La victoire de Miami, c’est aussi celle de Spoelstra sur Budenholzer

Erik Spoelstra est un très grand coach. Il l'a encore montré contre Milwaukee, où ses options ont permis à Miami de bouter les Bucks hors des playoffs.

La victoire de Miami, c’est aussi celle de Spoelstra sur Budenholzer

Erik Spoelstra est l'un des meilleurs coaches de la ligue depuis des années. Si Miami s'est qualifié pour les demi-finales après un upset retentissant contre Milwaukee, après avoir été en Finales NBA en 2020 et en finale de Conférence en 2022, ce n'est pas uniquement grâce aux exploits de Jimmy Butler. "Spo" a depuis longtemps chassé l'étiquette de pantin de Pat Riley qui lui collait à la peau en début de carrière. Aujourd'hui, on parle d'un technicien qui a un vrai impact sur les plus belles victoires de son équipe.

Dans le game 5 qui a vu le Heat bouter Milwaukee hors des playoffs, ça a encore été le cas. Deux choix majeurs, pas forcément si évidents à voir en temps réel, ont permis à Miami de réussir une remontée et s'imposer.

Tout d'abord, alors que Bam Adebayo et Kevin Love avaient réduit l'écart de 16 points accusé en début de rencontre, Spoelstra a demandé à son intérieur All-Star d'être davantage playmaker et d'initier les actions, obligeant Brook Lopez à s'éloigner du cercle. Dans le même temps, Kevin Love était impliqué sur tous les écrans, monopolisant Giannis Antetokounmpo en périphérie.

Le but : libérer la raquette et permettre à Jimmy Butler de jouer plus près du cercle et de sanctionner les Bucks avec les coupes tranchantes dont il a le secret. Butler a inscrit 12 points de suite pour combler le retard et mettre du piment dans cette fin de match. Brook Lopez et Giannis Antetokounmpo ont clairement été déroutés par ce qui s'est déroulé sous leurs yeux.

Ensuite, il y a bien sûr ce dernier panier du quatrième quart-temps, quasiment au buzzer, pour arracher la prolongation. D'aucuns diront que Max Strus a posé un écran illégal ou que Jimmy Butler a bousculé Connaughton avant d'exécuter son tir acrobatique. En vérité, le plus intéressant s'était déjà produit. Erik Spoelstra avait décidé de laisser Bam Adebayo sur le banc pour cette séquence.

En réponse à ce choix, Mike Budenholzer a sorti Brook Lopez, son meilleur défenseur intérieur, pour jouer small. La sanction a été immédiate. Lopez n'était plus là pour bloquer la passe lobée vers Butler et le Heat a pu décrocher l'overtime.

La victoire de Spoelstra est, quelque part, la défaite de Budenholzer, dont on a eu le sentiment qu'il avait été outcoaché par son homologue. Après l'incroyable panier de Jimmy Butler, il aurait pu prendre un temps-mort. Il ne restait qu'une demi-seconde, certes, mais tenter quelque chose ne coûtait rien. Et durant la prolongation, cette passivité s'est encore fait sentir. Avec, notamment, à nouveau une absence de temps-mort (il lui en restait deux !) sur la dernière séquence. Ce n'est pas tout : il y a aussi eu des options qui n'ont pas été payantes.

Les critiques à peine voilées de Giannis

Giannis Antetokounmpo lui-même a regretté de ne pas avoir pu décharger un peu Jrue Holiday de la responsabilité de défendre sur Jimmy Butler pour l'empêcher de prendre feu. Tout monstre défensif qu'il est, Holiday aurait probablement eu besoin d'un peu d'aide ou d'un relais.

"Est-ce que j'aurais aimé défendre plus sur Jimmy pendant la série ? Par respect, il faut laisser le coach gérer ces ajustements-là. Notre meilleur défenseur était sur lui, on a eu des discussions à ce sujet. Lorsqu'il fatigue, je peux m'en occuper, mais c'est un tel compétiteur et il joue tellement dur... Jrue voulait relever ce challenge, mais en définitive, j'aurais aimé défendre davantage sur Jimmy.

Peut-être qu'on aurait dû lui faire des prises à deux pour l'obliger à passer le ballon. Ou switcher sur la consigne défensive pendant 2 ou 3 minutes pour que Jrue puisse souffler. En tant qu'équipe, je ne pense pas que l'on ait fait assez d'ajustements contre eux, ou pas les bons".

Une critique à peine voilée de "Bud", pour lequel il a clairement de l'affection et du respect, mais dont il ne peut passer les erreurs sous silence. Il sera intéressant d'observer dans les prochaines semaines ce que décidera le front office quant à la perspective de continuer ou non avec le double Coach of the Year (2015 et 2019).

Erik Spoelstra a donc conquis la 100e victoire de sa carrière en playoffs, pour rejoindre Larry Brown à la 5e place du classement all-time en la matière. Et on rappelle que "Spo" n'a jamais gagné le titre de Coach of the Year. Une anomalie dont on espère qu'elle sera réparée avant qu'il ne raccroche. L'ancien assistant-vidéo devenu héritier de Riley à Miami n'a que 52 ans. Si la lassitude ne le gagne pas, il a largement le temps de grimper les marches de l'histoire et de garnir son palmarès, tout en recevant la reconnaissance qu'il mérite.

CQFR vidéo : Onde de choc à Milwaukee, New York is back