L’histoire du pire maillot de tous les temps

En 2003, les Dallas Mavericks ont fait porter à leurs joueurs un maillot tristement resté dans l'histoire du style. Ou de l'absence de style.

L’histoire du pire maillot de tous les temps

Le Basketographe vous avait déjà parlé ici du logo iconique des New York Knicks, ou encore d'un récit impliquant Jack Nicholson, son amour pour les Lakers et... Roman Polanski. Cette fois-ci, il vous conte l'histoire de la tunique fréquemment considérée comme la plus vilaine de tous les temps en NBA. Vous pouvez retrouver tous ses articles sur son site

Depuis l’avènement du marketing dans les 90’s, les maillots sont au centre de toutes les attentions. Les équipementiers et les franchises NBA redoublent d’efforts pour proposer des uniformes qui favoriseront les exploits sportifs et qui pousseront les fans à mettre la main à la poche. Dans cette course perpétuelle à la nouveauté, l’Histoire a montré que les designers n’étaient pas toujours très inspirés. Le Web est d’ailleurs garni de classements en tout genre illustrant avec malice ces couacs esthétiques.

Si les goûts et les couleurs ne se discutent pas, un maillot semble attirer tous les regards. Voici l’histoire du pire maillot de la NBA.

Plantons le décor.

Nous sommes le 28 octobre 2003. La NBA débute la 55e saison de son histoire. Ce soir-là, trois matches sont programmés, dont un très alléchant Lakers-Mavs en tête d’affiche au Staples Center. Dallas est à cette époque une jeune équipe talentueuse et ambitieuse qui sort d’une finale de conférence perdue 4-2 contre les Spurs. Les Lakers, eux aussi éliminés par les Spurs, sortent d’un exercice décevant. Après avoir enregistré les arrivées de Gary Payton et Karl Malone, les objectifs des Angelenos sont très élevés et ils comptent bien montrer les crocs dès le match d’ouverture.

La rencontre se solde par une victoire des Lakers sur le score sans appel de 109 à 93. Cette soirée qui ressemblait à n’importe quelle soirée NBA sur le papier, resta pourtant gravée dans la mémoire des fans de la Grande Ligue. Pourquoi ? A cause du choix du maillot des Mavericks ! Ce soir-là, Dallas a choisi d’arborer un surprenant maillot gris argenté à l’esthétique pour le moins douteuse.

La preuve en images.

Antoine Walker et Dirk Nowitzki portant le pire maillot de l'histoire de la NBA.

Près de deux décennies plus tard, le maillot surnommé « trash bag » ou « garbage bag » pour les intimes n’est toujours pas tombé dans l’oubli. Il figure d’ailleurs fréquemment dans des classements recensant les pires maillots de l’histoire de la NBA, comme ceux de Sports Illustrated, ESPN ou Fox Sports.

Une fois le choc causé par la vision de ce bout de tissu venu d’ailleurs estompé, une question survient : mais qui est derrière ce projet obscur ? Et à Dallas, qui dit Mavs, dit forcément Mark Cuban ! Le fantasque propriétaire, omniprésent au sein de sa franchise, est peut-être un crack en affaires, mais nettement moins quand il s’agit de sape.

Quand les gars ont commencé à transpirer, surtout à l'été, les maillots avaient l'air horribles.

Interrogé sur la question en 2013, Cuban a admis son erreur avec humour :

« Ils ressemblaient à des sacs poubelles mouillés, je les ai retirés du marché après un match. »

Un choix judicieux de la part de l’homme d’affaires. Mais trop tard, le mal était fait. Il faut dire que les Mavs ont fait fort sur ce coup. Si au départ l’idée du gris argenté brillant était un peu burné et audacieux, le projet a carrément tourné au désastre quand le maillot a viré au marron à cause de la sueur des joueurs.

Autre personnage clé de ce douloureux épisode, Al Whitley, l’assistant du responsable de l’équipement des Mavs. Ce dernier se souvient :

« Je n’ai pas été prévenu longtemps à l’avance que l’équipe les porterait ce soir-là. Mais le concept était solide. » Avant d’ajouter : « Le gris métallique était très bien. Avec notre bleu royal, ça marchait vraiment bien. Je pensais qu’il deviendrait un maillot populaire. »

Selon Whitney, le problème ne venait pas du choix des couleurs mais de la matière utilisée par l’équipementier.

« Le gris était écrasant, alors que le nouveau matériau Nike utilisé pour les fabriquer était chatoyant et brillant. C’était encore pire quand l’équipe a commencé à transpirer dedans. Certains ont décrit les maillots comme prenant une teinte qui ressemblait au marron foncé.

Ce n’était pas tout à fait le gris que nous espérions. Il devenait plus sombre et nous ne voulions pas qu’il brille, mais c’était la façon dont le matériau était fait. Quand les gars ont commencé à transpirer, surtout à la télé, ils avaient l’air horribles. »

Puis le couperet est tombé, se souvient Whitley avec amusement :

« Notre propriétaire m’a ordonné de les brûler. »

Après un seul match, le maillot alternate des Mavericks tire donc sa révérence. Fin de l’histoire ! Enfin, pas tout à fait… La réalité dépasse parfois la fiction.

Devenu un objet rare de collection

Mavs NBA jersey

Alors que nous aurions pu penser que les fans avaient hâte de précipiter ce jersey dans les limbes, le « Trash bag », tel un phénix, a su renaître de ses cendres pour s’imposer comme un maillot culte dans la petite communauté des collectionneurs. Dans un article paru sur SB Nation, Tim Cato s’est amusé à rechercher ce qu’étaient devenus ces fameux maillots portés durant l’opening night. Ce qu’il a découvert est très surprenant.

Lors de ses recherches, Cato est parvenu à retrouver la trace de certains de ces jerseys : ceux de Dirk Nowitzki, Steve Nash, Eduardo Najera et Josh Howard.

Au passage, Cato nous apprend que Josh Howard, All-Star en 2007, a passé les 5 premières minutes de sa carrière NBA dans ce drôle de maillot.

Au moment où Cato a écrit son article, celui de Howard était en vente sur Ebay au prix de 2 500$. Celui de Nowitzki appartenait à un habitant de Hong Kong. Même s’il n’était pas en vente, son propriétaire a affirmé qu’un collectionneur lui en avait proposé la somme de 6 000$. Somme qu’il a déclinée ! L’amour d’un maillot, ça n’a pas de prix...

Au moment du retrait des maillots, Mark Cuban avait déclaré que même si ces uniformes n’avaient pas conquis le cœur des amateurs de NBA, ils restaient « toujours aussi bons comme vêtements de sport pour les fans de Mavs. »

Borné ou simplement vexé, en prononçant ces mots, Cuban était à des années lumières de la hype qu’il allait y avoir autour de ces maillots. Qui aurait pu deviner que ce maillot passerait d’objet de raillerie à maillot iconique ?

Personne ! Pas même ce visionnaire de Mark Cuban.

Encore de nouvelles idées de jerseys NBA, mais magnifiques cette fois