Chris Boucher, la dernière trouvaille des Raptors qui envoie du steak

Sorti de nulle part ou presque, Chris Boucher s'affirme à 28 ans comme la révélation de la saison aux Toronto Raptors.

Chris Boucher, la dernière trouvaille des Raptors qui envoie du steak
Les Toronto Raptors vont mieux. Après un départ catastrophique, la franchise canadienne vient d’enchaîner un troisième succès de suite en battant les Dallas Mavericks (116-93) hier soir. Les champions 2019 affichent désormais un bilan de 5 victoires et 8 défaites mais ils sont enfin lancés. Si ce renouveau ne s’explique pas par un seul homme, un joueur se détache tout de même : Chris Boucher. L’intérieur s’affirme petit à petit comme une valeur sûre de la rotation de Nick Nurse. Avec une quatrième sortie consécutive à 20 points ou plus. 21 pions plus précisément, avec 10 rebonds et 3 blocks en 27 minutes. Après 20 points et 9 rebonds, 25 points, 10 rebonds et 2 blocks ou encore 20 points, 8 rebonds et 3 blocks. La nouvelle trouvaille des Raptors, une organisation qui se distingue continuellement par sa capacité à détecter des talents sur lesquels personne ne mise.

From the North of the North

En même temps, Boucher n’était pas prédestiné au métier de basketteur. Il y a moins de dix ans, il exerçait encore dans une… rôtisserie. Vraiment. Mais en réalité, il ne faisait pas grand-chose. Parce là d’om il vient, les perspectives d’avenir ne sont pas nombreuses. Les quartiers nord de Montréal. Parmi les plus chauds du Canada. Même l’hiver. Et à 19 ans, le natif de Sainte-Lucie vagabondait près de chez lui. Plus d’école. Plus de futur.
« Ma sœur disait : voilà mon grand frère, il ne fait rien, il reste juste à la maison. Je n’étais pas un modèle pour elle. Je savais qu’il fallait que je trouve un moyen de la rendre fier. Franchement, je ne savais pas comment j’allais finir. J’avais un boulot qui ne me plaisait pas. J’étais de mauvaise humeur en rentrant à la maison. Puis je sortais ou j’allais faire la fête », racontait l’intéressé à USA Today.
Il jouait au basket. Mais pendant longtemps, il s’est contenté de dribbler sur les playgrounds. En se calant derrière l’arc et en balançant des trois-points à tout va. Même après avoir grandi d’un coup. Mais Chris Boucher a fini par se faire repérer. Tard. Sa mère l’a laissé s’installer au Québec, où il a intégré une académie qui s’occupe d’aider des jeunes en difficulté à obtenir un diplôme.
« Toute son enfance était instable », avouait sa mère. « On était tout le temps en train de bouger et on vivait dans des conditions difficiles. Ça me faisait de la peine parce que je savais que Chris était un garçon intelligent qui subissait des choses qui étaient hors de son contrôle. »
Un an après, il se retrouvait sur les bancs de la faculté. D’abord à New Mexico, puis à Northwest College et enfin à Oregon. Trois universités en quatre ans. Pour enfin se montrer sur les radars des scouts. Jusqu’à ce qu’une déchirure des ligaments croisés perturbe la dernière année de son cursus. Impossible dans ces conditions d’effectuer des workouts avant la draft. Et c’est presque logiquement que le géant a été laissé sur le côté par les franchises en 2017.

Chris Boucher, futur MIP... et 6th Man ?

Pour lui, il fallait batailler. Encore. Lutter contre le préjugé lié à sa morphologie – Brandon Ingram fait figure de golgoth à côté de lui – et se frayer un chemin jusqu’en NBA. Il a commencé brièvement aux Golden State Warriors. Puis aux Raptors dès 2018. Avec son temps divisé entre la G-League, où il a été nommé MVP et meilleur défenseur du championnat, et la NBA. En se faisant surtout remarquer dans le garbage time. Mais cette époque est révolue. Il est maintenant l’un des joueurs essentiels de l’équipe. Un titulaire en puissance, même si Nurse continue de faire débuter Aron Baynes. En réalité, l’Australien laisse vite sa place à Chris Boucher. Plus percutant, plus tranchant et plus efficace. Il compile 16 points (60% aux tirs, 46% à trois-points), 7 rebonds et 2,5 blocks de moyenne en seulement 23 minutes. Contre 6 points et 4 rebonds la saison dernière. Un vrai candidat au trophée de MIP. Mais aussi de meilleur sixième homme. Ne le voyez pas non plus comme une star de demain. Après tout, il a déjà 28 ans. Mais c’est la preuve qu’il n’est jamais trop tard pour se développer, se révéler et exploser. Il a mis du temps à venir mais Boucher est bien parti pour rester un moment.