Le joueur des Boston Celtics Jaylen Brown, reconnu pour ses performances sportives autant que pour ses engagements publics, a enfin expliqué dans le Big Tiger Show pourquoi il a refusé un contrat colossal avec Nike l'année dernière. L’offre évoquait une somme totale de 50 millions de dollars, mais ce montant était réparti sur plusieurs années et non versé d’un seul coup. « Ce n’était pas aussi difficile que les gens le pensent. Et ce n’était pas tout d’un coup ; c’était étalé sur un certain nombre d’années. Ce n’est pas comme si j’avais dit non à 50 millions d’un seul coup », a-t-il confié.
Mais ce qui l’a surtout fait reculer, ce sont les conditions liées à son image publique. Une clause en particulier lui a semblé inacceptable : « Si vous dites quelque chose de controversé ou quoi que ce soit qui perturbe l’écosystème de notre entreprise, nous pouvons résilier votre accord. Nous pouvons mettre fin à votre contrat. » Pour Brown, signer un tel engagement revenait à se priver de toute liberté de parole. « Cela vous empêche d’avoir une voix. Beaucoup de célébrités et d’athlètes ne s’expriment jamais parce qu’ils risquent de perdre leur contrat s’ils le font. Moi, je n’aime pas compromettre ma voix pour qui que ce soit ou quoi que ce soit. Alors je leur ai simplement dit que je passais mon tour. »
L’arrière des Celtics n’a pas seulement tourné le dos à l’offre de Nike, il a aussi décidé de tracer sa propre route en lançant sa propre marque, 741 Performance. Sa première sneaker signature a déjà vu le jour, avec un design qui rappelle certains modèles de Kobe Bryant tout en affichant des lignes distinctives. Les premiers retours dans la communauté sneaker sont positifs et confirment la volonté de Brown de créer une identité qui lui ressemble.
Pendant une période où il n’était lié à aucune marque, Brown a exploré plusieurs pistes en essayant différents modèles de Nike, adidas ou Puma. Mais son rapport avec Nike est resté ambigu.
« À l’époque, rien ne fonctionnait vraiment parce que je ne réfléchissais pas comme les autres. Pourtant, j’avais besoin de chaussures, et Nike avait les meilleures sur le marché. Mais comme je n’étais pas signé chez eux, je ne voulais pas leur faire de publicité gratuite. Alors j’ai commencé à porter des Kobe parce que j’adore Kobe.
En réalité, Kobe est la raison pour laquelle j’ai lancé ma marque aujourd’hui. Je peux avoir ma propre ligne et établir mes propres règles plutôt que de suivre celles de quelqu’un d’autre. Mais si j’aime Kobe, je n’aime pas Nike. Alors j’ai retiré le swoosh et je portais des Kobe sans logo. »
Au-delà de l’aspect strictement commercial, cette décision s’inscrit dans la continuité de l’engagement de Jaylen Brown en dehors des parquets. Vice-président de la NBPA, le syndicat des joueurs NBA, il a souvent pris position sur des sujets de société sensibles, qu’il s’agisse de justice sociale, d’éducation ou de la place des Afro-Américains dans le sport professionnel. Refuser un contrat qui aurait pu limiter ses prises de parole s’aligne parfaitement avec cette posture militante. Brown revendique depuis plusieurs années un rôle d’intellectuel engagé dans le monde du basket, et ce choix confirme qu’il est prêt à sacrifier une partie de ses revenus pour rester fidèle à ses convictions. Sa démarche ne se réduit donc pas à une querelle contractuelle : elle traduit une volonté d’utiliser sa notoriété et son influence pour défendre des causes qui dépassent le cadre du jeu.
Cette décision dépasse donc la seule sphère sportive. Elle illustre le refus d’un athlète de troquer son indépendance contre un chèque, aussi important soit-il. Dans un environnement où la plupart des superstars NBA s’associent à des géants de l’équipement, Brown revendique une autre voie. Pour lui, posséder sa marque, c’est posséder sa voix, et c’est aussi un moyen de montrer qu’un joueur peut créer ses propres standards au lieu d’accepter ceux dictés par les grandes compagnies.
En refusant ce contrat, Jaylen Brown a mis en lumière un dilemme auquel sont confrontés de nombreux sportifs : faut-il choisir la sécurité financière au prix du silence, ou préserver sa liberté en se lançant dans l’inconnu ? Dans son cas, la réponse est claire. Sa décision pourrait inspirer d’autres joueurs qui, à l’avenir, voudront s’émanciper des clauses restrictives imposées par les grandes marques. Pour Nike, c’est un signal d’alarme : même un contrat de 50 millions ne suffit pas toujours à faire taire une voix déterminée.
