La draft des All-Stars, dans la tête de Giannis Antetokounmpo

La draft des All-Stars, dans la tête de Giannis Antetokounmpo

Giannis Antetokounmpo imagine la draft pour le prochain All-Star Game. Une histoire tirée de faits plus ou moins réels.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / NEWS / WHAT THE FLOP / décalage
Los Angeles, Californie. Confortablement installé sur la banquette-arrière du taxi qui le mène de l’aéroport au centre-ville, Giannis Antetokounmpo profite du décor. Le soleil, à son zénith, au cœur d’un ciel bleu et dégagé. Les palmiers. L’odeur de la plage au loin. Fenêtre ouverte, il fait tomber le manteau. Une chaleur agréable, nuancée par une légère brise, envahit doucement son corps encore marqué par le froid du Wisconsin. Environ quinze à vingt degrés d’écart entre L.A. et Milwaukee en février. L’espace d’un instant, le Grec se dit que ça doit être plaisant de jouer toute l’année en Californie. Prendre la relève de Kobe Bryant, l’une de ses idoles, porter haut ses couleurs et mener cette ville passionnée de basket vers les sommets. - Oh papi, tu l’avances ta charrette ! - Ferme-la, Puto ! Ses pensées sont soudainement interrompues par une vague de klaxons et d’insultes qui viennent percer le calme ambiant. Tellement perdu dans son esprit, il n’a même pas réalisé que la voiture était à l’arrêt, engluée dans les bouchons qui mènent au « Downtown. » Giannis sourit. Finalement, Milwaukee, ce n’est pas si mal. Puis rester toute sa carrière dans la même franchise, c’est ça l’esprit « Black Mamba ». D’ailleurs, il a bien intention de rendre hommage à son héros décédé lors du prochain All-Star Game. C’est pour ça qu’il est de passage en ville. La NBA l’a invité à une réunion secrète pour composer les équipes du match de gala. Le taxi finit par repartir péniblement, se frayant un chemin d’une file à l’autre. Quelques minutes plus tard, Giannis arrive au point de rendez-vous. Un gratte-ciel luxueux avec baie vitrée et vue plongeante sur l’océan d’habitations de la cité des anges. Avec, au fond, les montagnes. Un paysage de rêve. Le voilà désormais au vingt-quatrième étage. - Bonjour monsieur Antetokounmpo, prenez place, les autres sont déjà là. Adam Silver l’accueille, accompagné de Shannon Sharpe, ex-joueur NFL désormais consultant pour Fox Sports 1. Giannis n’a pas la moindre idée de ce que ce clown fiche ici. Mais soit. LeBron James, tout comme lui capitaine au All-Star Game, est aussi présent, de même que plusieurs autres joueurs assis devant l’estrade où se tiennent Silver, Sharpe et James. Il les rejoint sur le devant de la scène. Le commissionnaire NBA prend alors la parole. - Comme vous le savez, vous êtes réunis ici pour composer les équipes pour le prochain All-Star Game. Messieurs les capitaines Antetokounmpo et James vont piocher chacun leur tour et ensuite je vous expliquerai quelques petites nouvelles règles que nous avons mises au point pour célébrer Kobe Bryant. Giannis, c’est à vous ! Le MVP des Bucks a eu tout le temps de réfléchir lors du vol entre Milwaukee et Los Angeles. Il sait ce qu’il veut. Il refuse de se mélanger à d’autres superstars. Il va miser sur des guerriers pour aller fracasser l’escouade de LeBron James et ses amis. - Je choisis Khris Middleton. Présent dans la salle, Middleton se lève de son siège et vient rejoindre Antetokounmpo. Dans le même temps, James souffle à Silver : - Mais on doit piocher des joueurs du cinq majeur d’abord non ? Devant le regard noir de Giannis, déterminé, concentré, assassin, le dirigeant NBA préfère laisser couler. LeBron sélectionne Anthony Davis. C’est à nouveau au tour de Giannis. - Je choisis Eric Bledsoe. Silence dans la salle. Personne ne réagit. Adam Silver sent la pression monter à ses côtés. Mais en tant que patron, c’est à lui de prendre ses responsabilités. Il chuchote : - Il n’a pas été invité. - Pardon ? - (Un peu plus fort) Il n’a pas été invité. - Donc vous êtes en train de me dire que le meneur titulaire de la meilleure équipe NBA n’est pas un All-Star ? C’est ça ? Silver ne sait plus où se mettre. Antetokounmpo paraît de plus en plus menaçant. Middleton vient l’aider à se calmer et lui chuchote une proposition à l’oreille. - On va prendre Devin Booker ! Un gars revanchard. - Il n’a pas été… Silver, devenu rougeâtre, en sueurs, n’a pas eu le temps de finir sa phrase que Booker bondit de sa chaise. Il était accroupi dans le fond, planqué derrière Joel Embiid, juste à côté de Bradley Beal. Le commissionnaire maîtrise ses émotions et prend la parole d’un ton ferme. - Messieurs Beal et Booker, vous n’avez pas été conviés à cet événement. Vous ne pouvez pas être sélectionnés ! Les bras levés, l’arrière des Suns hurle au scandale, soutenu par Beal mais aussi par Zach LaVine et Karl-Anthony Towns qui font irruption dans la pièce. - Mais tout ça c’est politique ! - C’est politique ! - Ah c’est sûr, ah c’est sûr ! Bien sûr que c’est politique ! Les perturbateurs finissent par sortir, non sans se plaindre et crier au manque de respect. La draft se poursuit dans le calme. D’abord remonté à bloc, Giannis redescend petit à petit. Après tout, l’événement se veut festif. C’est du moins ce qu’il essaye de se répéter même si son instinct de compétiteur reprend vite le dessus. C’est au moment où il est enfin détendu qu’Adam Silver porte le coup de grâce. - Mes amis, vous n’êtes pas sans savoir que Kobe Bryant nous a quittés tragiquement lors d’un accident d’hélicoptère. Ainsi c’est pour lui rendre hommage que nous avons décidé de modifier légèrement les règles du weekend. Le match se jouera donc selon un barème particulier. Mais ne vous inquiétez pas, rien de plus simple. On va jouer deux mi-temps de vingt-quatre minutes. 2 comme le numéro de Gianna, 24 comme celui de Kobe. On prend le score de l’équipe à la pause, on le divise par 5, comme le nombre de titres de Bryant avec les Lakers. Là, on multiplie par le carré de l’hypoténuse ensuite il suffit de prendre une photo du tableau d’affichage, on taggue trois amis qui doivent reposter la photo sur leur propre compte et le tour est joué. Rien de plus simple. Tout le monde est perdu dans la salle. James Harden a le regard vide, comme un poisson sur un stand du marché. LeBron James reste bouche-bée pendant que Trae Young compte sur ses doigts. Jimmy Butler s’amuse à faire rebondir une balle de ping-pong sur le crâne de Domantas Sabonis. Giannis, lui, bouillonne. Il n’a pas bossé aussi dur depuis autant d’années pour être mêlé à cette mascarade. Il voit la NBA toucher le fond. Puis Shannon Sharpe balance subitement : - Hey, Adam, ils pourraient jouer sur les mains sinon qu’est-ce que t’en penses ? - Non, quand même Shannon, restons mesurés. Ce n’est pas du cirque. Alors là, c’est trop. Le visage d’Antetokounmpo se crispe et une veine énorme jaillit sur son front. Il est prêt à péter une durite. Silver s’approche de lui : - Ah oui, Giannis, j’ai oublié de vous dire. Bien évidemment, il faudra laisser l’équipe de LeBron gagner… vous comprenez parfaitement j’imagine. Il était proche de Kobe… il en va de même pour les Lakers bien entendu. Giannis ferme son poing. Il va faire une connerie, il le sait. Il s’apprête à se faire virer de la NBA. C’est plus fort que lui. Les images défilent dans son esprit. Il se voit coller une patate nucléaire au chef de la ligue. Il sait que c’est une bêtise mais rien ne peut l’y empêcher à ce moment-là. Il arme son bras… - Hey yo, bande de nazes, moi contre vous tous, on se le fait ce match ? Tous les regards se tournent vers la porte de la pièce. Juste là, Kobe Bryant. En chair et en os, le teint illuminé. Il s’avance doucement dans la salle de réunion, au grand choc des joueurs présents. Chris Paul tombe dans les pommes. LeBron James est estomaqué. - Mais… mais… mais, ce n’est pas possible… Kobe jette un œil autour de lui, puis lance d’un grand sourire narquois : - Oh, vous pensiez que j’étais parti ? Non, non, non. Je serai toujours là pour vous botter les fesses. Je serais ici pour toujours. - Giannis. Giannis. Giannis. GIANNIS ! Giannis Antetokounmpo se réveille en sursaut. Sa copine, enceinte, est collée juste devant son nez. - On n’a plus de lait, il faut aller en acheter. Il jette un œil à son téléphone. 3 heures 42. L’envie de contester lui traverse l’esprit mais il sent un regard noir le fusiller en biais, alors il se lève pour enfiler des baskets et une doudoune. Le dur retour à la réalité. Kobe, la patate à Silver… c’était donc un rêve. Mais quel beau rêve. Gérer la fatigue, la famille et malgré tout continuer à jouer au plus haut niveau. Finalement, c’est peut-être ça la « Mamba Mentality. »
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