre le dessus. Une superstar vaut généralement plus que deux ou trois All-Stars. C’est comme s’il y avait des catégories entre les joueurs.

La catégorie des méga-stars

Pour l’instant, il n’y en a que quatre en NBA : LeBron James, Stephen Curry, Kevin Durant et Kawhi Leonard. Si votre équipe favorite ne possède pas l’un de ces quatre gars, alors elle ne sera pas championne NBA. Ni cette saison, ni la suivante. Karl-Anthony Towns a le potentiel pour atteindre ce niveau. Un Anthony Davis en bonne santé et bien entouré est censé faire partie de cette catégorie.

Les superstars

Communément appelées les Franchise Player. Les John Wall, Chris Paul, Giannis Antetokounmpo, Russell Westbrook, James Harden, etc. Le reste des dix, quinze meilleurs joueurs du monde. Des mecs autour duquel une équipe peut se construire tout en sachant pertinemment que ça sera peut-être insuffisant pour battre LeBron, KD ou Curry.

Les stars ou All-Stars

A ne pas confondre avec les superstars. La différence se fait généralement au nombre de nomination dans l’une des All-NBA Team. Les superstars sont habituées  à terminer dans l’un des trois meilleurs cinq de la saison. Les All-Stars ont tendance à exploser sur quelques années de suite, à se maintenir au niveau. Les plus astucieuses d’entre elles, comme Kevin Love, Klay Thompson ou Al Horford, se développent en troisième option en sein d’une équipe qui joue le titre. [caption id="attachment_389715" align="alignright" width="350"] Markelle Fultz a le potentiel pour devenir une mégastar.[/caption] Tout ceci étant dit, voilà le deal : Boston n’a aucun joueur dans la première catégorie. Même Isaiah Thomas commence à peine à accéder au statut de superstar et il se rapproche déjà de la trentaine. Si les Celtics venaient à transférer leur pick, ils ne récupéreraient probablement pas l’une des méga-stars : Paul George est un joueur du calibre de la deuxième catégorie. Jimmy Butler est à mi-chemin entre le troisième et le deuxième chapeau. Blake Griffin semble grillé physiquement. Bref, même en associant des noms, cette équipe – qui perdrait sans doute en profondeur de banc – aurait finalement une chance minime de battre LeBron. La dernière équipe à avoir fait tapis pour prendre les Cavaliers a pris un sweep. Mesdames et messieurs, vos Toronto Raptors. C’est clair qu’une formation avec Thomas, Butler ou George, Horford et éventuellement Gordon Hayward (parti pour rester au Jazz) a de la tronche. C’est beau sur le papier et ça promet une belle bataille. Mais soyons réalistes : aujourd’hui, Cavaliers et Warriors sont bien au-dessus du lot. Thomas, Butler, Hayward, Horford, ça reste inférieur à Curry, Durant, Thompson, Green. Alors pourquoi hypothéquer son avenir pour une chance infime de gagner un titre ? Markelle Fultz a le potentiel pour devenir un jour une méga-star. Il n’a aucune faiblesse apparente. Dans le pire des cas, il est destiné à s’imposer comme une superstar… à une époque où LeBron James aura 36 ou 37 ans.  La NBA se cherchera un nouveau boss. Et avec un joueur de ce calibre, les Boston Celtics seront prêts à prendre le relais. Il leur faut juste être patients, continuer à essayer de chatouiller les Cavaliers autant que possible (et Markelle Fultz devrait être productif dès l’an prochain s’il a du temps de jeu) et attendre l’explosion de leur champion. En espérant que celui-ci rejoigne donc un jour le rang des méga-stars de la ligue. Antoine Pimmel @AntoinePimmel