Le dernier CQFR avant la reprise a dévié vers une vraie question de vestiaire : LeBron James est-il ce grand leader que l’on décrit depuis vingt ans, ou bien un patron au style parfois abrasif qui finit par lasser certains coéquipiers ? À partir d’un extrait du livre Hollywood Ending: The Dreams and Drama of the LeBron Lakers (relayé par The Ringer) et de plusieurs épisodes de carrière revisités, nos journalistes ont décortiqué la part d’image et la part de réalité.
Un livre qui gratte là où ça fait mal
Le point de départ, c’est cet extrait très à charge sur l’ère Lakers, et surtout sur la cohabitation compliquée avec Russell Westbrook. Shaï prévient d’emblée : « Ça paraîtra très à charge contre LeBron. » L’extrait raconte un vestiaire fracturé à l’époque où les rumeurs de trade, notamment autour de Westbrook, battaient leur plein, Kyrie Irving étant présenté comme la cible numéro un des Angelenos.
Ce qui choque Westbrook, selon le récit, ce n’est pas seulement l’idée du trade, mais la dissonance entre LeBron qui défend publiquement « Russ » et sa manière d’œuvrer en interne pour l’échanger. Une scène a particulièrement mis le feu aux poudres : la venue de Will Smith au “Genius Club” monté par Rob Pelinka pour un speech de motivation auprès du groupe. LeBron James et Anthony Davis quittent la salle, puis reviennent. Patrick Beverley aurait alors temporisé : « Non, mais ils ont le droit, ils ont gagné des titres de champion. » Westbrook, lui, serait resté atterré, lâchant : « Mais qu’est-ce qu’il fout ? Ça veut dire quoi de faire ça ? »
Image publique vs. réalités du vestiaire
Ce décalage supposé, l’émission le souligne avec d’autres exemples, certes plus anecdotiques, mais révélateurs de la « légende » LeBron. « Il y a des trucs qui sont relatés pour piquer LeBron : lorsqu’il se pointe avec des livres qu’il n’a pas lus ou dit qu’il avait prédit les 81 points de Kobe la veille… » Rien de grave, mais dans un vestiaire déjà tendu, ça nourrit l’idée d’un leadership très scénarisé.
Sur le terrain communication, la formule « let Russ be Russ » est citée comme un mantra répété publiquement par LeBron. Westbrook, plus tard, aurait envoyé une pique : « Il y en a beaucoup qui disent “Let Russ be Russ” mais ils ne comprennent pas ce que ça veut dire. » Là encore, la question posée par le podcast n’est pas de savoir qui a “raison”, mais de cerner le style de leadership.
Un leadership d’exigence… qui ne plaît pas à tout le monde
L’émission remonte la piste des collaborations compliquées. À Cleveland, le divorce avec Kyrie Irving (« il a tout fait pour se barrer ») illustre un schéma récurrent : avec LeBron James, le niveau d’exigence est maximal, la pression médiatique permanente, et la marge d’erreur minime. Même Kevin Love a connu les « statuts visés », ces messages subliminaux sur les réseaux qui finissent par teinter la relation.
Aux Lakers, la séquence Westbrook-Kyrie est centrale. LeBron aurait démenti avoir été informé à l’avance de mouvements, ce qui laisse planer un doute sur la transparence en interne. Et si Anthony Davis a, lui, toujours accepté le cadre, Antoine rappelle que c’est précisément « le profil du lieutenant prêt à suivre ».
Le patron reste le patron
Tout en creusant les angles morts, le CQFR ne minore pas la réalité sportive : LeBron demeure un compétiteur hors-norme, capable d’emmener loin n’importe quel groupe. « Il y a du respect et de l’admiration entre lui et Luka [Dončić] », glisse Antoine en évoquant la dynamique actuelle des Lakers.
Mais, et c’est là que la discussion devient passionnante, LeBron n’est plus dans la position de toute-puissance d’hier. « C’est la première fois de sa carrière que ça change. »
Autrement dit : son leadership n’est pas moins grand, il est plus contesté, car le contexte a évolué. Les coéquipiers sont d’autres stars à leur apogée. Chaque geste est interprété à l’aune d’une immense histoire déjà écrite.
Verdict : grand leader, leadership clivant
Alors, LeBron James est-il un grand leader ? Oui, si l’on parle d’élévation de niveau, de standards quotidiens, d’obsession de la gagne. Mais son leadership est « clivant » : hyper-exigeant, très médiatisé, parfois vécu comme « scénarisé » par ceux qui ne s’y retrouvent pas. Le CQFR ne tranche pas : il met face à face l’aura du King et les témoignages qui grattent, pour poser la vraie question. Jusqu’où un leader peut-il modeler son environnement sans perdre ses troupes en route ?

C’est décevant !
Par contre chez Lebron ce qui est assez frappant c'est la communication publique et les ficelles très visibles dans la gestion du personnage public. Tous ont vendu leur image d'une certaine façon pour faire "légende". Mais avec LBJ c'est grillé à des kilomètres.
Sans parlé de l'attitude passive-aggressive et la propension à jeter sous le bus (ou à laisser faire) si ça tourne mal. Bref il est probablement un grand leader au moment de gagner des matchs et des titres, mais manque terriblement de classe au niveau des retombées.