Pourquoi ce manque d’amour pour Russell Westbrook ?

Pourquoi ce manque d’amour pour Russell Westbrook ?

Russell Westbrook enquille les triples-doubles comme jamais dans l'Histoire de la NBA. Pourtant, ses performances semblent manquer de considération.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Il fut un temps, pas si lointain, où conclure une saison avec un triple-double de moyenne paraissait absolument impensable. Un exploit considéré comme unique, à savoir cette fameuse saison 1961-1962 d’Oscar Robertson. Peu sont ceux à l’avoir vécue mais elle est restée une référence depuis. Un record imbattable. Jusqu’en 2017. Kevin Durant a abandonné Russell Westbrook et ce dernier a posté un incroyable exercice à 31 pions, 10 rebonds et 10 passes. Avec 42 triples-doubles en 82 matches. Il a été élu MVP alors que son équipe a terminé cinquième à l’Ouest. Deux ans plus tard, le Thunder est troisième du classement de sa Conférence avec seulement un succès de moins que les Denver Nuggets. Oklahoma City est probablement le plus grand concurrent des Golden State Warriors de ce côté du pays. Sur le plan individuel, Westbrook s’apprête à boucler une troisième saison de suite avec un triple-double de moyenne. Une. Troisième. Saison. De. Suite. Qu’il semble désormais loin, loin, loin cette époque où boucler un tel exercice était impensable. Pourtant, c’est devenu tellement commun que le public a l’air de s’en tamponner le coquillard. Pas une seule mention pour le MVP – et même pour nous, ce n’est effectivement pas surprenant. On ne l’imagine pas vraiment dans la conversation. Il devrait peut-être y être, au moins de loin non ? Enfin, on ne sait pas. Peut-être que non. C’est dire à quel point on peine tous à reconnaître l’absurdité de ses performances. Trois saisons de suite en triple-double. Il a même battu un nouveau record dans le domaine en enchaînant dix matches consécutifs avec au moins dix unités dans trois catégories statistiques. Encore 21 points, 14 rebonds et 11 passes pour lui contre Portland cette nuit. Dix triples-doubles de suite, c’est du jamais vu en NBA. Il a fait mieux que Wilt Chamberlain, l’immense Wilt, l’homme aux nombreux records, qui s’était arrêté à neuf. Russell Westbrook en est déjà à 23 triples-doubles sur la saison. Il mène le classement avec plus du double du second, Nikola Jokic, actuellement à 11.  Ah, il a joué sept matches de moins que le Serbe au passage. Et pourtant, ses prestations sont peu mises en avant. Elles le sont pour les chiffres brutes, les exploits, mais finalement peu ce qu’ils représentent. C’est tout de même énorme. Quand on évoque un manque d’amour pour le bonhomme, on ne parle pas de son style de jeu – qui peut effectivement repousser les puristes ou les adeptes de basket technique, même s’il y a du charme dans le chaos que sème Russ – ou de sa personnalité – qui repousse certains fans qui le considèrent comme un égoïste alors qu’il est fortement apprécié de ses partenaires. On parle d’un manque d’amour pour ses performances exceptionnelles. Alors pourquoi ? A-t-il finalement vraiment banalisé l’impossible ? Au point où ça en serait devenu… chiant ? Peut-être est-ce parce qu’il est communément accepté que Westbrook « cherche » ses triples-doubles. Mais ce n’est plus comme en 2017. Il y a plus les intérieurs pour constamment boxer en sa faveur en lui laissant le rebond. Steven Adams prend ses 10 rebonds par match. Après, Russ va effectivement foncer pour capter les siens. Et il semble évident qu’il jette un œil à ses statistiques. Mais ça n’enlève pas grand-chose aux exploits. Peut-être est-ce parce qu’il affiche des pourcentages catastrophiques. Encore 5 sur 19 aux tirs pour lui cette nuit. Il n’a jamais paru aussi déréglé. C’est à se demander s’il a encore confiance en son shoot – visiblement oui parce qu’il continue de dégainer. Il est à 41% aux tirs et 24% à trois-points. Il n’a jamais été aussi maladroit. Mais c’est presque ce qui pouvait arriver de mieux au Thunder parce que ça l’a poussé à accepter un rôle moins important en attaque et donc laisser le champ libre à Paul George et aux joueurs de devoir d’Oklahoma City. Peut-être est-ce parce que le rythme NBA est de plus en plus rapide et il favorise les triples-doubles. RW n’est plus le seul à en compiler. Il n’y a pas un soir sans une performance de la sorte quelque part aux Etats-Unis. Peut-être que ça perd du même coup de la valeur aux yeux d’un public de plus en plus habitué qui ne saute plus de sa chaise quand un basketteur marque plus de dix points avec plus dix rebonds et dix passes. Peut-être est-ce parce que Paul George réalise une saison phénoménale. D’ailleurs, lui aussi manque d’amour. Il devrait clairement être cité comme l’un des candidats au MVP. Il est là, avec Giannis Antetokounmpo et James Harden. Bref, tout ceci n’est que des pistes pour essayer de comprendre. De comprendre pourquoi un joueur à 21 points, 11 rebonds et 11 passes de moyenne ne fait pas un peu plus l’unanimité.
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