Miami Heat, en route vers une nouvelle dynastie ?

Le Miami Heat vient de remporter sa deuxième finale en trois ans. Les Floridiens ont-ils la capacité de créer une dynastie amenée à régner sur la ligue ?

Remporter un titre de champion NBA relève du parcours du combattant. Il s’agit de s’extirper au mieux des 82 matches de la saison régulière, si possible sans trop de dégâts, avant de franchir des obstacles de plus en plus difficiles lors de chaque tour de playoffs jusqu’à l’ultime étape menant vers une bague. Conserver son trophée est une tâche encore plus ardue que seules les très grandes équipes de l’histoire de la ligue ont accomplie (Lakers, Celtics, Bulls, Rockets et donc maintenant le Miami Heat). Que dire alors du « Three-peat », si ce n’est qu’il s’agit d’une mission quasi-impossible. C’est désormais le challenge qui s’offre aux talents de South Beach.

L'objectif de LeBron James : marquer l'histoire

Les néo-doubles champions ont d’autres occupations pour l’instant, ils vont pouvoir se reposer et récupérer du mieux possible des efforts colossaux consentis pendant les 105 matches disputés cette saison. Après des vacances bien méritées, les joueurs d’Erik Spoelstra pourront donc se pencher sur leur nouvel objectif, celui de fonder une dynastie, terme cher aux sports us. Enchaîner les titres et marquer l’histoire de la ligue, c’est précisément pour cette raison que LeBron James a rejoint ses « dos amigos », Chris Bosh et Dwyane Wade, en Floride. Le King n’est pas venu décrocher « un, deux ou trois, quatre, cinq ou six trophées », il a promis une ribambelle de bagues aux fans du Miami Heat lors du célèbre show « The Decision ». Il est désormais face à l’histoire, face à sa propre légende.
« Cette équipe est fantastique, tout ce que j’imaginais en venant ici est en train de devenir réalité », assure LeBron James en conférence de presse, après le sacre des siens. Malgré tout ce que l’on a traversé, nous avons été capables de remporter deux titres de suite. C’est incroyable et je suis heureux de faire partie d’une telle franchise. »  

"Ce n'est que le début" Pat Riley

Ce Miami Heat a-t-il la carrure pour bâtir une dynastie durable ? Certains signes nous laissent à penser que oui, d’autres que non. Première élément, une success story ne se fait  pas sans un grand champion parmi les champions, un joueur dominateur qui plane sur le reste de la ligue. Les Lakers ont eu George Mikan et Shaquille O’Neal, les Celtics, Bill Russell, les Bulls, Michael Jordan et le Heat peut désormais compter sur LeBron James.
« Ce n’est que le début », prévient le président, Pat Riley, tout en sabrant le champagne.
[superquote pos="d"]Avec ce 2e titre, LeBron James s’est libéré d’un poids non négligeable[/superquote]Libéré par son premier titre de champion obtenu sans grande douleur il y a un an de cela, LeBron a réalisé la meilleure saison de sa carrière dans la foulée. Toujours plus fort, toujours plus de records, "The Chosen One" se rapproche de la postérité. Pourtant, le doute persistait encore lorsque le Miami Heat fut dos au mur face aux Texans (mené 1-0 puis 2-1 puis 3-2). LeBron James, libre de manœuvrer autour de la raquette des Spurs, balbutiait son basket et manquait de nombreux shoots ouverts. Rien de tout ça n’est digne d’un joueur sur lequel repose une dynastie, mais le quadruple MVP de la ligue a persisté. Il a continué à avoir confiance en son jeu afin de finalement achever les joueurs de Gregg Popovich. LeBron James a scellé le sort de cette finale en se montrant impérial à mi et longue distance (12/23 aux tirs, 5/10 à trois-points). Le King a ponctué son deuxième titre sur un match à 37 pions, au moment où la pression était évidemment la plus forte. Il n’a encore que 28 ans et possède désormais deux bagues à son doigt. Comme MJ au même âge. Le Miami Heat est passé tout proche de perdre cette finale. LeBron James est donc passé tout proche d’être encore la cible des critiques et des interrogations pendant au moins une (longue) saison. En faisant preuve de sa capacité à dominer en toutes circonstances, il s’est libéré d’un poids non négligeable.

Le Three Peat : un challenge insurmontable ?

Si James sera certainement plus serein l’année prochaine, il y a de fortes chances que les pensionnaires de l’American Airlines Arena soient en revanche épuisés, mentalement et physiquement. Quintuple champion NBA (trois fois avec les Chicago Bulls, deux avec les San Antonio Spurs) et analyste TV, Steve Kerr expliquait dans le BS report, le podcast de Bill Simmons, la difficulté de se hisser trois années consécutives en finale. Il décrivait les Bulls comme totalement éreintés par les performances répétées saison après saison entre 1996 et 1998. Chicago dominait son sujet et pourtant, l’ancien shooteur n’imaginait pas les Bulls disputer une quatrième finale de suite. Les taureaux comptaient tout de même Michael Jordan, Scottie Pippen, Dennis Rodman, Tony Kukoc et compagnie dans l’effectif avant le lockout en 1999… Kerr pense également que l’idée préconçue selon laquelle Chi-Town aurait enchaîné les titres si MJ n’avait pas pris sa retraite en 94 est fausse. [superquote pos="d"]Même si Jordan n'avait pas pris sa retraite en 1994, Steve Kerr pense qu'il aurait été difficile de remporter un 4e titre[/superquote]Emotionnellement, physiquement, mentalement, trois finales disputées consécutivement laissent des traces sur les joueurs. Le Miami Heat a perdu face à Dallas en 2011, a vaincu plutôt facilement (5 manches) le Thunder l’an passé et viennent de remporter un second titre en sept matches. Trois années sous la houlette du Big Three, trois finales. A titre de comparaison, les Los Angeles Lakers sont la dernière équipe à avoir atteint le dernier stade de la compétition trois fois de rang, entre 2008 et 2010. Le parcours des Angelenos a d’ailleurs de fortes ressemblances avec le parcours actuel des Floridiens : une finale perdue en 2008 (face à Boston), une victoire « facile » face au Magic la saison suivante (cinq manches) puis un doublé arraché lors du Game 7 en 2010 (Boston, again).  L’année d’après, Kobe Bryant et sa bande sont sortis sur un sweep face aux Mavericks… On imagine mal le Miami Heat se faire sweeper au sein de la Conférence Est l’an prochain mais attention tout de même. Si LeBron James continue son ascension vers les sommets, nombreux sont ses coéquipiers à se rapprocher de la retraite. Mike Miller, Shane Battier, Udonis Haslem, Ray Allen et… Dwyane Wade (sic) auront tous une année de plus au compteur. Même si on peut compter sur Pat Riley pour trouver de nouveaux vétérans en quête de titre pour compléter l’effectif l’an prochain. Encore une fois, tout le monde voudra la peau du Miami Heat. Et seuls des joueurs de South Beach dignes des plus grandes dynasties de l’histoire de la ligue pourront espérer l’emporter en juin 2014…