« Vous avez vu son visage ? », demandait Mario Chalmers après la victoire en faisant référence à l’air sombre et déterminé de LBJ. « Il est comme ça depuis hier soir. On savait qu’il serait prêt à jouer. C’est pour ça qu’il est le MVP. J’appelle ça sa sale tête. » « D’habitude, il est plutôt tranquille, mais cette fois il n’a pas lâché le moindre sourire. Son expression est restée la même toute la journée. Il a montré que quand il fallait faire le taf sérieusement, il n’avait pas son pareil », ajoutait Norris Cole.Après 9 ans dans la ligue et alors que son équipe était à un match de l’élimination, LeBron James a peut-être compris fondamentalement ce qui faisait de Michael Jordan, Kobe Bryant, Larry Bird ou Tim Duncan des compétiteurs aussi performants. C’est qu’il ne suffit pas de détester perdre ou d’avoir à cœur de bien jouer pour figurer parmi les plus grands, il faut avoir une volonté farouche d’écraser l’adversaire. Pas parce qu’on le déteste fondamentalement ou qu’on a de la haine en soi, mais parce pour des champions de ce calibre, rien de moins que la victoire équivaut à une petite mort.
« Personne n’aime qu’on lui jette de la terre sur le visage avant même d’être mort », expliquait coach Spo. « Ce soir, il est arrivé avec l’envie d’attaquer dès le début. »Frapper le premier plutôt que pour se défendre, un précepte à ne pas inculquer dans les cours d’école, mais qui est une évidence pour les plus grands champions. Pour LeBron, l’enfant prodige à qui tout est venu tout de suite, il a peut-être fallu le temps de la maturation pour réaliser ceci. Les sourires, les pubs, la hype et les potes, c’est très bien, mais sur le terrain, quand on veut figurer au Panthéon des athlètes de son sport, une seule chose compte : la victoire.
« Ce n’est pas possible de jouer au niveau auquel il a joué ce soir si on a de grosses sautes émotionnelles, qu’on aille trop haut ou trop bas », expliquait son coéquipier James Jones. « On pouvait voir ce soir qu’il était un peu plus concentré à cause de l’importance du match. Même durant les temps morts, il gardait la même énergie, la même activité. Il était remonté comme si la question ne se posait même pas de savoir s’il pouvait jouer chaque minute et chaque seconde où on aurait besoin de lui. Très peu de joueurs peuvent faire ça et il en fait partie. C’est ce qui fait de lui ce qu’il est. »Ou du moins ce qu’il est devenu. On en aura peut-être la certitude samedi soir pour le Game 7. En tout cas, il a déjà prévenu.
« Je n’aurai pas de regret après le Game 7. »