Kobe Bryant, l’icône d’une génération

Copie conforme de Michael Jordan pour certains, source d'inspiration pour d'autres, Kobe Bryant n'a jamais laissé indifférent. Mais quelle est sa place dans l'histoire ?

Kobe Bryant, l’icône d’une génération
Les hommages répétés à chacune de ses sorties, les anecdotes, les déclarations, les statistiques. La tournée d'adieu de Kobe Bryant à la NBA témoigne de l'aura, le charisme et le respect qu'inspire la superstar dans la plus grande ligue du monde. Elle est l'apothéose de la carrière mémorable de l'un des plus grands basketteurs à avoir un jour embrassé le monde professionnel. Que l'on aime ou pas le personnage, ne pas le considérer comme l'un des meilleurs joueurs de l'histoire relève de la malhonnêteté ou de l'ignorance. Des chiffres, il y en a à perte de vue. Des piles de statistiques aussi étoffées que les colonnes "point marqués" du l'autoproclamé 'Black Mamba' des parquets NBA. Avec plus de 33 000 pions en carrière, il s'est installé sur le podium des scoreurs les plus prolifiques de l'histoire derrière Kareem Abdul-Jabbar et Karl Malone mais devant sa majesté Michael Jordan. Il est aussi le troisième meilleur marqueur des playoffs, cette fois-ci devancé par MJ et Jabbar. Ses 81 points un soir d'orgie contre Toronto resteront aussi à jamais gravés dans les annales et demeurent aujourd'hui la deuxième performance la plus folle en termes de points inscrits sur une rencontre (derrière les 100 points de Wilt Chamberlain). Sa longévité et sa loyauté représentée par ses vingt saisons aux Los Angeles Lakers - record pour une franchise - contribuent à sa légende. De même que ses dix-huit participations consécutives au All-Star Game, ses quinze titularisations pour l'événement ou ses onze nominations dans la première All-NBA Team, ses neuf élection dans le meilleur cinq défensif, ses cinq bagues de champion NBA, ses quatre titres de MVP du ASG, ses deux trophées de MVP des finales et son unique award de MVP de la saison régulière.

Kobe Bryant, l'un des plus grands

[caption id="attachment_320996" align="alignleft" width="318"] La dernière soirée de Kobe fut à l'image de sa carrière : grandiose.[/caption] Des accomplissements personnels et collectifs qui le classent parmi les légendes de son sport. Les Michael Jordan, Magic Johnson, Larry Bird, Bill Russell, Oscar Robertson, Kareem Abdul-Jabbar, Wilt Chamberlain. La crème de la crème. Les meilleurs des meilleurs avec mention. Sa place précise est là, parmi les noms cités ci-dessus et auxquels Tim Duncan et LeBron James une fois à la retraite, Jerry West ou d'autres. Bryant, c'est l'un des dix ou quinze joueurs emblématiques de l'histoire. Il y a des nuances entre le talent et les titres, de même qu'il y a des nuances entre la notion d'emblème et les qualités d'un joueur. [superquote pos="d"]"Kobe est le meilleur joueur de tous les temps." Brandon Jennings[/superquote]Il est difficile voire impossible de comparer les époques, les contextes et c'est pourquoi ces classements consistant à déceler si un joueur est plus fort qu'un joueur B ont peu de sens et sont finalement essentiellement subjectifs.
"Kobe Bryant est le meilleur joueur de tous les temps", osait Brandon Jennings.
Jennings a été raillé et incendié sur Twitter mais sa déclaration d'amour envers Kobe illustre parfaitement l'idée du papier que nous voulons réellement développer. Deviner qui de Bob Cousy, Jerry West, Bryant ou Oscar Robertson a eu la meilleure carrière peut s'avérer périlleux. Parfois, être le meilleur consiste à marquer une époque, à marquer la ligue de son empreinte. C'est aussi cette trace qui amplifie la légende d'une superstar sans qu'elle soit forcément la plus douée de toute la constellation. Il lui faut parfois être la plus brillante. Celle qui est observée, scrutée. Une source d'inspiration. Et c'est exactement ce qu'incarne celui qui a définitivement rangé ses sneakers hier soir. [caption id="attachment_316863" align="alignleft" width="318"] Paul George, comme beaucoup d'autres gamins de L.A., est fan de Kobe.[/caption] Brandon Jennings est né à Compton, dans le compté de Los Angeles, en 1989. Il n'avait pas encore fêté ses neuf balais lorsque Jordan et les Chicago Bulls ont gagné leur dernier titre en 1998. Il était déjà un jeune basketteur en herbe lorsque les Lakers ont été sacrés trois fois de suite entre 2000 et 2002.
"J'ai grandi à L.A. à l'époque où les Lakers construisaient leur dynastie. J'étais fans de Kobe Bryant. Tous les jeunes du coin étaient fans de Kobe", poursuit l'actuel meneur du Magic d'Orlando.
Paul George, James Harden, Kawhi Leonard, Russell Westbrook... toutes ces stars NBA sont elles aussi originaire de Los Angeles. Elles ont elles aussi grandi au rythme des exploits de l'idole locale. Pour ces gars-là, Jordan était une icône qu'ils n'ont eu que pu très peu voir jouer en vrai. Pour ces gars-là, la star à suivre, c'était Kobe. Et son rayonnement dépassait largement les bordures de la Californie.
[superquote pos="d"]"A Los Angeles, tous les jeunes étaient fans de Kobe."[/superquote]"Je regardais Kobe jouer lorsque j'étais plus jeune. J'admirais le fait qu'il soit venu directement du lycée en NBA", explique LeBron James qui, en quelque sorte, s'est inspiré de son idole en rejoignant la grande ligue dès sa sortie de St Vincent St Mary HS.
Kobe était la star qui marquait le plus de points - deux titres de meilleur scoreur NBA, douze saisons à plus de 25 pions de moyenne. Celle qui était mise en avant dans les médias, sur ESPN, sur Sports Center, dans les tops 10 et dans les pubs. Celle qui claquait 81 pions. Celle que tout le monde regardait d'un œil admiratif ou méfiant. Celle qui récoltait par millions des votes au All-Star Game. Celle qui faisait le show mais gagnait des matches. Celle qui plantait des tirs assassins. Celle qui dévastait moralement ses adversaires en les défiant sur le parquet. Celle qui brillait sous les feux des projecteurs. Celle qui gagnait des titres. Cela ne vous rappelle personne ?
"Je ne suis pas gêné par les comparaisons avec Michael Jordan, j'ai l'intention d'être aussi fort que lui", assurait un Kobe plein de confiance dès son plus jeune âge.

Le Michael Jordan d'une génération

[caption id="attachment_311746" align="alignleft" width="318"] Le maître et son élève.[/caption] Les candidats à la succession de MJ ont été nombreux. Il y a eu Allen Iverson. Fantasque mais jamais bagué et dont la fin de carrière n'est pas digne de son talent. Il y a eu Tracy McGrady. Infernal mais jamais titré et dont la fin de carrière n'est pas digne de son talent. Il y a eu Vince Carter. Spectaculaire mais jamais titré et dont la fin de carrière n'est pas digne de ce qu'il aurait pu devenir. Tous ont un jour rivalisé avec Kobe. Mais aucun d'entre eux n'a tenu sur la durée. Et parfois, la performance, c'est la durée. La continuité. La longévité au plus haut niveau. C'est d'aussi d'elle que découle le statut d'icône. En se maintenant tout en haut, Bryant a écarté un à un ses rivaux (à l'exception d'un grand monsieur qui sévit toujours sous la tunique des San Antonio Spurs) pour rester seul maître du navire de stars débarquées en NBA dans les années 90 et amenées à prendre le relais du GOAT.
"Kobe est un joueur dont je me suis toujours inspiré. Quelqu'un qui m'a toujours donné des conseils. C'est une légende. C'est le Michael Jordan de notre génération", balançait un Derrick Rose né en 1988 à... Chicago.
[superquote pos="d"]"C'est le Michael Jordan de notre génération." Derrick Rose[/superquote]Le "Michael Jordan d'une génération", un terme qui revient à de nombreuses reprises dans la bouche des stars NBA lorsqu'il s'agit de définir au mieux la carrière de leur pair. Un terme que Dirk Nowitzki, Dwyane Wade ou encore James Harden ont eux aussi employé pour retranscrire l'impact et l'influence de Kobe Bryant en NBA. Des déclarations qui ont souvent pour origine l'éternel et futile débat sur qui est le meilleur des meilleurs des meilleurs entre Jojo et son disciple. En répondant à travers l'expression "le Jordan de notre génération", les stars actuelles confirment quelque part que Bryant a simplement pris le relais de son héro sans nécessairement le dépasser. Quelque part, cette expression le situe un cran en-dessous du sextuple champion NBA. L'élève ne dépasse par toujours le maître et Kobe lui-même a fini par comprendre qu'il devait se détacher des mimiques et des comparaisons avec Jordan pour parvenir à s'imposer comme le plus grand de tous les temps.
"Je veux juste être Kobe Bryant."
Il a réussi. Il a réussi à faire de son nom une marque. Il est pour des milliers de jeunes ce que Jordan était pour lui. Il est un modèle à suivre. Une étoile qui brille plus que les autres et guident les générations suivantes. Les Wade, les Harden, les Durant, les Wiggins, les Buddy Hield. Il a lui-même ses disciples. Et c'est peut-être ça, la preuve et l'essence même de sa place parmi les plus grands joueurs de l'histoire. Il n'est peut-être même pas le plus doué de sa génération. Mieux que ça. Il en est l'icône.