Les Nets et les Lakers agacent la NBA

Les Brooklyn Nets et les Los Angeles Lakers se sont méchamment renforcés à la trade deadline. Sans lâcher la moindre contrepartie. Ce qui agace fortement les petits marchés.

Les Nets et les Lakers agacent la NBA
Les Los Angeles Lakers et les Brooklyn Nets sont les deux grands vainqueurs de la trade deadline. En récupérant respectivement Andre Drummond, et LaMarcus Aldridge et Blake Griffin, pour pas grand-chose, ils ont sérieusement renforcé leur effectif. Et montré les limites d’un système qui agace les plus petits marchés. Ça semble être la norme dans tout système économique en ce moment. Les riches deviennent de plus en plus riches. Et les plus pauvres doivent redoubler d’efforts, avoir de la chance et/ou frôler la perfection pour s’arracher à leur condition. Comme dans tant d’autres domaines, en NBA la méritocratie est souvent une grande illusion. Loin de nous l’idée de pleurer pour des proprios et des équipes qui ont la chance de brasser des centaines de millions de dollars. Mais le fait est qu’il est de plus en plus compliqué pour les équipes des petits marchés de rivaliser avec les équipes les plus fortunées.

Les Nets et les Lakers font leur marché pour pas un rond

Cette trade deadline NBA vient d’en donner une énième preuve. En cause : les buyout. Chaque année, des équipes essaient de se débarrasser via un trade d’un vétéran grassement payé dont elles ne veulent plus. Et quand elles ne trouvent pas de deal avec une autre team, elles rachètent son contrat via un buyout. Le joueur accepte une baisse (généralement légère) de rémunération, son club lui paie le reste de son contrat et le libère. Il est ainsi libre de signer pour le salaire veteran minimum, en plus donc de l’argent perçu de son gros contrat racheté. Il peut choisir de signer pour n’importe quelle équipe. Et à ce jeu-là, c’est très souvent les grosses écuries qui en tirent profit. Ces joueurs préfèrent rejoindre un prétendant au titre, ravi de se renforcer à moindre coût.
« Les joueurs qui entrent sur le marché du buyout ne vont regarder que les équipes prétendantes au titre », assure un GM travaillant sur un small market dans un sujet d’Howard Beck sur les buyouts. « Et la plupart du temps, historiquement, leur préférence a été d’aller vers les équipes sur les plus gros marchés. Et ça donne la possibilité à ces équipes d’ajouter des joueurs sur des contrats minimaux qu’ils n’auraient pas été capables d’avoir normalement. »
Dernier exemple en date : le meilleur rebondeur de la NBA, Andre Drummond, débarque aux Los Angeles Lakers. Il continuera à enquiller les rebonds comme les millions, mais ça ne coûtera rien aux Lakers. Ou presque : moins de 800.000 dollars - et encore moins pour la comptabilité par rapport au salary cap - pour un joueur qui en percevait plus de 28 millions : La veille, c’était LaMarcus Aldridge qui signait avec les Brooklyn Nets. Grâce à son buyout, BK ne lui versera que 878.000 dollars pour le reste de la saison. Et ce trois semaines après avoir fait un coup identique avec Blake Griffin. Les gens trouvent les Nets cheatés, ça fait marrer Blake Griffin Comme Andre Drummond, les deux nouveaux Nets ne valent probablement plus les énormes contrats qu’ils avaient signés. A savoir 36,8 millions cette année pour Griffin (et 38,9 millions l’année prochaine) et 24 millions pour LMA. Aucune équipe ne serait prête désormais à débourser de telles sommes pour ces deux joueurs. Mais n’importe laquelle aimerait les choper pour les 2,1 millions combinés qu’ils coûteront à Brooklyn.

Les buyouts, une free agency interdite aux petits marchés

Forcément, ça agace la concurrence :
« On aide juste les riches à être plus riches », se plaint un autre exécutif d’une équipe de petit marché, qui poursuit : « Ça crée un avantage compétitif en faveur des gros marchés, ceux qui attirent. Et c’est une inégalité de plus pour les petits marchés. »
Pendant que les Los Angeles Lakers et les Brooklyn Nets renforçaient leurs armadas gratuitement, les autres équipes lâchaient des contreparties fortes pour améliorer leur roster. Les Nuggets pour Aaron Gordon. Les Bucks pour PJ Tucker. Le Heat pour Oladipo. Ou même les Sixers pour George Hill. Toutes ces franchises ont dû lâcher des joueurs et des choix de draft. Pas les Lakers, ni les Nets pour trois All-Stars aux salaires autrefois mirobolants. Ce ne sont pas ces équipes en elles-mêmes qui soûlent les autres GMs, mais le système qui leur permet de manœuvrer aussi facilement :
« Le système est biaisé. Vous ne devriez pas pouvoir ajouter autant de profondeur à votre équipe sans lâcher des contreparties », explique un autre GM de petit marché.
Au final, les buyouts sont une seconde free agency qui ne dit pas son nom. Et qui revient à moins cher en salaire. Andre Drummond, LaMarcus Aldridge et Blake Griffin avaient beau avoir un contrat, ils étaient comme des free agents. A aucun moment, les Nets et les Lakers n’ont eu à considérer un trade. En revanche, leurs équipes n'avaient pas le choix. Car c’est l’autre souci. Les petits marchés sont obligés de donner des contrats pharaoniques pour conserver de gros joueurs. Généralement, les résultats ne suivent pas, le joueur finit par vouloir rejoindre une meilleure équipe, mais personne n’est prêt à mettre les contreparties équivalentes au contrat. Pas de trade donc. Sauf qu’il leur est impossible de garder un joueur qui veut partir. Ces small markets sont quasi obligés de faire un buyout :
« Si vous ne leur faites pas cette faveur, l’agent va dire ‘je ne t’amènerai plus mes joueurs’. »
Une situation qui rend l'égalité et la compétitivité très compliquées. Déjà que les gros marchés attractifs ont un avantage de facto pendant la free agency, mais si la trade deadline en crée une deuxième dont seuls eux bénéficient, ça devient mission impossible pour leurs rivaux. C’est bien beau de se pâmer devant les armadas construites par les équipes (et par les stars, souvent à l’origine de ces super teams). Mais l’équité est un vrai problème. Si les GMs et les franchises espèrent que ce point sera abordé lors du prochain CBA, ils ne sont logiquement pas optimistes. La NBA est un spectacle et un business. Quelques équipes surarmées comme les Nets et les Lakers sont bien plus rentables pour l’ensemble de la ligue qu’une répartition équilibrée des stars sur tous les marchés. Les riches veulent être toujours plus riches, pourquoi changer le système ? Steve Nash répond aux critiques sur sa superteam : « Rien d’illégal »