Damien Inglis, le dernier produit « made in France » en NBA

Drafté au début du second tour par les Milwaukee Bucks, Damien Inglis, 19 ans, va découvrir la NBA dès cette saison. Le Français a l'opportunité de faire son trou.

Damien Inglis, le dernier produit « made in France » en NBA
« Je ne veux pas aller en NBA pour faire de la figuration ». Interrogé en mars 2013 par nos confrères de Catch&Shoot, Damien Inglis ne masquait pas ses ambitions. Le natif de Guyane formé à l’INSEP avait marqué les esprits peu de temps avant, terminant dans le meilleur cinq d’un tournoi réunissant les meilleurs jeunes européens (Le NIJT, il avait alors compilé 23,6 pts, 9,6 rbds et 9 pds). A cette époque, le jeune homme envisageait plutôt un départ vers la ligue la plus prestigieuse du monde en 2015 ou 2016. Mais, à la surprise générale, il a inscrit et laissé son nom à la draft alors que la cuvée 2014 est considérée comme l’une des plus chargées et des plus prometteuses de la décennie. Un choix payant, étant donné que le Français passé par la Chorale Roanne a été sélectionné en 31e position (premier choix du deuxième tour) par les Milwaukee Bucks.
« On savait qu’on le prendrait avec le 31e choix s’il était encore disponible », raconte Billy McKinney, directeur du service de détection des jeunes joueurs pour la franchise du Wisconsin.
Les Bucks n’ont pas drafté Damien Inglis pour le laisser mûrir et progresser encore quelques saisons de l’autre côté de l’Atlantique (en Europe). John Hammond, le GM de la franchise, a annoncé l’intention de rameuter le jeune homme en NBA dès cette saison. Le meilleur tricolore de la génération 1995 rejoindra donc le contingent bleu, blanc, rouge mené par Tony Parker, Nicolas Batum, Boris Diaw et compagnie aux Etats-Unis. Même s’il n’a que 19 ans, Inglis était considéré par les scouts comme l’un des rookies les plus aptes à s’adapter aux exigences physiques de la ligue. L’ailier de 2,06 m est un phénomène athlétique dont l’envergure atteint les 2,20 m. Des mensurations qui ont tendance à faire rêver les dirigeants NBA toujours à la recherche de nouveaux « freaks ».

Le futur stoppeur des Bucks ?

Qualités athlétiques hors du commun, taille et puissance physique riment souvent avec défense. Si les dimensions Durant-esque d’Inglis – les muscles en plus – ont séduit la direction des Bucks, ses nouveaux employeurs le comparent à l’un des meilleurs stoppeurs de la dernière décennie.
[superquote pos="d"]"On a vu en lui du Ron Artest" Un dirigeant des Bucks.[/superquote]« Avec sa taille et son corps, on a vu en lui un Ron Artest. Il a la longueur et la coordination pour être un excellent défenseur et il peut défendre sur plusieurs positions. Il est solide sur le porteur de balle et il peut couper les lignes de passes, dévier et intercepter des ballons (avec ses longs bras) », poursuit McKinney.
Les scouts des différents sites spécialisés et des franchises NBA ont tout de suite collé cette étiquette de défenseur à Damien Inglis mais le jeune homme a d’autres atouts. Comme l’a noté le directeur du scouting des Bucks, c’est un joueur versatile capable d’affecter le jeu de différentes manières.

L’éloge de la polyvalence

Sa robustesse ne lui sert pas qu’à défendre. Il peut aussi absorber les contacts avec le haut de son corps afin de finir près du cercle. Listé comme un ailier, Inglis peut occuper plusieurs postes en attaque comme en défense.
« Il est très technique. Il peut monter la balle, créer du jeu balle en main, prendre des rebonds. Il peut jouer arrière ou ailier et même ailier fort si l’on aligne un cinq plus petit. »
La polyvalence est un art et un luxe au sein d’une ligue remplie de spécialistes même si certains coaches ne savent parfois pas comment exploiter au mieux autant d’atouts (exemple : le début de carrière de Boris Diaw à Atlanta avec Mike Woodson). Damien Inglis n’occupera sans doute pas un rôle central au sein de l’équipe en reconstruction des Milwaukee Bucks mais il aura l’opportunité de gagner son temps de jeu sur plusieurs positions, du poste 2 au poste 4. Jason Kidd, le nouveau coach de Milwaukee, apprécie les systèmes « small ball » et le Français pourrait s’imposer comme la doublure de Jabari Parker (ailier fort) au sein d’un tel schéma tactique.

Des lacunes à travailler

[superquote pos="d"]Sa polyvalence peut séduire Jason Kidd[/superquote]Mais avant de songer à son temps de jeu, l’ancien roannais va devoir gagner sa place et effacer du mieux possible ses différents points faibles. Comme beaucoup de jeunes phénomènes athlétiques, son shoot est en chantier. Il tournait tout de même 49% aux tirs et 38% à trois-points l’an passé en Pro A mais sur un petit volume de shoots. Inglis n’est pas une menace fiable loin du cercle et ses vis-à-vis n’hésiteront pas à reculer d’un pas ou deux afin de mieux contenir ses départs en dribble. De plus, même si ses qualités de passeur et sa vision du jeu sont loués par les scouts, il a encore tendance à perdre trop de ballons. Mais plusieurs séances avec Jason Kidd, l’un des meilleurs meneurs de tous les temps, devraient lui permettre de franchir un cap dans ce domaine. Damien Inglis a une carte à jouer avec un coach qui a tendance à offrir sa chance à tous ses joueurs, même les plus jeunes. Il lui faudra travailler dur – son « body langage » et sa détermination étaient deux des craintes des scouts – pour faire son trou, surtout après avoir manqué la Summer League en raison d'une blessure au pied. Mais il en a les capacités. Il ne voulait pas venir pour faire de la figuration et le voici désormais en NBA. A lui de se montrer à la hauteur de ses ambitions.