Privée d’Alex Sarr pour le reste de l’Euro, l’équipe de France doit réinventer sa peinture. Entre rebond à sécuriser, protection du cercle et rotations resserrées, une question s’est invitée dans le CQFR de ce matin avec Théo et Shaï : Zaccharie Risacher peut-il dépanner en small-ball 5 sur certaines séquences ?
Une victoire, un gros manque… et de nouvelles idées
Face à la Pologne (83-76), les Bleus ont rebondi après la claque contre Israël, mais la journée a été marquée par le forfait d’Alex Sarr (mollet) pour tout l’Euro. Sans Sarr, les Bleus n’ont plus de vrai rim-protector : ça pèse tout de suite sur la défense des drives et les closeouts. L’urgence est double : continuer à dominer au rebond (40–31, dont 23 offensifs contre la Pologne) et colmater l’accès au cercle.
Ce que le match a raconté des besoins
La France a su sortir les stops quand il fallait, mais la première mi-temps a exposé des trous : coupes dans le dos, shooteurs oubliés, pick-and-roll mal contenus. L'équipe de France a bien tenu Jordan Loyd et Mateusz Ponitka, mais a manqué de verticalité au cercle. C’est précisément la dimension qu’apporte Sarr d’habitude : couvrir 2 mètres en un pas, contester tard et haut, puis verrouiller le rebond.
Guerschon Yabusele (36 points, 6/12 à 3 pts) a porté l’attaque et apporté au rebond, Élie Okobo (14 pts, 10 pds) a clos la discussion dans le money-time, Isaïa Cordinier a mis l’empreinte défensive, et Jaylen Hoard a fait un vrai boulot d’appoint, parfois… comme pivot de fortune. Ce dernier est toujours bien placé, il sent bien les rebonds et a un côté couteau-suisse, très complet et avec une excellente mentalité. Reste que, sur la durée, le manque de taille au sein du groupe finit par se voir.
Pourquoi penser à Risacher en 5 ?
L’idée n’est pas de l'utiliser pour affronter Jokić ou Şengün, mais pour des matchups ciblés face à des équipes sans mastodonte. Zaccharie Risacher coche plusieurs cases du “5 moderne"... de dépannage :
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Longueur et mobilité pour contester au cercle en rotation tardive ;
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Vivacité pour switcher ou tenir en “hedge & recover” sur pick-and-roll ;
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Spacing en attaque pour ouvrir la raquette à Okobo/Francisco et laisser Yabusele opérer.
Sa longueur et sa lecture permettent de l’imaginer fermer l’angle au dernier moment, à la Sarr, sur de courtes séquences. L’intérêt serait aussi offensif : en 5 “étiré”, Risacher impose au pivot adverse de sortir, libère les couloirs de drive et permet de transformer les rebonds longs en secondes chances. Shaï ne serait pas surpris de voir cette option-là par la suite, et souligne que ce serait intéressant pour lui d'avoir cette polyvalence dans son jeu pour la suite de sa carrière.
Les limites (et comment les gérer)
Tout n’est pas idéal : lutte au post bas, box-out sur gros gabarits… Contre la Serbie ou la Turquie, il vaut mieux oublier. Mais face à des cinq plus mobiles, ça peut être une vraie option, pour Théo. La condition : séquences courtes et planifiées, avec aides pré-organisées (low-man prêt à tagger, côté faible verrouillé) et une priorité : sécuriser le rebond défensif.
L’objectif n’est pas de réinventer le poste, mais d’ajouter une option pour tenir des passages, punir une zone, ou accélérer le tempo.
Verdict : une option ponctuelle, mais réaliste
Avec Sarr out, la France devra cumuler les solutions plutôt que chercher un remplaçant unique : Hoard en 5 énergivore, Yabusele en bully-ball, et, par moments, Risacher en small-ball 5 pour gagner de la vitesse, du spacing et des possibilités sur switch. Une carte surprise crédible, à condition de choisir ses minutes et l’adversaire.
Pour l’analyse complète du match et des scénarios de groupe avant France–Islande, écoutez/regardez le CQFR du jour :

Après qu'il soit envoyé en 4 avec Yabu en 5 sur quelques séquences pour jouer vite et apporter un peu plus de spacing (mais faut que tout le monde retrouve un peu d'adresse, pas seulement lui). Mais le voir comme un potentiel 5 de fortune : non.
Le but de l'idée c'est qui mettre si aucun de nos trois intérieurs ne peuvent être sur le terrain à un instant T ?
Ou ajouter, au besoin, quelqu'un dans la rotation au poste 5 ?
Moi, j'en vois aucun capable de faire le boulot.
Et si il y a un problème de fautes et qu'on a vraiment, vraiment pas le choix, je préfère envoyer TLC au combat dessous que Risacher.
En fait, je pense que tu paierais trop cher ses manques par rapport à ce qu'il apporterait.
Il apporterait plus de protection de cercle ? Peut-être. Mais ça reste à voir. Ce sont des habitudes de 20 ans à changer en 2 jours.
Concernant le spacing, le spacing est une notion collective. Les shooteurs français ne sont pas respectés et avoir Zacc en stretch 5 ne changerait rien au problème. Quand t'as un seul shooteur sur le terrain, qu'il joue 1 ou 5, t'as pas de spacing.
Ce serait pas un joueur de drop, c'est sûr. Mais Yabu et Hoard non plus. Et Jaiteh, c'est pas non plus ce qu'il fait de mieux.
Bref j'ai du mal à voir un avantage flagrant en l'imaginant 5 mais le plus gros désavantage est ailleurs selon moi. Et il est massif ! Non je n'aborderai même pas la bataille sous le cercle pour la prise de position. Rien que d'y penser, j'ai mal pour lui. Non, il y a même pire que ça.
Cette équipe de France version Fauthoux a fait sienne la bataille des possessions. Beaucoup d'activité sur le porteur, sur les lignes de passes et au rebond offensif (n°4 aux interceptions et n°1 aux rebonds off). Or Risacher est un joueur fantastique dans ces domaines sur les postes extérieurs. L'avoir en 5, c'est se priver de l'avantage concurrentiel qu'il nous apporte ailleurs.
Avouons que ce serait dommage de déshabiller Pierre pour mal habiller Paul.