Charles Barkley : vrai gars ou vieux con ?

Vieux con ou vrai franc-tireur, quelle est l’étiquette qui colle le mieux à Charles Barkley aujourd’hui ? Une question aussi vaste que son talent et son postérieur.

Charles Barkley : vrai gars ou vieux con ?
Charles Barkley n'a jamais été du genre à se cacher, que ça soit sur le terrain ou derrière un micro. Voici l'article que nous lui avions consacré en avril 2017, dans le numéro 61 de REVERSE. Janvier 2015. David Levy, le boss de Turner Sports et quatre de ses plus proches collaborateurs, Tara August, Craig Barry, Lenny Daniels et Tim Kiely, débarquent à Scottsdale dans l'Arizona après un vol de quatre heures trente depuis New York. Une escouade façon cinq majeur réunie dans un seul but : convaincre l'un de leurs employés phares de prolonger son contrat avec TNT jusqu'en 2025. Levy et sa bande ne sont pas venus les mains vides. Dans leurs bagages : deux magnums de vin rouge de la Napa Valley, deux bouteilles de tequila Don Julio 1942 et un assortiment de pâtes et de boulettes de viande dont raffole la cible. En bonus, un montage-vidéo regroupant des messages d'amitié de la part de tous ses collègues de l'entreprise, unanimes pour le décrire comme un excellent camarade et un atout indispensable. Voilà le pitch auquel a eu droit Charles Barkley durant la free-agency de sa nouvelle profession. Si Levy a mis sur pied un tel plan d'attaque il y a deux ans, c'est parce qu'il sait ce que lui apporte Barkley, seul membre de la Dream Team à être encore aussi exposé médiatiquement, là où d'autres dirigent des franchises depuis leur tour d'ivoire ou tentent de décrocher tant bien que mal des jobs dans la ligue : du buzz, des polémiques, des avis tranchés, mais aussi des critiques. Beaucoup de critiques. Sur lui et sa manière de faire en particulier. Pas de quoi inciter pourtant le Hall-of-Famer à quitter le crew d'Inside the NBA et la compagnie de Shaquille O'Neal, Kenny Smith et Ernie Johnson, avec lesquels il a accepté de poursuivre l'aventure.

« Mon agent n'a jamais été impliqué dans les négociations parce que je respecte trop ces gens. On a descendu les quatre bouteilles et je n'ai pas discuté le montant que l'on m'a proposé. J'ai juste dit oui, parce que l'argent n'est pas ma priorité. J'ai toujours dit que je trouvais ce travail génial, mais aussi que je ne me voyais pas le faire éternellement. J'ai revu ma position.

Je rêvais de devenir General Manager d'une franchise, mais ce n'est jamais arrivé. Shaq, Ernie et Kenny ont tous prolongé et je ne voulais pas être le gars qui casse l'ambiance. Au lieu d'être un General Manager, je critique les General Managers à la télé », expliquait-il alors à Sports Illustrated.

Au plus fort de sa célébrité, dans les années 90, jamais on aurait imaginé Charles Barkley embrasser cette voie. Trop cash, trop vulgaire, pas assez « role-model ». Pourtant, il fait aujourd'hui partie du décor et si TNT bat des records d'audience avec son émission, c'est parce que les gens veulent voir l'ancien intérieur se friter avec ses équipiers ou tacler à la carotide des acteurs actuels de la NBA chaque semaine. Le souci, c'est qu'il est difficile de le cerner réellement. On connaissait l'ancien basketteur surdoué, habité et fantasque, pour ne pas dire complètement fou. Mais aujourd'hui, qui est vraiment le quinqua aux costumes trop larges qui s'affale chaque semaine dans son siège des studios d'Atlanta ? C'est sans doute une question de point de vue. Certains verront en lui un clown surtout bon à faire des happenings à la Touche Pas à Mon Poste et à se faire maltraiter par Shaq tout en faisant autant d'efforts pour prononcer correctement les noms étrangers que feu Thierry Roland. D'autres le considéreront comme un vieux con réac qui refuse d'accepter l'évolution du jeu et la possibilité que sa génération n'était peut-être pas la meilleure. Ceux qui apprécient son franc-parler avanceront qu'il est le seul consultant à toujours dire ce qu'il pense, sans la moindre concession, ni le moindre favoritisme. Enfin, il y a ceux qui le verront avant tout comme un entertainer en quête de la punchline qui va bien, après le traditionnel « That's turible » lancé avec son accent de l'Alabama. La vérité est certainement un mélange de toutes ces perceptions.