Pourquoi les transferts de Damian Lillard et James Harden n’avancent pas

Voilà pourquoi les demandes de transfert de Damian Lillard et de James Harden semblent avancer si lentement.

Pourquoi les transferts de Damian Lillard et James Harden n’avancent pas

L’été dernier, le nom de Kevin Durant était sur toutes les lèvres. À en croire les rumeurs, 29 équipes sur 29 étaient intéressées à l’idée de récupérer l’une des plus grosses stars de la NBA. Il était question d’une transaction historique, du moteur qui permettait de faire tourner la planète NBA quand le basket, lui, était en vacances. Les demandes de transfert de Damian Lillard et de James Harden, aujourd’hui, ne suscitent pas la même folie estivale.

Les deux meneurs cumulent pourtant un total de 17 sélections au All-Star Game (10 pour Harden, 7 pour Lillard). Et si aucun des deux n’a vraiment le poids du double MVP des Finales qu’est Durant, leur recrutement pourrait tout de même radicalement changer la face d’une équipe. Alors, pourquoi leurs potentiels trades ne déclenchent-ils pas une ferveur similaire à celle que le marché a connue il y a un an ?

Les Blazers et les Sixers manquent de leviers

Si toutes les équipes étaient apparemment intriguées par KD, les courtisans se font moins nombreux dans ces deux cas. Damian Lillard génère logiquement un grand intérêt à travers la ligue, mais aucune autre écurie que le Heat — dont l’intersaison gravite autour de ce dossier — ne paraît disposée à mettre cartes sur table avec tant d’aplomb. James Harden, de son côté, semble susciter au mieux une curiosité timide.

Les forces sont déséquilibrées. Le pouvoir d’attraction du barbu est moins puissant que ses envies de départ. Il s’imagine déjà dans un maillot des Clippers, mais c’est surtout lui-même que séduit cette image. Les franchises qui courent après le meneur des Blazers paraissent plus déterminées, mais avec un contrat à long terme entre les mains, Joe Cronin a le luxe de laisser les choses trainer. Le GM de Portland a l’intention de prendre son temps pour trouver la meilleure offre possible. Et le calme du marché prêche, comme il l’a sous-entendu, la patience.

« La meilleure chose qui peut arriver quand tu es dans la situation de Joe Cronin, et je le sais parce que je l’ai vécu, c’est que le bruit et la cacophonie de voix qui sont impliquées soient aussi forts que possible. Les gens doivent inventer autant de choses que possible, autant de scénarios que possible, car cela vous donne un levier. S’il y a vraiment une chance de le transférer ailleurs qu’à Miami, vous obtiendrez une meilleure offre », a analysé David Griffin, vice-président des opérations des Pelicans, au micro de NBA Radio.

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Lorsque le dirigeant de New Orleans s’est retrouvé en position de transférer ses propres stars, il a profité de la concurrence entre les Lakers et les Celtics pour créer un levier dans le trade d’Anthony Davis. Il n’a pas hésité à patienter en ce qui concerne Jrue Holiday, jusqu’à ce que Milwaukee, dans une position qui en faisait un parfait partenaire de transfert, frappe à sa porte. Aucune opportunité de ce genre ne s’est encore présentée à Cronin. Il faut d’abord attendre que les Blazers et les Sixers aient un véritable levier sous la main avant de les voir l’enclencher.

Les autres stars ont déjà épuisé les ressources des franchises

La NBA est aujourd’hui divisée en deux parties. D’un côté, les équipes compétitives, prêtes à faire tapis pour gagner un titre. Ce sont celles que l’on attend sur ces dossiers. De l’autre, celles qui reconstruisent et attendent leur tour pour se lancer, rarement à la recherche d’une star de plus de 30 ans. Le « ventre mou » disparaît un peu plus chaque année. Cette scission limite grandement les options à l’heure actuelle.

Au-delà de ce problème de division, de nombreuses franchises s’étant fixé des objectifs à court terme ont déjà appuyé sur le bouton. Kevin Durant et Bradley Beal ont dépouillé les Suns de leurs tours de draft. Les Wolves n’ont plus grand-chose à offrir depuis le transfert de Rudy Gobert. Les Cavaliers ont beaucoup dépensé pour récupérer Donovan Mitchell, tout comme les Hawks avec Dejounte Murray. Et cette liste, non exhaustive, ne revient que sur une année de transactions.

Depuis le début de la saison 2021-2022, 15 All-Stars, cumulant 75 sélections au match des étoiles, ont été échangés. Tous ces trades ont asséché les réserves d’assets des équipes de la ligue.

La cible des Blazers est précise. Celle-ci doit nourrir de grandes ambitions pour vouloir Damian Lillard, mais elle doit également se situer au cœur ou au commencement de son cycle pour assembler le package exigé par Portland.

Les franchises comme Miami, qui a participé à deux Finales NBA en quatre ans et cherche frénétiquement la pièce manquante, ne courent pas les rues. Celles qui disposent, en plus, des ressources nécessaires sont d’autant plus rares. Constat similaire pour les Sixers, qui rêvent probablement d’un swap de stars, ce qui reste exceptionnel et requiert un véritable alignement des planètes.

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Le prix d’un joueur comme Damian Lillard ou James Harden est plus flou que jamais

« Joe Cronin n’acceptera pas d’offre qui donnera l’impression qu’il a fait une mauvaise affaire, j’en suis certain », a affirmé David Griffin. Mais qu’est-ce qu’une « mauvaise affaire » ? Certains diraient qu’ils ne croient pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise affaire. Ils auraient sans doute raison d’entretenir la confusion, tant le prix d’une star est aujourd’hui flou.

Il a fallu aux Wolves quatre premiers tours de draft, en plus d’un pick swap et de nombreux joueurs, pour s’attacher les services de Rudy Gobert. L’offre des Suns pour Kevin Durant, comprenant notamment Mikal Bridges, était similaire. Mais un an plus tard, Phoenix n’a eu besoin que de seconds tours et de pick swaps pour Bradley Beal — certes moins convoité. Où se situent Damian Lillard et James Harden sur cette échelle ?

Impossible de s’appuyer clairement sur un précédent pour déterminer la valeur des deux meneurs. Difficile de définir avec précision ce qui constitue une contrepartie raisonnable. Encore plus de s’accorder sur ce point. Le champ des négociations est large et complique la gestion de ces dossiers, déjà bien assez alambiqués.

À cela s’ajoute la pression exercée par le nouveau CBA, qui a rendu les transactions un peu plus rigides et dissuade d’absorber des salaires trop importants à l’avenir. Le tout forme un nœud gordien qui, en attendant le coup d’épée, semble particulièrement long à démêler. Tout indique qu’il faudra se montrer patient avant de voir Lillard ou Harden sous de nouvelles couleurs.

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