La révolution Monta Ellis

Monta Ellis n'est plus le même homme. Serein, apaisé, motivé, l'arrière des Dallas Mavericks porte la franchise sur ses épaules. Retour sur une métamorphose soudaine.

Shawn Marion a hérité du surnom de « Matrix » depuis son arrivée en NBA en 1999, année de la sortie du premier volet de la trilogie des frères Wachowski sur grand écran. Mais s’il y a bien un joueur des Dallas Mavericks qui est dans sa propre « matrice », c’est Monta Ellis. L’auteur du « Monta Basketball » est un sacré personnage. Discret, dans son monde, il fait le bonheur de la franchise texane cette saison.

Monta Ellis Reloaded

Après une saison et demie ennuyeuses dans le Wisconsin, le natif du Mississippi a décidé d’aller voir ailleurs. Il a donc refusé un contrat de 36 millions sur trois saisons avec les Milwaukee Bucks pour rejoindre les Dallas Mavericks pour trois ans (et 26 millions de dollars).
« Ce n’est pas une question d’argent. Je vais vous dire une chose à propos de moi. Si je n’étais pas payer pour jouer au basket, je jouerais quand même. Je ne fais pas ça pour l’argent. Je fais ça pour l’amour du jeu, le plaisir et la victoire », assure le joueur de 28 ans à ESPN.   « Je ne savais pas dans quelle direction Milwaukee voulait aller. La saison des Bucks prouvent que j’ai fait le bon choix en tournant le dos à l’argent pour rejoindre une franchise ambitieuse. »
Monta Ellis est heureux dans le Texas. Il n’est plus la cible des critiques et sa franchise est actuellement en course pour une qualification en playoffs (les Mavericks sont septièmes avec 38 victoires et 26 défaites). La post-saison, il ne l’a connu qu’à deux reprises en huit ans de carrière. Et il en garde de très bons souvenirs.
« Je ne me suis plus senti aussi bien depuis 2007, lorsque l’on a fait les playoffs avec Golden State. J’ai adoré les supers années que j’ai passées là-bas. J’ai aussi connu des mauvaises saisons qui m’ont mis dans un trou si profond que même jouer au basket n’était plus un plaisir pour moi. C’était devenu du business. »
Transféré à Milwaukee en l’échange d’Andrew Bogut (un échange dont les Golden State Warriors sont ressortis gagnants) à l’hiver 2012, Monta Ellis a retrouvé son « mojo » en signant à Dallas.

Monta Ellis Revolutions

Depuis son arrivée dans la ligue, Monta Ellis a souvent été au centre des critiques. Ses détracteurs sont nombreux. L’ancien prodige des lycées US serait un joueur égoïste, incapable de rendre ses coéquipiers meilleurs. Les statistiques analytiques sont le pire ennemi de l’arrière de petite taille de « Big D ». Gros scoreur mais maladroit de loin, Ellis n’a pas le profil requis pour les adeptes des chiffres en tout genre. Les Mavericks ont voulu tenter le coup. Avec à leur tête l’un des meilleurs coaches de toute la ligue – Rick Carlisle – les Texans ont voulu croire en leur système. A l’heure où les franchises ont tendance à minimiser leurs dépenses et à prendre le moins de risques possibles, les dirigeants sont allés à contre-courant et ont offert un contrat sur trois ans à Monta Ellis. Et ils ont eu raison. Comme il l’avait promis, le joueur s’est parfaitement adapté aux consignes de son coach. Il est le « Robin » réclamé par Dirk « Batman » Nowitzki depuis deux ans. Les deux stars des Mavericks forment l’un des meilleurs duos de la ligue sur le pick&roll. Ellis rapporte 0,87 pts par possession lorsqu’il joue le pick en tant que porteur de balle, selon Synergy Sports. Une statistique qui le classe parmi les meilleurs joueurs de la ligue devant James Harden, Russell Westbrook et Paul George. Ellis excelle dans l’art d’esquiver les défenseurs avec son petit gabarit comme Keanu Reaves esquive les balles. Sa finition près du cercle n’est pas encore optimale (55% - conforme à la moyenne de la ligue) mais les défenses ont tout de même intérêt à la serrer de près. Dans ces conditions, il peut ensuite ressortir la balle sur Dirk Nowitzki, toujours prêt à enfiler les paniers loin du cercle. A défaut d’être dévastateur, le tandem formé par l’Allemand et son coéquipier est efficace.
« On l’adore », avoue Rick Carlisle à propos de son nouveau joueur. « C’est un don du ciel pour nous. Il s’intègre parfaitement dans notre système et son duo avec Dirk fonctionne très bien. Il est très facile à coacher. »
Couvé et mis dans de bonnes conditions par le staff de Dallas, Monta Ellis a mûri. Il tourne à plus de 18 points (à 45% aux tirs, sa meilleure performance depuis 2008) et presque 6 passes par rencontre cette saison. S’il tient le coup jusqu’au mois d’avril, les Mavericks devraient retrouver les playoffs. On verra alors si Ellis a les épaules assez solides pour s’imposer comme ‘l’élu’ qui ramènera Dallas au sommet de la NBA…

Les statistiques de Monta Ellis cette saison

2013-14 DAL 64 36:35 7.0 15.4 45.5 0.7 2.3 30.7 4.3 5.4 79.1 0.5 3.0 3.5 5.8 3.2 1.8 0.3 2.5 18.9