Témoignage : Thabo Sefolosha revient sur son agression par la police de New York

La carrière de Thabo Sefolosha a été sérieusement menacée par… des policiers, qui ont agressé le joueur suisse à la sortie d’une boite de nuit en 2015.

Témoignage : Thabo Sefolosha revient sur son agression par la police de New York
Thabo Sefolosha s’y connait en matière de violences policières. Il les a subies, il y a cinq ans, à la sortie d’une boite de nuit new-yorkaise. Alors, contrairement à George Floyd ou Eric Garner, deux hommes noirs morts étouffés par un agent des forces de l’ordre, le NBAer s’en est sorti vivant. Mais pas indemne. Ni physiquement, ni psychologiquement. Et, quand il a vu la vidéo du meurtre de Floyd, il a forcément été touché.

« J’ai été horrifié par ce que j’ai vu. Ça aurait pu être moi », confie le vétéran suisse aux origines sud-africaines.

En avril 2015, Chris Copeland, alors membre des Indiana Pacers, est poignardé à la sortie d’une boite de nuit new-yorkaise. Sefolosha et son coéquipier Pero Antic, alors aux Atlanta Hawks, étaient présents au moment des faits. La police a débarqué et elle a demandé aux passants de quitter la scène. L’ancien joueur de Chalon s’est exécuté. Mais il s’est rapidement fait harceler puis plaquer au sol par les officiers. Arrêté brutalement, il s’est cassé la jambe et plusieurs ligaments ont été endommagés. Ce qui aurait pu mettre un terme à sa carrière professionnelle.

« Les gens parlent de quelques pommes pourries en parlant de la police. Mais vous savez, d’après mon expérience et d’après ce que je vois, c’est plus profond que ça. C'est une culture qui est pourrie de l’intérieur. Honnêtement, c’est juste mon opinion. »

Thabo Sefolosha : « Ça aurait pu être moi [à la place de George Floyd] »

George Floyd est mort à Minneapolis la semaine dernière après que sa nuque a été écrasée pendant neuf minutes par le genou d’un policier. Depuis, de nombreux joueurs NBA ont pris la parole et ont manifesté en compagnie de milliers de citoyens dans plusieurs grandes villes du pays comme Los Angeles, New York ou San Antonio. Ils militent contre les violences. Contre les discriminations. Et ils réclament que justice soit faite. Tout comme Thabo Sefolosha en 2015. Plutôt que d’accepter un accord avant procès, il a préféré aller au tribunal. Et, le comble, c'est qu'il a dû y prouver son innocence. Le jury l’a finalement acquitté de toutes charges.

« Cette affaire a changé ma façon de voir la police dans ce pays. Mais aussi ma façon de voir la justice. Je suis allé au tribunal et j’ai dû prouver que j’étais innocent. Je suis vraiment sceptique au sujet du système. »

Après avoir été innocenté, il a attaqué la ville de New York ainsi que huit policiers pour 50 millions de dollars. Il a finalement négocié pour en obtenir 4, qu’il a reversés en grande partie à une association. Mais le préjudice moral est là. Physique aussi. Thabo Sefolosha n’a pas pu jouer les playoffs avec les Hawks en 2015, en raison d’une opération de sa jambe cassée à la suite de son interpellation. Il est évident qu’il ne s’agit pas que de quelques pommes pourries. Il y a un vrai problème plus profond. De formation, de moyens, de compréhension et de respect. Et en 2020, c’est terrifiant.