Le choix de Melo : pas forcément une question d’argent

Si New York part avec une longueur d'avance pour resigner Carmelo Anthony, la course n'est pas aussi déséquilibrée qu'elle n'en a l'air...

Le choix de Melo : pas forcément une question d’argent
Les arcanes du CBA (Collective Bargaining Agreement) commencent à être aussi bien connus des agents que des simples suiveurs assidus de la NBA. Lors de cette période de la "Free-Agency", tout le monde connaît à peu près le principe de base qui veut qu'une franchise, au nom des Droits Bird qu'elle détient sur un joueur, peut le refaire signer pour une année de plus que les ving-neuf autres franchises de la ligue. Cumulée à une augmentation annuelle légèrement supérieure des émoluments, la NBA donne clairement la possibilité aux clubs de garder leurs stars en leur permettant de leur proposer une somme qu'ils ne trouveront nulle part ailleurs. Ainsi, dans la saga Carmelo Anthony qui commence tout juste, les New York Knicks sont en pole-position, ayant statutairement le droit de proposer à leur ailier-star un contrat de 5 ans pour 129,1 millions de dollars. Toutes les autres franchises NBA sont dans le même cas, sans exception. Elles peuvent, au maximum, proposer un contrat de 4 ans pour 95,9 millions de dollars. D'un point de vue strictement comptable, Carmelo Anthony a donc la possibilité, en resignant avec les Knickerbockers, d'empocher 33,2 millions de dollars en plus d'ici à 2019. Néanmoins, comme dirait une pub passant assez souvent sur la première chaine nationale en ces temps de Coupe du Monde, c'est pas fini...

Les Etats-Unis = une association de 50 Etats

Les Etats-Unis étant, par definition, un agrégat de cinquante états différents, les conditions salariales ne sont pas toutes les mêmes selon que vous travailliez à New York, Miami, Houston ou Chicago (car oui, après tout, joueur NBA, c'est aussi un travail)... L'une des autres informations les plus connues des suiveurs NBA est que, dans certains états, les salaires des joueurs ne sont pas assujettis aux taxes et impôts. Miami en Floride et Houston (ou Dallas et San Antonio) au Texas jouent énormement sur cet état de fait pour attirer les free-agents. Ce que l'on sait moins, c'est que si l'Etat en lui-même ne prélève pas de taxe sur le salaire des joueurs, l'Etat Fédéral (celui dont Barack Obama est le Président pour encore 2 ans) récupère tout de même une partie de son dû, quelque soit l'endroit où le joueur décide de poser ses valises. A cette "Federal Tax", immuable dans les 50 Etats de l'Union, peut venir s'ajouter d'autres impôts, comme la "Jock Tax" qui permet aux Etats de taxer les sportifs qui viennent jouer sur leurs territoires. Si New York n'a aucune "Jock Tax" dans ses statuts, l'Illinois (Chicago), la Floride (Miami) ou le Texas (Houston) ont tous les trois cet impôt dans leurs arsenal, à des niveaux de contributions differents néanmoins. Par contre, New York se rattrape, elle, en imposant la "State/City Tax" aux employés travaillant dans l'Etat du Nord-Est des Etats-Unis. Bref, ce gloubiboulga d'impôts divers et variés rend la vision des choses nettement moins monolithique que celle d'un simple "129 vs 95".

De 33 millions à 11 millions d'ecart

Michael McCann, l'expert judiciaire de Sports Illustrated, s'est associé à Robert Raiola, un spécialiste des impôts, pour déterminer avec exactitude quelle somme Carmelo Anthony pourrait réellement toucher s'il venait à signer à Chicago, Houston, Miami ou New York. Si l'écart reste toujours favorable à New York, il n'est plus du tout question de 33 millions de dollars mais bien plutôt d'une somme variant entre 11 et 13 millions de dollars d'ici à 2019. Voici le détail de leurs calculs: Lorsque l'on lit ce compte-rendu ultra-detaillé de ce qui attend Carmelo Anthony d'un point de vue fiscal, la vision de sa décision comme étant strictement guidée par l'argent en prend un sérieux coup. Ainsi, l'ailier multiple All-Star gagnerait toujours le plus d'argent en restant à New York. Avec 5 ans de contrats, 66 millions de dollars, il ne trouvera pas mieux ailleurs, impôts ou pas. Chicago, par contre, doit miser sur l'attrait sportif car, d'un point de vue strictement fiscal et monétaire, les Bulls seraient la pire destination des quatre pour le joueur. Avec une taxe fédérale, une taxe d'Etat et une taxe sur les sportifs, signer dans la ville de l'Illinois l'amputerait de 43,8% de son salaire brut (contre 42,3% pour Miami et 42,4% pour Houston...et 48,4% pour New York!). A ce niveau de notoriété et à ce point de sa carrière, l'ancien Orangeman de Syracuse ne base sûrement plus sa réflexion sur l'argent, ayant déjà gagné plus de 135 millions de dollars (brut, donc que l'on peut sans doute ramener à 65 millions net, en se basant sur les calculs d'impôts faits au-dessus) avec son seul salaire de joueur en 10 ans de NBA. Véritable étendard de la marque Jordan, Melo touche plus de 8 millions de dollars par ans grâce à la marque de MJ, ce qui devrait couvrir les besoins de quelques générations de petits Anthony/Vasquez (pourvu qu'il ne demande pas de conseils immobiliers à Antoine Walker...).

Un contrat plus court pour une carrière plus longue?

L'un des aspects de ces contrats qui pourrait jouer un vrai rôle, par contre, est leur longueur. Né en mai 1984, Carmelo Anthony a pris 30 ans cette année. Avec un contrat de 4 ans, il aurait la possibilité de se remettre sur le marché des free-agents une année plus tot, ce qui peut être un vrai facteur lorsque votre gâteau d'anniversaire arbore 34 ou 35 bougies. En signant à Chicago, Houston ou Miami, Melo pourrait profiter de l'été 2018 pour signer un dernier gros contrat (de 4 ou 5 ans, si le CBA n'est pas remis en cause par les joueurs ou la NBA en 2017 (une remise en cause fort probable, malheureusement) alors que, s'il venait à choisir l'option New York pour 5 ans, il lui faudrait attendre 2019... Bien sûr, tout ceci est conditionné par le fait que le joueur ne mette aucune clause "opt-out", comme il avait pu le faire à New York, ou comme les Tres Amigos l'avaient fait à Miami. Un Sign-and-Trade pourrait également permettre à Melo d'endosser un maillot différent tout en profitant du contrat maximum que seuls les Knicks peuvent lui proposer. Bref, Carmelo Anthony reste tout de même dans une situation idéale, avec plusieurs grosses franchises désirant s'attacher ses services et qui n'hésiteront pas à mettre le prix pour le faire signer. A lui maintenant de voir si une dizaine de millions de dollars de différence sur les 5 prochaines années peuvent avoir une réelle influence dans sa décision, surtout pour un joueur toujours à la recherche de sa première bague de champion.