Don’t Forget About Dray

Membre crucial des Golden State Warriors, Draymond Green rappelle à tous le joueur exceptionnel qu'il est quand il se donne à fond.

Don’t Forget About Dray
En 1999, le rappeur et producteur Dr. Dre sortait « Forgot About Dre », un titre en featuring avec Eminem. Le son était extrait de l’album « 2001 », le grand retour de l’artiste originaire de Compton après sept années sans le moindre projet solo. C’était là une réponse aux attaques du label « Death Row » et à tous ceux qui ont, selon lui, oublié son influence sur le hip-hop à l’époque. Alors, oui, personne n’a oublié Draymond Green, le « Dray » de la NBA. Cela fait cinq ans qu’il se pavane jusqu’en finales. Mais peut-être que le public basket a tendance à sous-estimer l’impact qu’il peut avoir sur le jeu, un peu comme certains négligeaient celui de Dre sur la musique. « So fuck y'all, all of y'all ! If y'all don't like me, blow me ! » Un tendre message d’attention aux détracteurs de Dr. Dre, glissé dans le titre avec le « Slim Shady ». En substance, si vous ne l’aimez pas, vous pouvez lui faire une gâterie. Green n’a pas des propos aussi crus quand il s’exprime devant les journalistes – sans doute parce qu’il tient à son argent. Mais il n’en est pas loin. C’est d’ailleurs ce qui fait sa personnalité, avec un caractère très fort. Pour le coup, des détracteurs, il en a plein. Parce qu’il gueule, râle, se montre parfois vicieux, parle fort. Il agace et il admire. Il divise. Mais il n’en a rien à secouer.

Draymond Green, une révolution défensive

« En tant que compétiteur, lorsque tu essayes d'accomplir quelque chose qui a du sens, si tu ne te mets pas en tête que tu es le meilleur de tous les temps, tu as déjà échoué. Si tu n'as pas dans l'idée que tu es le meilleur journaliste de tous les temps, tu as déjà échoué. C'est mon état d'esprit d'aussi loin que je me souvienne. Me dire que je suis le meilleur dans ce que je fais, ce sera mon état d'esprit jusqu'à ce que je ne sois plus capable de me souvenir de quoi que ce soit. Chaque jour où je me retrouverai sur un terrain de basket, je ferai tout pour que ce soit le cas. 

Avant de pouvoir atteindre quelque chose, tu dois y croire. Tu ne deviens pas fort dans un domaine par accident. A un moment, tu as sans doute réalisé ou cru que tu pouvais le devenir. Puis tu travailles pour ça et tu atteins cette grandeur. J'ai toujours cru que je pouvais être le meilleur et je travaille tous les jours pour atteindre ça. » Draymond Green avant le Game 1 des finales NBA.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=2sSTjqNr51E Vous l’aurez compris, le bonhomme est un grand compétiteur. Et c’est de ce trait de caractère que découlent certaines de ses facéties. Chez lui, ça se traduit par des réactions excentriques parfois, mais surtout par de la combativité. Il se donne. Il va au charbon. L’intérieur a fait grincer des dents en s’autoproclamant « meilleur défenseur de tous les temps ». Mais sa déclaration explique son raisonnement. Et sans établir un classement hâtif, abstrait et sans doute futile des plus grands stoppeurs de l’Histoire, notons tout de même que Green a très certainement révolutionné cet aspect du jeu. De la même manière que son coéquipier Stephen Curry a fait basculer la NBA dans un autre univers offensif. C’est plus dur de s’en rendre compte, c’est vrai. Parce que la défense est moins quantifiée. Moins représentée dans les statistiques. Moins visible du grand public. Les spécialistes – les GM, dirigeants, coaches et les scouts NBA – considèrent quasiment tous l’ailier-fort comme l’un des quinze meilleurs joueurs de la ligue. Certains le mettent même dans les dix. « Dray » a des atouts que personne n’a dans ce milieu. Il est explosif du bas du corps, mobile et le tout en étant très robuste. Oui, certains joueurs ont des caractéristiques similaires. Ce n’est pas parce que Trae Young peut rentrer des tirs à dix mètres qu’il deviendra aussi fort que Curry. Ce n’est pas parce que Pascal Siakam a un profil proche de celui de Green qu’il aura un jour un trophée de DPOY. Et Young comme Siakam sont deux basketteurs très bons et très prometteurs. Ce mix détonnant permet à la star des Golden State Warriors de (très bien) défendre sur plusieurs attaquants différents. Il est la clé.

L’ingénieur des Warriors

« Y'all know me, still the same OG, But I been low-key ». Lors de son retour au premier plan, Dr. Dre tient à souligner qu’il est toujours le même « player ». Draymond Green a prouvé ces dernières semaines que, lui non plus, n’avait pas changé. On aurait pourtant pu l’oublier après un exercice plus que moyen. Il est descendu à 7 points par match. Il ne se foulait pas. Comme Shaquille O’Neal – toutes proportions gardées – après les deux sacres des Los Angeles Lakers en 2000 et 2001, il a décidé que la saison régulière serait en fait sa pré-saison (ce qui a tout de même mené au titre en 2002). Son échauffement. C’est après un régime express juste avant les playoffs qu’il s’est remis en forme.

« Je suis payé pour bien jouer en playoffs », insiste l’intéressé.

Il est même payé une blinde. Alors il se foule. Il a augmenté son niveau d’efforts des deux côtés du parquet. Au point où il donne parfois l’impression d’être partout sur le terrain. Sur son vis-à-vis, qu’il étouffe. En aide pour bloquer l’accès au panier. En transition. Ou à la création. Il est bien plus technique qu’il n’y paraît. Il sait faire plein de choses différentes sur un parquet. Et ça lui offre quasiment un triple-double de moyenne sur l’ensemble des playoffs : 13,6 points, 50% aux tirs, 9,9 rebonds et 8,3 passes.

« Je ne l’ai jamais vu aussi bien joué », avoue même son coach Steve Kerr.

Draymond Green a même haussé son niveau de jeu après la blessure de Kevin Durant. Parce que quand les Warriors reviennent à leurs schémas de 2015 et 2016, avant la signature de KD, il est à nouveau l’un des moteurs de l’équipe. Un atout très important dans la création pour libérer des espaces pour Curry et ses partenaires. Il s’est aussi montré de plus en plus agressif balle en main pour essayer d’apporter sa touche au scoring. Avec 17 points, 10 rebonds et 9 passes – à un caviar de son quatrième triple-double de suite – il a été l’homme du match sur le Game 2. S’il continue sur sa lancée, et que Golden State va au bout, il sera même en position pour décrocher le trophée de MVP des finales. Histoire que plus personne n’oublie jamais « Dray ». https://www.youtube.com/watch?v=QFcv5Ma8u8k