La revanche de Ray Allen

Deux ans après son départ des Boston Celtics, Ray Allen retrouvait Paul Pierce et Kevin Garnett en playoffs cette nuit. Les anciens frères d'armes sont devenus adversaires.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
La revanche de Ray Allen
Avant la première manche face aux Brooklyn Nets hier soir, quelques joueurs du Miami Heat se sont réunis pour une séance vidéo improvisée dans le vestiaire. Sans doute voulaient-ils jeter un dernier coup d’œil aux dernières confrontations entre les deux équipes, toutes perdues par les Floridiens. Pas vraiment. Ils se sont repassés la vidéo d’un match du premier tour des playoffs 2009 entre les Chicago Bulls et les Boston Celtics où évoluaient encore Ray Allen (NB : si vous n’avez jamais vu cette série, filez donc immédiatement sur YouTube voir les matches – mais revenez quand même sur BasketSession après !). Sans voulaient-ils étudier de plus près le jeu de Paul Pierce, toujours très performant face à LeBron James. Pas vraiment. « Jésus », alias Ray Allen (ou l’inverse), souhaitait revoir ses 51 points passés sur la défense des Bulls. Allen était encore une star. S’il est toujours capable de faire basculer une rencontre (une finale…) sur un shoot assassin, il a depuis été rattrapé par le poids des années. « Ray-Ray » n’est plus le titulaire indiscutable qu’il était à Boston, ni l’une des trois têtes d’affiche du puzzle mis en place par Danny Ainge à l’été 2007. Mais peut-être avait-il le besoin de se revoir à l’œuvre, de se souvenir comment il dominait ses adversaires. Effectivement, la rencontre face à Brooklyn avait un parfum particulier pour Ray Allen cette nuit.

Les retrouvailles avec Paul Pierce et Kevin Garnett

Ray Allen a quitté Boston en 2012, anticipant la reconstruction inévitable de la franchise de Beantown. Il a rejoint l’ennemi. Le Miami Heat, tombeur des Celtics quelques mois plus tôt et sacré champion NBA dans la foulée. Une signature qui a choqué Paul Pierce, Kevin Garnett et Doc Rivers. Depuis ce jour, seul le dernier nommé a pardonné à son ancien joueur. « KG » prétend avoir « perdu le numéro de Ray Allen ». Pierce l’a longtemps considéré comme un traître. Pour la première fois en playoffs depuis le départ d’Allen, les trois anciens champions NBA se retrouvaient sur le même parquet hier soir. Mais il n’y a pas eu de séquences émotions, pas d’embrassades ou de câlins.
[superquote pos="d"]"C'était un match comme un autre" Ray Allen[/superquote]« C’était un match comme les autres. Les cinq gars en face sont tous les mêmes pour moi. Peu importe qui ils sont. Ce sont juste des adversaires que l’on veut battre et l’on doit faire ce que l’on peut pour gagner », assurait Ray Allen après la rencontre.
Le futur Hall Of Famer ne veut pas mettre de l’huile sur le feu. En grand professionnel, il s’est toujours préparé avec autant d’application, que ce soit pour une rencontre de saison régulière ou de playoffs. C’est bien pour ça qu’il en est toujours là aujourd’hui, à 38 ans. Quand ses anciens partenaires ont tenté, en vain, une dernière campagne, lui décrochait une deuxième bague en sauvant son équipe sur un tir légendaire à quelques secondes de la fin du sixième match. Ceux qui l’ont qualifié de traître ont eux aussi quitté les Celtics depuis. Pas tout à fait dans les mêmes conditions, il est vrai. Doc Rivers a préféré fuir vers Los Angeles plutôt que de s’engager dans une longue reconstruction. Il est désormais outsider pour le titre avec ses Clippers. Kevin Garnett et Paul Pierce ont-eux été envoyés à Brooklyn afin d’avoir une dernière chance de décrocher une nouvelle bague.

« Jésus » revient sur terre

De ce que l’on sait, Ray Allen n’a pas reparlé à Kevin Garnett et Paul Pierce depuis son départ de Boston. Il a expliqué lundi dernier ne pas avoir cherché à reprendre contact avec ses deux anciens compagnons d’armes. A Miami, il a su s’intégrer au groupe déjà en place.
[superquote pos="d"]"Les joueurs du Heat ont fait de moi leur frère"[/superquote]« Ces gars-là m’ont bien accueilli. Ils m’ont tout de suite donné l’impression de faire partie de la famille et ils ont fait de moi un frère. C’est comme si j’étais là depuis longtemps. Je ne fais pas attention à ce qui se dit autour. Nous sommes un groupe uni. »
Ray Allen a des nouveaux compagnons. LeBron James, Chris Bosh, Dwyane Wade, etc. Une brochette de champions prêts à marquer l’histoire en décrochant un troisième titre NBA consécutif. Pour y parvenir, les superstars de Miami auront besoin du soutien de leur role player. Et pour l’instant, Allen avait plus l’air d’un ancien en fin de carrière qu’un joueur déterminant. Face aux Charlotte Bobcats, au premier tour, il était inexistant, ou presque (3 points de moyenne à 5/19 aux tirs en cumulé sur les quatre rencontres). Mais le Heat a passé l’obstacle sans trembler. Face à Pierce et les Nets, c’est un tout autre challenge qui attend les doubles champions en titre. Du moins en principe. C’est donc au meilleur moment que leur shooteur d’élite a décidé de se réveiller. Motivé, appliqué, concentré, énergique, Ray Allen a tout de suite fait la différence en sortant du banc. Le Heat a pris un premier écart avec ses remplaçants – et Dwyane Wade – sur le parquet dans le deuxième QT cette nuit. Allen a mis du rythme et il a rentré ses tirs. Comme au bon vieux temps. Il est ensuite revenu sur le terrain pour achever les espoirs des Nets avec deux tirs primés, gonflant ainsi l’écart à 20 points. Le joueur de 38 ans a terminé avec 19 points à 6/10 aux tirs (dont quatre paniers inscrits derrière l’arc). A côté de lui, Paul Pierce, auteur de 8 points dont seulement 2 en deuxième période, et Kevin Garnett, 0 point, paraissait bien vieux. Ray Allen n’en rajoutera pas, il se satisfait de la victoire de son équipe. Il était sans doute très motivé par le fait de jouer contre ses deux anciens amis, même s’il ne l’avouera peut-être jamais. Lorsque cette série sera terminée, les trois hommes prendront peut-être le moment de se retrouver au centre du parquet, histoire d’échanger enfin quelques mots – et ce quel que soit le vainqueur. Mais en attendant, Ray Allen tenait sa revanche hier soir.
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