La NBA lui a fermé ses portes
Tucker n'a que 23 ans, mais sort d'une expérience frustrante en NBA, où Toronto ne lui a offert que 83 minutes de jeu en parallèle d'un rôle en D-League. Le natif de Raleigh en Caroline du Nord a faim et envie de prouver ce qu'il vaut."A l'époque, la NBA était différente. Être un tweener (un joueur coincé entre deux postes ou deux rôles) était une tare. Personne ne voulait de nous. Il fallait être un ailier capable de shooter à 3 points, ou un big man qui joue dos au panier. Si tu te trouvais entre ces deux choses-là, tu n'avais pas ta place. J'ai longtemps été perdu. Partir en Israël m'a appris à être un joueur d'équipe. J'ai dû grandir. Par la suite, j'ai été l'option n°1 pendant 3 ou 4 ans et j'ai appris à être un leader. Quand je suis revenu en NBA, j'ai tout de suite su comment je devais faire mon boulot", raconte-t-il dans le New York Times.A Holon, PJ Tucker fait mal. Très mal. Dans l'impact physique et l'intensité, personne ne rivalise avec lui en Ligat HaAl. Son énergie et son agressivité sont contagieuses et l'Hapoel surprend tout le monde en réussissant une saison régulière magnifique, avant d'aller rafler le titre au nez et à la barbe du Maccabi Tel Aviv en s'imposant d'un point en finale du Final Four (73-72). Le public local s'entiche de Tucker, qui garde un souvenir passionné de la chaleur des salles israéliennes.
"Le public était tellement bruyant et les fans tellement fous... Je n'ai jamais joué dans un autre endroit comme celui-là. C'est le top à ce niveau, de très loin. Ce titre, c'est le meilleur souvenir de ma carrière à ce jour".
Il brutalisait l'opposition
Omri Casspi porte alors les couleurs du Maccabi, quelques mois avant d'être drafté en NBA par les Sacramento Kings. Lui-même né à Holon, Casspi se souvient de l'impression que lui avait laissée PJ Tucker lors de leurs affrontements."PJ Tucker brutalisait les gars au poste, tout simplement. Il n'y avait absolument personne de son niveau dans le championnat et personne capable de lui répondre physiquement".Elu MVP de la ligue, adulé par les fans et craint par les adversaires, Tucker décide pourtant de quitter Israël pour Donetsk en Ukraine, étape elle aussi cruciale dans son parcours jusqu'au comeback que l'on connaît. Quatorze ans après, Tucker est toujours ce cylindre inamovible capable de tenir en respect, autant que faire se peut, des monstres comme LeBron James ou Anthony Davis, tout en étant l'un des artilleurs les plus adroits de la meilleure ligue du monde lorsqu'il est servi dans l'un des corners. Aujourd'hui, c'est aussi un champion NBA et plus personne n'osera s'interroger sur la pertinence de sa présence dans la ligue.
