Analyse : Kyrie Irving est-il surestimé ?

Meneur fantasque et spectaculaire, Kyrie Irving est accusé de ne pas trop se fouler en défense et de ne pas faire gagner son équipe. Alors, superstar ou surestimé ?

Analyse : Kyrie Irving est-il surestimé ?
Le 16 février prochain, Kyrie Irving sera ovationné lors de la présentation du cinq majeur de la Conférence Est. Titularisé par les votes du public, le meneur des Cleveland Cavaliers sera accompagné de LeBron James, Dwyane Wade, Paul George et Carmelo Anthony. Une trajectoire logique pour l’ancien prodige de Duke, drafté en première position en 2011, sacré Rookie Of The Year dans la foulée. L’an passé, pour sa deuxième saison NBA, Irving était convié à la grande messe annuelle de la ligue nord-américaine de basket en tant que remplaçant. Il avait aussi accessoirement disputé le Rising Star Challenge et remporté le concours à trois-points. Mais le natif de Melbourne mérite-t-il vraiment d’être l’égal de Wade, James, Anthony et même George, quatre joueurs présentés comme des superstars ?

La loi des « highlights »

La titularisation de Kyrie Irving au prochain All-Star Game n’est pas si surprenante puisqu’elle est le fruit de la popularité du meneur fantasque. Irving est le type même du joueur charismatique que l’on a envie d’aimer. Il est jeune, il est vraiment très talentueux, son jeu est spectaculaire, il peut prendre feu en attaque à tout moment et, cerise sur le gâteau, il s’est taillé une réputation de star décisive qui lui a valu le surnom de « Monsieur quatrième quart temps ». Une superstar… du marketing en quelque sorte (il a intégré récemment le Top 10 des ventes de maillots). De plus, le personnage génial « d’Uncle Drew » apporte une touche supplémentaire à son aura. La légende Isiah Thomas, double champion NBA, résume plutôt bien l’effet provoqué par Irving balle en main.
« Je me dis toujours : ‘Est-ce qu’il vient vraiment de faire ça ?’ Je suis l’un de ses plus grands fans, j’adore son jeu. »
Kyrie Irving est une machine à « highlights », un phénomène semblable à Blake Griffin mais dans un autre style. L’intérieur des Clippers fait parler sa puissance alors que le meneur des Cavaliers est un magicien avec le ballon. Il faut dire qu’une fois la gonfle entre ses paluches, cela donne ça. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=KoXScndU-qo[/youtube] Ou ça. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=Jclb4i1HJv8[/youtube] Vous l’aurez compris, la fameuse « hype » atour d’Irving est énorme. Le joueur de 21 ans est adulé par certains, mais, équilibre de la grande équation oblige, il est aussi détesté par d’autres. Ces derniers refusent de lui accorder le statut abstrait de « superstar ». Si par-là on entend un joueur abouti qui fait gagner son équipe, alors certes, Kyrie Irving n’est pas (encore) une superstar mais il s’en approche.
« C’est l’un des trois meilleurs meneurs de la ligue actuellement », disait à son sujet LeBron James. « Il fait des choses extraordinaires. »
Comme on a pu le voir plus haut, certaines actions sont effectivement sorties tout droit d’une autre planète. L’an passé, Kyrie Irving faisait sensation. Cleveland étant en reconstruction après le séisme provoqué par le départ de « L’élu », on pardonnait facilement à la nouvelle star de l’Ohio les défaites chroniques de son équipe. La donne a changé. De LeBron James à Kevin Durant en passant par Derrick Rose ou encore Paul George et Chris Paul, la plupart des meilleurs joueurs prennent réellement leur envol durant leur troisième saison dans la ligue (NB : Anthony Davis est une exception). Avec de l’expérience en plus et une équipe plus solide, Irving est donc maintenant attendu au tournant. ESPN l’a placé même au huitième rang de son classement annuel des joueurs NBA en début de saison. D’un point de vue statistiques, le prodige est en retard.
 
Player FG 3PT FT Reb. Misc
Year Team G Min FGM FGA FG% 3PM 3PA 3PT% FTM FTA FT% Off Def Reb Ast TO Stl Blk PF Pts
2011-12 CLE 51 30:32 6.9 14.6 46.9 1.4 3.6 39.9 3.4 3.8 87.2 0.9 2.9 3.7 5.4 3.1 1.1 0.4 2.2 18.5
2012-13 CLE 59 34:42 8.2 18.1 45.2 1.8 4.7 39.1 4.2 4.9 85.5 0.6 3.1 3.7 5.9 3.2 1.5 0.4 2.5 22.5
2013-14 CLE 42 35:05 7.9 18.5 42.8 1.8 4.8 36.5 3.9 4.6 84.6 0.6 2.4 3.0 6.2 2.6 1.3 0.4 2.4 21.5
Totals 152 33:25 7.7 17.1 45.0 1.7 4.4 38.5 3.8 4.5 85.8 0.7 2.8 3.5 5.8 3.0 1.3 0.4 2.3 20.9
Kyrie Irving marque moins de points que la saison précédente mais surtout il est moins adroit ! Les actions d’anthologie du meneur font finalement oublier qu’il a encore des lacunes en attaque, le point fort de son jeu. Malgré les présences de C.J. Miles, Tristan Thompson, Dion Waiters et maintenant Luol Deng, il a encore du mal à réellement impliquer ses coéquipiers. Illustration. Comme on peut le voir sur le chrono, les Cavaliers disposaient encore de quinze secondes pour mettre en place un système. Kyrie Irving a privilégié l'isolation en tête de raquette alors que la défense des Spurs interdisait tout accès au cercle. Le meneur avait pourtant deux options derrière la ligne à trois-points. Irving vient de jouer le pick avec Anthony Bennett. Plutôt que de remettre sur le Canadien, le meneur va s'enfermer vers la ligne de fond où il est bien pris par Anthony Davis. Bennett aurait pu lui-même transférer dans la foulée à Deng ou Waiters. Irving prendra le shoot forcé alors que son équipe avait encore 16 secondes pour mettre en place un système. Les systèmes offensifs des Cavaliers se répètent souvent. Le meneur va servir l'un de ses intérieurs au poste haut avant de couper vers le cercle. Pendant ce temps, l'un des shooteurs - le plus souvent C.J. Miles - profite d'un écran pour se démarquer. Kyrie ressort à l'opposé et revient chercher la gonfle si les Cavs n'on trouvé aucune solution. Les choses se gâtent quand Irving récupère la gonfle en cas d’échec sur la première mise en place. Quel que soit le temps restant sur la possession, le meneur de Cleveland va jouer l’isolation afin de faire la différence en un-contre-un. Cela nous offre donc des paniers spectaculaires mais aussi des ratés et des shoots forcés. L’isolation à outrance a pour conséquence de casser le rythme offensif déjà peu soutenu des Cavaliers. Kyrie a le ballon, ses coéquipiers le regardent faire. Un peu comme Carmelo Anthony aux Knicks. Or l’isolation a évidemment des limites. Dans un grand soir, Irving marque une trentaine de points. Lorsque la défense se resserre, les Cavs sont à court de solutions. Kyrie Irving joue l'isolation, les autres joueurs des Cavaliers observent tous autour de la raquette... Mais doit-on vraiment blâmer Kyrie Irving ? Nous ne sommes pas assez proches des coulisses de la franchise pour tirer des conclusions. Mike Brown, le coach des Cavaliers, n’est pas réputé pour ses systèmes offensifs. Lorsqu’il était aux commandes de LeBron James, l’ancien assistant de Gregg Popovich accordait déjà beaucoup de liberté offensive au « King ». Les systèmes étaient plutôt simplistes. Comme maintenant avec Irving. Evidemment, le meneur se doit d’avoir la balle en main, encore plus si c’est la star de l’équipe. Mais qui de Brown ou Irving insiste pour jouer autant l’isolation ? Difficile à savoir. Le All-Star « utilise » 29% des possessions de son équipe lorsqu’il est sur le terrain. Un chiffre qui le place à la hauteur de joueurs comme DeMarcus Cousins, Russell Westbrook, Carmelo Anthony, Kevin Durant, LeBron James, LaMarcus Aldridge et devant des joueurs comme Paul George et Stephen Curry. Tous les joueurs cités ont un rating offensif supérieur à celui de la star des Cavs (100,3 points marqués sur 100 possessions pour Cleveland lorsque Kyrie est sur le parquet, 104,4 pour « DMC » et jusqu’à 111,7 pour LaMarcus Aldridge). Effectivement, Irving a parfois tendance à abuser sur la gâchette.
« Je ne shoote pas très bien cette saison, c’est clair. On a beau se pencher sur les problèmes et essayer de les régler, je suis un joueur d’instinct. Je dois garder confiance en moi », expliquait le jeune homme en début de saison après un 0/9 aux tirs face aux Hawks.
En tant que joueur instinctif, Irving est donc du style à bouffer du ballon. Ce qui ne l’empêche pas de faire des passes, au contraire. Mais il n’est pas à proprement parler un meneur gestionnaire – mais qui l’est encore aujourd’hui ? Kyrie tente 18,5 tirs par match en moyenne. Seuls Anthony, Durant, Aldridge et Curry ont le droit à plus de tickets shoots. Tous ont un meilleur pourcentage de réussite. Mais cette analyse n’est pas non plus à charge envers le futur meneur de Team USA. Les Cavaliers manquent encore cruellement de cohésion et, en principe, « Mr Clutch » devrait progresser dans le jeu en prenant de l’expérience individuelle et collective (si les dirigeants parviennent enfin à construire un groupe solide). Ses principales lacunes sont donc à chercher ailleurs.

La parole est à la défense

« La défense est la seule chose qui va le séparer des plus grands meneurs. Tout le monde me parle de ses dons en attaque. Mais ils me répètent tous qu’il doit progresser en défense. Je pense qu’il le sait. C’est ce qui le sépare de Chris Paul. Il est extrêmement bon des deux côtés du terrain. Rajon Rondo idem », expliquait Byron Scott, le coach des Cleveland Cavaliers l’an passé.
La défense, encore et toujours. La coutume veut que les superstars soient capables de prendre l’ascendant sur leurs adversaires des deux côtés du parquet. L’an passé, tous les chiffres parlaient en défaveur de Kyrie Irving. Selon 82games.com, les meneurs adverses tournaient à plus de 21 points et 9 passes sur 48 minutes face aux Cavaliers. Les coaches le savent bien et ils en profitent pour mettre le All-Star en difficulté. L’Américano-australien a notamment du mal à défendre sur le pick-and-roll. Il doit donc souvent faire face à la multitude d’écrans posés par les intérieurs adverses au début de chaque séquence offensive.
« Peu importe ce que vous faîtes en attaque si vous n’êtes pas capable de stopper votre adversaire », rajoutait Scott. « La défense démarre avec lui, c’est la tête du serpent. »
Effectivement, le meneur est censé donner le tempo et ralentir la mise en place du système adverse afin de faciliter le travail défensif de ses coéquipiers. Si Kyrie Irving a certes augmenté son volume d’efforts depuis sa saison rookie, il a parfois une passivité déconcertante en défense. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=jVewVjsSG9Q[/youtube] Précisons que cette vidéo met en scène Kyrie Irving lors de sa saison rookie. Malheureusement, le joueur n'a pas fait d'énorme progrès dans ce domaine depuis. La séquence offensive a beau se dérouler de son côté, Kyrie Irving n'était pas en bonne position sur ses appuis. Une simple feinte de démarrage a suffi à Michael Carter-Williams pour prendre le meneur des Cavaliers de vitesse. Le rookie des Sixers n'a plus qu'à conclure près du cercle après avoir réceptionné la passe de Spencer Hawes. Une situation similaire ci-dessus. Encore une fois le pivot porte la balle autour de la ligne à trois-points. D.J. Augustin place une feinte de démarrage et Irving est déjà pris de court. Le meneur des Bulls n'a plus qu'à filer au panier. Action différente mais qui illustre bien la passivité de Kyrie Irving en défense. Le All-Star flottait trop loin de Mike Dunleavy Jr. Résultat, il n'a pas anticipé l'écran sur le shooteur des Chicago Bulls. Il est suicidaire de laisser Dunleavy dégainer dans ce genre de situation. De plus, Irving ne conteste pas le tir. Kyrie Irving est conscient de ses limites en défense et il a répété à plusieurs reprises vouloir progresser dans ce domaine. C’est en partie pour ça que Mike Brown a été recruté à Cleveland. Le garçon a les bonnes intentions, il veut faire les efforts mais on ne sent pas la même envie lorsqu’il défend que lorsqu’il part dans ses envolées ballon en main. En tant que joueur, on peut le comprendre. Mais c’est ce qui le différencie d’un LeBron James ou d’un Paul George, si vraiment on veut comparer le jeune meneur au gratin de la ligue. Comme l’a souligné le reporteur attiré aux Cavaliers pour le Beacon Journal, Jason Lloyd, Irving souffre chaque soir face à son adversaire direct. D.J. Augustin, par exemple, lui a planté 27 points sur la tronche, souvent en prenant le dessus en un-contre-un ou après un pick-and-roll.
« Quels problèmes ? », rétorque la star des Cavaliers qui fait mine de ne pas comprendre lorsque le journaliste lui demande pourquoi il a des difficultés à stopper D.J. Augustin. « La plupart du temps, il était totalement ouvert après le pick-and-roll. Il était libre comme l’air. »
Sous-entendu, ses coéquipiers ne faisaient pas toujours les efforts pour bien couvrir les écrans. Ce n’est pas totalement faux. Les Cavaliers sont loin d’être la forteresse défensive dont rêvait Mike Brown. Mais Kyrie Irving est parfois battu dans le dribble, tout simplement. Face aux Pélicans, Brian Roberts l’a effacé à plusieurs reprises. Ceux qui regardent les matches ont peut-être remarqué qu’Irving était souvent le dernier à revenir en défense sur une contre-attaque adverse. Face aux Bulls, pourtant pas les plus rapides de la ligue, Anderson Varejao se présentait en défense avant son meneur de jeu. Récemment, Ty Lawson lui a collé 19 points et 11 passes dans la poire. Isaiah Thomas, 26, Lillard, 28, Michael Carter-Williams, 33. Calderon a mis 14 points en ne ratant qu’un seul tir. Les meneurs adverses gonflent leurs statistiques face à Irving. Autre chiffre négatif, les Cleveland Cavaliers encaissent 110,6 points sur 100 possessions lorsque Kyrie est sur le terrain et seulement 103,7 lorsqu’il est sur le banc (en revanche, les Cavs marquent moins sans leur prodige). Seuls cinq meneurs titulaires ayant joué au moins 20 matches ont un plus mauvais rating défensif que lui. Il s’agit de Trey Burke, Isaiah Thomas Jr, Michael Carter-Williams, Ty Lawson et José Calderon. Des meneurs certes talentueux mais pas censés jouer dans la même catégorie que la vedette de Cleveland. En termes de « net rating » (la différence entre le rating offensif et le rating défensif), Irving affiche un différentiel de - 6,2. Toujours selon les mêmes critères, seuls Steve Blake, Michael Carter-Williams et Brandon Knight ont un différentiel plus mauvais…

Crise de leadership

Kyrie Irving n’est pas un « two-way player », ces joueurs capables d’assurer des deux côtés du terrain. Mais cette ligue compte très peu de stars répondant à ce profil ! Quelqu’un a-t-il déjà vu James Harden « défendre » ? Evidemment, s’il compte gagner, l’ancien pensionnaire de Duke va devoir s’y mettre sérieusement. Ou faire en sorte que sa franchise embauche un pivot capable de protéger le cercle. Gagner, gagner… justement les Cavaliers ne gagnent pas. Et s’il faut retenir une raison de ne pas accorder ce statut de « superstar » à Irving, c’est son bilan collectif. 2011-2012, première saison NBA. 21 victoires – 43 défaites (31,8% de victoires). Kyrie Irving découvre la ligue. Il prend rapidement les commandes d’une équipe faiblarde. 2012-2013, deuxième saison sophomore. 24 victoires – 58 défaites (29,3% de victoires). Irving décolle d’un point de vue individuel mais ses trop nombreuses blessures handicapent des Cavaliers qui ont pourtant bénéficié d’un choix de draft haut placé. 2013-2014. 16 victoires – 29 défaites, saison en cours (35,6% de victoires). La nullité affligeante de la Conférence Est permet aux Cavaliers de croire encore aux playoffs. Mais la franchise a vécu un début de saison cauchemar. Anthony Bennett est un fiasco à l’exception de son dernier match (le Canadien a du talent, tout n’est pas à remettre sur lui). Andrew Bynum… On ne préfère même pas parler d’Andrew Bynum. Si les dirigeants des Cavaliers ont fait une belle tripotée de mauvais choix, ils ont tout de même voulu aider leur bijou. Ils ont dégoté Jarrett Jack pour amener une présence dans le vestiaire. Puis Luol Deng, un peu pour les mêmes raisons (au-delà de ses qualités sur le terrain). Ils se doivent d’entourer leurs jeunes joueurs de vétérans car Kyrie Irving, censé être le franchise player, a presque toujours évolué avec des rookies/sophomores. Comment s’affirmer comme un vrai leader quand l’équipe n’a aucun cadre pour montrer l’exemple ? Le meneur des Cavaliers a accepté le rôle mais il n’est pas encore prêt. Il veut assumer son statut.
« Je prends l’entière responsabilité de notre mauvais début de saison », scandait-il il y a deux mois. « Je suis la tête du serpent, je dois en faire plus. Je dois être meilleur. Je dois faire des petits trucs en plus sur le terrain mais aussi en dehors. Je dois élever mon niveau de jeu. Je vais faire mieux que ça. »   « Les meilleurs joueurs se trouvent dans les meilleures équipes et si je veux être un très grand, je dois faire gagner mon équipe. »
Outre enseigner quelques tuyaux en défense, Mike Brown devait faire de Kyrie Irving un leader capable de porter la franchises sur ses épaules comme LeBron James a pu le faire avant lui. Même si Irving et James sont deux joueurs au profil différent, ils sont liés d’une certaine manière. Les Cavaliers ont récupéré le premier choix de la draft 2011 après une saison catastrophique et le trou béant laissé par l’exportation des talents du « King » vers South Beach. Irving, 19 ans et même pas 20 matches NCAA dans les jambes, est arrivé avec le rôle du sauveur. Les dirigeants lui ont confié les clés et les pleins pouvoirs dès sa saison rookie ! Difficile pour lui de clairement se remettre en question quand ses dirigeants font bloc derrière toutes ses décisions. Byron Scott, avec son caractère bien trempé, a essayé de titiller un peu son meneur All-Star. Le coach s’est finalement fait licencié dès la fin de la saison dernière. Ces passe-droits accordés à la star ont pu agacer certains de ses coéquipiers et créer des inégalités de traitement dans le groupe. Le vestiaire des Cavs est passé prêt de l’explosion en début de saison. Dion Waiters, un autre jeune joueur talentueux qui a vraiment besoin d’être encadré, a levé le voile sur les méthodes du staff de l’Ohio. Kyrie serait protégé – comme une superstar – et il ne se foulerait pas en défense. Waiters a également pointé du doigt le « jeu entre potes » du meneur et de son ami Tristan Thompson. Selon les différents rapports des journalistes locaux, Thompson et Waiters en sont presque venus aux mains. Le calme est certes revenu dans le groupe mais cette prise de bec en dit long sur le traitement dont bénéficie Kyrie Irving. A peine arrivé, Luol Deng a tenu à comparer les méthodes appliquées aux Bulls et aux Cavaliers.
« Je vais être honnête. Joakim et moi, nous n’étions pas si gentil l’un envers l’autre si l’un d’entre nous ne se donnait pas à fond sur le terrain. Et cela nous a forcés à jouer plus dur. Pareil avec Derrick. On savait quand Derrick ne se donnait pas en défense. S’il ne le faisait pas, on lelui faisait remarquer. »
Comme Irving, Rose a parfois tendance à perdre sa concentration en défense. A la différence près que les joueurs des Bulls n’hésitent pas à rabrouer leur leader… En diplomate, Deng insiste sur la jeunesse de ses nouveaux coéquipiers. Mais la jeunesse n’excuse pas tout. Plus vite les joueurs des Cavaliers adopteront les bonnes attitudes, plus vite la franchise sortira des profondeurs de la Conférence Est. Et plus vite Kyrie Irving sera reconnu comme un vrai leader. Un chef de file qui ne laissera jamais son équipe s’incliner de 44 points face aux Sacramento Kings par exemple.

Le verdict

Qualifier Kyrie Irving de joueur "surestimé" serait d'une certaine manière reconnaître que les attentes autour de lui sont immenses. Le jeune joueur est arrivé dans une franchise complètement meurtrie par le départ de LeBron James. Le contexte en place à Cleveland lui joue finalement des tours aujourd'hui. Car oui, Irving est encore perfectible. Mais le contraire serait plutôt effrayant. Avec de l'expérience et un cadre plus serein, il a le potentiel pour s'imposer parmi les meilleurs joueurs de la planète. De toute façon, il fréquente déjà l'élite de la ligue lors de chaque All-Star Game. A l'automne prochain, il sera probablement prolongé avec un contrat maximum à la clé. Et il n'est pas prêt de s'arrêter là...