Que faire de « Scary Terry » ?

S'il a raté son game 7 dans les grandes largeurs, Terry Rozier a été suffisamment épatant cette saison pour que les Boston Celtics lui accordent le bénéfice du doute durant l'intersaison.

Que faire de « Scary Terry » ?
Danny Ainge "vendrait sa famille" pour un bon trade, a l'habitude de dire Bill Simmons. On a vu que le General Manager des Boston Celtics pouvait effectivement mettre les sentiments de côté en cas de belle opportunité. Trader Isaiah Thomas alors qu'il venait de porter la franchise jusqu'en finale de Conférence malgré une hanche flinguée et le décès de sa soeur quelques jours plutôt, il fallait oser. Même contre Kyrie Irving. Quand on connaît l'affection que porte Ainge à Terry Rozier, on peut se demander si la décision qu'il va devoir prendre à son sujet dans les prochaines semaines n'est pas un dilemme encore supérieur. Le meneur back-up a réussi une saison étonnante avec les Celtics, fracassant tout sur son passage après la blessure de Kyrie Irving pour montrer qu'il avait l'étoffe d'un titulaire dans cette ligue. Du scoring, une activité globale précieuse et un mental à toute épreuve parfaitement adapté à ce qu'a voulu développer Brad Stevens... "Scary Terry" a réussi des playoffs d'un bon niveau et s'est assuré, a priori, d'avoir des propositions séduisantes, à Boston ou ailleurs, pour améliorer sa "condition" de joueur à 2 millions de dollars annuels par an.

Trader Terry Rozier, mais contre quoi ?

Avec les retours programmés de Kyrie Irving et Gordon Hayward, il paraît toutefois acquis qu'à moins de concessions de la part de l'un ou de l'autre, Ainge va devoir tirer un trait sur l'un de ses plus valeureux soldats. Terry Rozier (éligible pour une extension) ou Marcus Smart (restricted free-agent) semblent devoir se disputer cette place de choix au sein du backcourt. Si le pitbull Smart ne peut plus être tradé et va chercher à décrocher le jackpot, la question se pose forcément pour Rozier. Que doit faire Danny Ainge ? Le convaincre de signer une extension à prix raisonnable avant le 31 octobre malgré un temps de jeu forcément moins élevé ? Le trader alors que sa cote est encore intéressante sur le marché ? Difficile de savoir ce que pourraient récupérer les Celtics en échange. Un intérieur, pour renforcer le secteur le moins fourni de l'effectif ? Un nouveau pick pour renflouer le trésor de guerre constitué par Ainge ? Si on se plie à la dictature de la dynamique, la valeur théorique de Terry Rozier a chuté en quelques heures.

Un game 7 cauchemardesque

Lors du game 7 perdu contre les Cavs dimanche, l'ancien de Louisville a sans doute été le joueur le moins performant des Celtics. Titulaire, le meneur de 24 ans a un peu trop cru en son étoile et en son shoot. Après avoir dilapidé de belles positions, Rozier a tenté de se les créer lui-même dans un style hero ball qui ne colle pas avec l'ADN de ces Celtics. Résultat : 0/10 à 3 points, 2/14 en tout, 4 passes, 4 rebonds et un différentiel de -6 pour Boston en sa présence. Contré violemment (bien que sans doute illicitement) par LeBron James dans le game 7 sur une contre-attaque où il s'est montré trop audacieux/perso, Rozier aurait pu permettre à Boston d'inverser un momentum négatif dans le 3e quart-temps. En prenant cette option plutôt que l'une des deux ou trois autres plus adaptées (un shoot, une passe vers Tatum au large, une feinte avant lay-up) le #12 a manqué de lucidité et de justesse, précipitant, avec d'autres, la chute des Celtics. Ce n'est qu'un match et il serait injuste de gommer tout ce qu'a apporté le natif de l'Ohio durant cette post-saison. Rozier a été une bouffée d'air frais et d'insouciance dès le 1er tour dans son duel avec Eric Bledsoe. Face aux Sixers, ses trois premiers matches ont donné le ton et confirmé sa superbe forme. Contre Cleveland, on l'a vu moins à son avantage malgré deux belles perfs individuelles lors de deux des quatre défaites des C's. Qu'il reste à Boston par fidélité (et goût de la compétition avec un salaire tout de même revu à la hausse) ou tente de briller ailleurs (avec un chèque conséquent à la clé), il n'y aura a priori pas de mauvaise issue pour Terry Rozier. Et après seulement trois saisons en NBA dont deux pleines, l'éclosion n'est peut-être pas encore terminée. Deviner jusqu'où est capable de progresser son chouchou sera l'une des tâches principales de Danny Ainge durant l'intersaison.