Kevin Durant créateur, les galères de Zion, SGA l’artiste : Les 5 enseignements de la semaine

De Kevin Durant à Zion Williamson en passant par l'apport de Rudy Gobert, nos cinq enseignements d'une semaine de basket NBA.

Kevin Durant créateur, les galères de Zion, SGA l’artiste : Les 5 enseignements de la semaine

Kevin Durant, playmaker

Un enseignement déjà obsolète après le méga blockbuster entre les Brooklyn Nets, les Houston Rockets, les Cleveland Cavaliers et les Indiana Pacers. Mais avec les trois derniers matches disputés en l’absence de Kyrie Irving (et sans Spencer Dinwiddie, out pour la saison), Kevin Durant s’est retrouvé aux commandes de l’attaque des New-yorkais. De quoi provoquer des flashs de l’exercice 2013-2014, quand il gérait le jeu du Thunder en l’absence de Russell Westbrook. Une saison bouclée avec son unique trophée de MVP. Et 5,4 passes de moyenne (il a fait mieux seulement une fois, lors de son dernier passage aux Golden State Warriors). Durant est un bien meilleur joueur aujourd’hui qu’à l’époque. Plus mature, plus conscient de ses qualités et avec une compréhension accrue du jeu. Plus expérimenté, aussi, tout simplement. Je me réjouissais donc de le retrouver à nouveau dans cette situation. Kevin Durant n’est pas LeBron James. Il n’est pas si bon à la création au point de s’affirmer comme le premier playmaker d’un candidat au titre – et c’est d’ailleurs le défi qui attend Kawhi Leonard aux Los Angeles Clippers. Mais c’est intéressant de le voir manœuvrer dans les défenses avec ses longs segments, ne cherchant pas seulement à faire la différence pour lui-même mais aussi pour les autres. L’échantillon est minuscule mais il a distribué 7,7 passes de moyenne sur les trois matches disputés sans Irving. Ce qui serait de loin sa meilleure performance sur l’ensemble d’une saison. L’ailier All-Star aime lire les mouvements depuis le poste haut, en attendant la réaction de la défense pour servir un partenaire démarqué en cas de coupe. Bruce Brown s’est notamment régalé lors du match contre les Denver Nuggets, au cours duquel KD envoyait 13 assists. Il brille aussi sur pick-and-roll et il développait même une relation intéressante avec Jarrett Allen. Avec l’arrivée de James Harden, et le retour éventuel de Kyrie Irving (qui sait ?), Durant évoluera moins souvent dans ce rôle. Logique. Mais ce passage très court restera distingué et apprécié. James Harden : trois questions épineuses pour Brooklyn

Shai Gilgeous-Alexander, faux lent

Shai Gilgeous-Alexander n’est pas l’arrière le plus explosif, le plus rapide ni même le plus adroit en NBA. Et malgré ça, il trouve le moyen plus de poster plus de 20 points chaque soir. Il compense son manque de « vélocité » (relatif) par des changements de rythme bien sentis pour déstabiliser ses vis-à-vis. Il se sert intelligemment de leur élan pour les laisser dans le vent en commençant son attaque d’un côté, laissant son défenseur prendre de la vitesse, pour ensuite lui ralentir et repartir de l’autre. Ses drives vers le cercle prennent même un côté chorégraphique entre ses longues jambes qui zigzague de gauche à droite ou de droite à gauche sur ses euro-steps. C’est tout un art. Sans oublier sa capacité à absorber les contacts tout en restant longtemps en l’air avant de conclure. Main gauche. Main droite. SGA est imprévisible quand il part au layup et il commence à maîtriser de mieux en mieux cet aspect. https://www.youtube.com/watch?v=KtipDmQWAVI Il utilise son corps, sa taille et ses tentacules. L’influence de Chris Paul, qui fut son mentor la saison dernière, se fait ressentir dans sa manière de gérer la distance avec son défenseur après un pick-and-roll. Les progrès sont constants et chiffrés : 62% de réussite aux tirs à moins de deux mètres du cercle, contre 56% la saison dernière. Il figure même dans le top-dix des arrières, devant des joueurs comme Damian Lillard, De’Aaron Fox ou John Wall. Tous plus rapides que lui. Il tente cinq drives de plus que l’an dernier, même si ça s’explique aussi, évidemment, par le départ de CP3 et donc un regain de responsabilités. Sauf que malgré cette attention accrue, Gilgeous-Alexander parvient tout de même à gagner en efficacité. L’assurance de s’affirmer comme un scoreur crédible en NBA.

Harrison Barnes, vrai bon joueur à saisir

En regardant les Sacramento Kings depuis le début de la saison, je me suis senti obligé d’aller checker la situation contractuelle d’Harrison Barnes. Histoire de comprendre pourquoi le vétéran retrouvait soudainement l’envie d’être agressif, l’envie d’être impliqué et de peser dans un match de basket. Peut-être l’envie de signer un bon deal l’été prochain ? Et bien même pas. Surprise, il est lié à sa franchise jusqu’en 2023. Et ses 18 millions la saison paraissent bien abordables vu son niveau de jeu actuel. Barnes démarre fort. Il est tranchant dans ses drives. Adroit de loin. Dans le coup. 17 points, 7 rebonds, 51% aux tirs et 41% à trois-points. Il part tout simplement sur les bases de sa meilleure saison en carrière. Excellent en poste quatre, quand les Kings jouent small ball avec Tyrese Haliburton qui prend la place de Marvin Bagley dans le cinq, il brille même au poste d’ailier ! Et ça, honnêtement, difficile de s’y attendre. Sacramento domine ses adversaires de 16 points sur 100 possessions quand Fox, Hield, Holmes et Bagley sont sur le parquet. Peu de groupes font mieux. Si une équipe ambitieuse se chercher un ailier polyvalent, elle ferait bien de lâcher un pick et un joueur pour aller chercher Harrison Barnes avant la deadline de mars. Affaire à saisir.

Les galères de Zion Williamson en défense

Un athlète comme Zion Williamson, on en croise un tous les dix ans. Une boule de muscles, un TGV humain une fois lancé à pleine vitesse, un coffre-fort sur ressort. Mais son corps, déjà souvent abîmé, le jeune homme a parfois du mal à le déplacer. C’est l’impression qu’il renvoie en défense en tout cas. Un basketteur sans doute un peu trop lourd, capable de prendre d’exploser soudainement mais qui peine à changer de direction une fois en position défensive sur ses appuis. Bien trop souvent, il se relève pour essayer de rester au contact. Avec cette fâcheuse manie de soudainement tourner le dos à son attaquant pour essayer de regagner de l’élan quand il est dépassé. Il perd alors son vis-à-vis et offre des paniers faciles à ses adversaires directs. Il peut, théoriquement, switcher sur plusieurs postes en défense à la manière d’un Draymond Green. Mais la réalité du terrain semble pour l’instant différente. Williamson paraît parfois peu impliqué sur les picks-and-roll. Lent au moment de couvrir sur le meneur, encore plus lent lorsqu’il est battu. Son langage corporel est inquiétant. Il y un manque d’efforts. Ou plutôt une mauvaise gestion des efforts. Il va parfois sprinter vers un joueur qui s’apprête à tirer, en enfonçant d’un coup ses pieds dans le sol et sans être en mesure de repartir quand l’attaquant finit par driver. Les excès de… paresse se font aussi sentir aux rebonds. Jaxson Hayes, qui joue vingt minutes de moins que lui, fait plus d’écrans-retard que lui chaque soir. Zion capte à peine 19,7% des rebonds défensifs de son équipe, ce qui le place loin, très loin, dans la hiérarchie des intérieurs. C’est aussi l’un des « big men » (à relativiser vu sa taille) qui protège le moins le cercle. Malgré sa détente, son manque de centimètres l’handicape une fois en défense près du panier. Il y a une marge de progression, bien sûr, notamment avec plus d’implications. Mais ce constat n’est pas rassurant.

Le vrai apport de Rudy Gobert en attaque

Le contrat signé par Rudy Gobert pendant l’intersaison fait grincer des dents. Le Français a décroché le jackpot. 200 plaques. Sans doute trop pour son rendement mais c’est finalement le cas pour tous les joueurs qui prolongent au max, exception faite des superstars comme LeBron James, Giannis Antetokounmpo, etc. Les cinq ou six meilleurs basketteurs de la planète. Même les salaires de John Wall, Russell Westbrook ou Chris Paul à une époque ont fini par paraître beaucoup trop élevée. Ce qui enrage certains passionnés de basket, c’est la différence d’apport offensif entre « Gobzilla » et ces gars-là. La tour de contrôle de Salt Lake City ne score pas des masses. Difficile de l’imaginer tirer à plus de quatre ou cinq mètres. Il le fait par moment mais ce n’est pas un atout de son jeu et ça ne le sera jamais, soyons clairs à un moment. Il ne deviendra pas non plus un joueur au poste avec des sky hook, de l’up-and-under, du footwork, etc. https://www.youtube.com/watch?v=2zEO4p8acJ0 Mais ça ne veut pas dire que Gobert n’a pas d’impact de ce côté du parquet. Au contraire. Le flow offensif mis en place par Quin Snyder repose même en partie sur l’une des qualités de son géant : celle de poser de vrais bons écrans. Ça peut sembler anodin mais c’est un talent. Et ils sont rares ceux capables de le faire aussi bien que lui. Une question de corps, de placement, de timing, de rigueur. Il maîtrise. Selon NBA.COM, Rudy rapporte 17,3 points par soir à son équipe simplement en posant des écrans qui libèrent un coéquipier. Seul Domantas Sabonis fait mieux (17,8). Et tout le jeu du Jazz repose notamment sur ces picks, qui compensent notamment le manque de punch balle en main de la plupart des joueurs de l’effectif. Ça ne se lit pas dans les statistiques brutes mais ça se voit sur le terrain.

BONUS : Théo Maledon joue comme Frank Ntilikina aurait dû le faire

Ce n’est pas une pique envers Frank Ntilikina, plus un regret. Et même surtout un hommage à Théo Maledon. Les situations sont différentes, les franchises sont différentes donc la comparaison n’est pas tout à fait exacte. Mais le jeune meneur du Thunder affiche un visage conquérant sur le terrain. Il ose. Quelle que soit la conséquence. S’il y a un tir à prendre, un drive à tenter, il y va. Et il montre justement de belles choses depuis le début de la saison.