Du cimetière aux Finales NBA, l’incroyable histoire de Matt Ryan

Du cimetière aux Finales NBA, l’incroyable histoire de Matt Ryan

Il y a un an, il travaillait dans un cimetière. Aujourd’hui en Finales NBA, il pourrait bientôt remporter une bague de champions avec les Boston Celtics. Qui est Matt Ryan, la belle histoire de 2022 ?

Benjamin MoubèchePar Benjamin Moubèche  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Portrait

Il n’y a pas de chemin tout tracé vers les Finales NBA. Si certains ont toujours été promis à un grand avenir, comme Jayson Tatum, d’autres n’avaient jamais osé rêver d’un tel destin. Ainsi, de belles histoires s’écrivent en Finales tous les ans. À chaque fois plus originales, à chaque fois plus improbables que les précédentes. Bien entendu, cette saison n’échappe pas à la règle. La belle histoire de 2022, c’est celle de Matt Ryan.

Vous n’avez certainement jamais entendu son nom et il y a fort à parier que vous ne l’ayez jamais remarqué sur le parquet. Le contraire serait étonnant, puisque Matt Ryan n’a joué que 5 minutes dans son seul et unique match, le dernier de la saison, avec les Boston Celtics. Dans sa carrière, il n’a encore qu’un seul tir réussi à son actif. Il y a peu de chance, donc, que son passage vous ait marqué.

L’ailier de 25 ans n’a pas non plus connu un succès particulièrement remarquable à l’université. En cinq ans, il a joué pour trois facs différentes, pour une moyenne de 7,9 points par match. Logiquement non drafté en 2020, la NBA semblait hors de portée pour lui.

Alors, comment Ryan a-t-il pu atteindre les Finales NBA ? Dans une interview pour The Athletic, le joueur raconte son étrange parcours.

Même au cimetière, il a refusé de laisser son rêve mourir

Il n’y aurait pas pu y avoir de pire timing pour un joueur comme lui. Alors qu’il sortait de son cursus universitaire, Matt Ryan avait une dizaine de workout prévus avec des équipes NBA avant la draft. Mais la pandémie de COVID-19 est passée par là, fermant les fenêtres par lesquelles il espérait accéder au monde professionnel.

Pas de workout, pas de Summer League, pas même de préparation possible pour tenter de jouer outre-Atlantique. Bref, aucune opportunité pour lui de décrocher une place dans un roster avant le début de la saison.

"Notre salle d’entraînement a été fermée. Donc qu’est-ce que j’ai fait? Je suis allé à Walmart, j’ai acheté un panier de basket et je l’ai mis dans le parking de mon appartement", raconte-t-il dans l’interview.

Malgré tout, Ryan ne pouvait pas se résigner à abandonner son rêve. Pour gagner sa vie le temps d’y arriver, il a alors accepté un travail dans le cimetière Saint-Joseph, à Yonkers, dans l’État de New York. Tous les matins, à sept heures, il commençait à nettoyer les tombes et les allées. Un emploi qu’il a parfois dû cumuler avec quelques missions pour DoorDash et UberEats pour arrondir les fins de mois.

Ce n’était pas tout à fait son job de rêve, mais cela lui permettait au moins de garder une certaine flexibilité, au cas où une opportunité se présenterait. Il lui laissait aussi suffisamment de temps pour s’entraîner et pour coacher les enfants d’un club local.

"Tout ce temps, c’était difficile. Je ne le répèterai jamais assez. C’était vraiment, vraiment dur d’aller m’entraîner sans savoir quand je jouerais à nouveau", se souvient Ryan.

Puisqu’il avait toujours rêvé de jouer pour les Celtics, pour se motiver, Matt Ryan imaginait Brad Stevens sur le bord du terrain, en train de le regarder. Fruit du hasard ou signe du destin ? À vous de trancher.

L’ouverture tant attendue

Après une longue attente, une opportunité a fini par se présenter. Ryan était prêt. Une semaine avant le début de la Sumer League 2021, les Cavaliers l’ont appelé pour qu’ils les rejoignent à Las Vegas. Une porte d’entrée, enfin.

Sur ses quatre matches cet été-là, Matt Ryan a saisi sa chance. Sa moyenne de 11,3 points à 48% a tapé dans l’œil de Denver, qui a alors décidé de l’inviter pour son training camp. Coupé avant le lancement de la saison, il avait déjà un pied dans le basket professionnel.

L’ailier a ensuite pu jouer avec les Grand Rapids Gold, l’équipe de G League des Nuggets. L’occasion de se faire remarquer, notamment avec une performance à 34 points sur 9 tirs à trois points réussis en janvier. C’est ce qui lui a permis de rejoindre Team USA pour les éliminatoires de la Coupe du Monde. Des opportunités inespérées un an auparavant.

Matt Ryan aux Celtics, finalement

Après la trade deadline de février, les Celtics avaient la place d’accueillir un joueur en two-way contract. Vous vous en doutez, c’est à Ryan qu’est revenue cette chance. Il rejoignait ainsi la franchise de Brad Stevens le 28 février. Pour de vrai cette fois-ci. Boston est aujourd’hui en Finales. Et s’ils gagnent, il aura le droit à sa bague.

"Trois universités en cinq ans, un an et demi sans jouer, et peut-être une bague cette année? C’est juste fou. J’étais prêt à partir à l’autre bout du monde pour jouer dans je ne sais quelle ligue. […] La manière dont les dominos sont tombés cette année… il y a un Dieu", raconte-t-il.

Son contrat ne lui permettra pas d’entrer sur le terrain dans l’ultime série des Celtics. Alors il tente de se rendre utile comme il peut. Il conteste les lay-ups de Marcus Smart pendant l’échauffement, motive Jaylen Brown avant les matches.

Après un tel parcours, il est peut-être le joueur le plus heureux de l’effectif. Il cherche donc à partager son enthousiasme avec les autres pour contribuer à l’effort à sa manière. Sur le banc, il célèbre chaque panier avec plus d’intensité que ceux qui sont sur le terrain. Un rôle qu’il a choisi d’embrasser pleinement.

"Nous travaillons très dur tous les jours. Et pour les matches, je n’ai pas envie de dire que nous sommes le groupe de cheerleaders. Mais nous essayons d’insuffler un maximum d’énergie et de positivité aux gars qui jouent toutes les minutes", explique Ryan.

Matt Ryan est persuadé que cette saison ne sera pas sa dernière. Mais pour le moment, il profite de cette expérience incroyable. Il y a un an, il nettoyait des tombes dans un cimetière. Demain, il pourrait bien remporter une bague de champion.

"Je n’ai jamais entendu d’histoire comme la mienne. C’est fou. Je n’arrive pas à croire que c’est mon histoire, mais c’est le cas. […] Peu importe comment ça se termine, je me souviendrais toujours de cette année comme de la meilleure de ma vie", conclut le joueur.

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