Doit-on s’inquiéter pour Tony Parker et les Spurs ?

Légèrement en-dedans lors de la première moitié de la saison pour toujours dans la course pour le titre, les Spurs auront besoin d'un Tony Parker plus inspiré pour répéter l'exploit de l'an dernier.

Doit-on s’inquiéter pour Tony Parker et les Spurs ?
La saison des San Antonio Spurs ressemble fortement à l’un de ces plans diaboliques mis en place par Gregg Popovich. Les résultats mitigés de la franchise texane et la septième place à l’Ouest ne seraient en fait qu’une feinte géniale et vicieuse de coach Pop pour mettre les armadas de la Conférence en confiance avant de les ramener à la réalité lors des playoffs. La saison de Tony Parker ressemble à celle d’un joueur fatigué par les centaines et les centaines de rencontres qu’il a disputées chaque année et usé par une blessure aux ischios qui a laissée des traces. TP va avoir 33 ans en mai prochain mais, pour la première fois de sa carrière, il fait vieux. Les Spurs ont montré certaines limites depuis leur titre décroché de la plus belle et la plus impressionnante des manières en juin dernier. Ils ont du retard à l’allumage mais on aurait tout de même tendance à ne pas s’inquiéter pour eux. 1) Parce qu’ils sont les San Antonio Spurs, une franchise annoncée sur le déclin depuis 2007. Une franchise qui a gagné cinq titres NBA en quinze ans. Une franchise qui a disputé les playoffs chaque saison sans jamais descendre sous la barre des 60% de victoires depuis l’arrivée de Tim Duncan en 1997. 2) Parce qu’ils ont été privés de plusieurs cadres durant des périodes plus ou moins longues. Aucun joueur des Spurs n’a pris part à toutes les rencontres depuis le début de la saison. Tony Parker a manqué une dizaine de matches, Tiago Splitter une vingtaine. Surtout, Kawhi Leonard, MVP des finales, a loupé 18 matches. San Antonio se porte mieux depuis son retour dans la rotation. 3) Parce que l’euphorie du titre a peut-être légèrement perturbé la préparation de la saison. Ce sacre méritait d’être fêté comme il se doit et les Texans ont peut-être eu un peu plus de mal à se remettre au boulot (il s’agit uniquement d’une hypothèse). Les San Antonio Spurs font toujours figure d’épouvantails au sein de cette ligue et les hommes de Gregg Popovich sont encore considérés comme les favoris pour le titre. Pourtant, on trouve encore des raisons pour s’inquiéter. 1) Tous les joueurs ont pris un an de plus, ce qui n’est pas négligeable lorsque l’on évoque une équipe dont les cadres sont assez âgés. 2) Boris Diaw a signé son extension de contrat et il n’est plus aussi clinquant que lors des dernières finales. A sa décharge, le Français a mené sa sélection vers une médaille de Bronze à la Coupe du Monde dans la foulée du titre NBA. 3) Tony Parker a pris un coup de vieux en l’espace de quelques mois. Le meneur All-Star affiche les statistiques les moins flatteuses depuis sa saison rookie – 14,5 points et 4,7 passes – et il s’est montré terriblement inconstant depuis le début de la saison (ses pépins physiques n’ont pas aidé).
« Nous n’irons pas loin si Tony Parker ne retrouve pas le niveau qui était le sien ces dernières années », estime Gregg Popovich.

Les déboires de Tony Parker

[caption id="attachment_156395" align="alignleft" width="300"] Tony Parker est en difficulté : il affiche ses plus mauvaises statistiques depuis sa saison rookie.[/caption] Le ton est donné. La déclaration n’est pas anodine. Il ne s’agit pas forcément d’un coup de pression de la part du coach mais peut-être juste une indication sur l’état de forme actuel de Tony Parker. Le Français n’est pas dans ses baskets et l’équipe en pâtie. Ses difficultés en attaque ont une influence sur les Spurs, relégués au douzième rang NBA en termes d’efficacité offensive (103,9 pts sur 100 possessions). L’an passé, à la même époque, les Texans se classaient en septième position avec plus de 107,5 pts marqués sur 100 possessions. Ils avaient ensuite haussé le rythme lors de la deuxième moitié de la saison avant de marcher sur l’eau pendant les playoffs. Ils ont besoin d’un Parker en pleine possession de ses moyens pour reproduire un tel scénario.
« Son agressivité est très importante pour nous car il a cette capacité à pénétrer dans la raquette et à attaquer le cercle. Il ne le fait pas autant que les années précédentes. Il manque de confiance et sa condition physique n’est pas optimale », poursuit Pop. « Tim (Duncan) et Manu (Ginobili) ne marqueront pas souvent 20, 26 ou 28 points. Tony est notre gars et nous avons besoin de lui. »
[superquote pos="d"]Les Spurs marquent 8 pts de plus que leurs adversaires avec Parker sur le banc...[/superquote]Gêné par ses blessures, le quadruple champion NBA est moins tranchant cette saison. Cela se ressent dans ses statistiques mais aussi dans son jeu. Il est toujours un finisseur efficace près du cercle mais il n’est plus aussi adroit à mi-distance. Son tir est légèrement enrayé. Les Spurs encaissent 1,6 point de plus que leurs adversaires lorsque Tony Parker est sur le parquet et ils en marquent 8 de plus lorsqu’il est sur le banc. Il est le seul joueur du cinq majeur à afficher un net rating négatif. Son PER se situe également en dessous de la moyenne de la ligue (14,8). L’avènement de Kawhi Leonard y est peut-être aussi pour quelque chose mais TP touche pourtant autant de ballons que l’an passé. Son rôle n’a pas spécialement été revu à la baisse. Le retour sur terre nous semble brutal, nous qui nous contentons d’observer d’un regard extérieur sans pour autant avoir connaissance de tous les facteurs qui influent sur le niveau de jeu de Parker. Son déclin nous saute aux yeux mais nous sommes conscients qu’il ne s’agit juste que de quelques matches de saison régulière. Notre constat n’est pas définitif et les Spurs ont pris l’habitude de nous surprendre au moment où on les attend le moins.
« Tony est sérieux. Il veut retrouver son rythme », promet Gregg Popovich.

Une période décisive pour les Spurs

[caption id="attachment_162715" align="alignleft" width="300"] Les Spurs jouent nettement mieux avec Kawhi Leonard : 25 victoires et 10 défaites avec lui contre 9 succès et 9 revers sans lui.[/caption] Les Spurs ont appris à renforcer leur groupe et leur identité lors de leur road trip annuel qui suit le All-Star Weekend. Ils ont enchaîné les succès à partir du mois de février – une date qui coïncidait avec le retour dans la rotation de Kawhi Leonard – l’an passé et ils espèrent évidemment faire de même cette saison.
« L’historique nous montre que ce road trip a toujours été une bonne période pour nous », reconnaît le coach des éperons. « Nous jouons beaucoup de matches à l’extérieur et c’est le moment idéal pour nous réunir et nous ressouder. »
La franchise a traversé ce road trip avec brio depuis 2003 (50% de victoires ou plus à chaque fois depuis cette année-là). Elle peut compter sur Leonard, un atout de poids pour l’équipe de Popovich : les Spurs ont remporté 25 des 35 matches disputés par le jeune ailier et ils affichent un bilan moins flatteur de 9 victoires et autant de défaites lorsqu’il est absent. Sugar K est le joueur le plus important de la franchise mais Tony Parker a lui aussi un impact non négligeable sur les résultats des Spurs, et ce bien que l’organisation soit réputé pour son collectif parfaitement huilé et son basket très bien léché. Le multiple All-Star est un champion. C’est un compétiteur. Il a le mental pour traverser cette épreuve difficile. On – sans vouloir émettre de jugement – le pense capable de se reconcentrer sur sa fin de saison et de retrouver le niveau de jeu qui était le sien dans les moments les plus importants de la saison. Les Spurs ont pris l’habitude de se réserver pour les playoffs. Leur retard à l’allumage sème le doute, tout comme les performances de Parker inquiètent. Mais le joueur comme sa franchise ont toujours su faire face et surmonter l’adversité. C’est donc un énième challenge qui les attend désormais.